Forum de FilmDeCulte

Un jeune Espagnol complotant contre le régime tombe amoureux d'une chanteuse de cabaret. Il s'enivrera de cette femme fatale.

Histoires de déchéance amoureuse qui souffrent à mon sens d'une mécanique de scénario un peu lourde, suivant les volte-faces de Concha sans vraiment approfondir son personnage à elle, alors que ça me semble être la clef pour accrocher aux enjeux et à cette valse-hésitation. On sent la caméra de Sternberg complètement amoureuse de Dietrich (parée comme pour un couronnement une scène sur deux), et ça se lâche bien niveau direction artistique, entre carnaval sévillan et bois immaculés (dont sort d'ailleurs un carosse de Cendrillon - tout baigne dans une atmosphère irréelle assez charmante). Mais les problèmes d'écriture font que je regarde tout ça d'un oeil lointain, jusqu'à la pirouette finale (le titre va davantage droit au but ).

3/6

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair

The Devil Is a Woman en V.O.



Septième et dernier film réalisé par von Sternberg avec Dietrich dans le premier rôle, et peut-être mon préféré. Justement pour les caractéristiques qui ont fait exprimer des réserves à Blissfully. Parce que certains des précédents films du duo sont en partie plombés par des scénarios bien trop mal ficelés, tentant maladroitement de justifier les bifurcations dans les évolutions des personnages incarnés par Dietrich. C'était souvent tiré par les cheveux, parfois l'occasion de quelques scènes mémorables (lorsqu'elle laisse son fils partir avec son père à la gare d'autobus dans Blonde Venus par exemple), mais plus souvent de moments qui laissaient dubitatif. Exit toutes explications ici, l'essentiel de l'intrigue étant retranscrite au travers de flashbacks, on ne s'étonne plus de voir Dietrich monter ou dégringoler l'échelle social en un clin d’œil, et surtout il n'y a plus aucune justification nécessaire à son attitude vorace vis-à-vis des hommes.

De victime (ce qu'elle était dans la quasi totalité des films précédents, hormis L'Ange bleu qui est son rôle le plus proche de celui-ci, à la différence que dans cette première collaboration c'était Jannings la star, et non elle) elle endosse fièrement le rôle de bourreau, totalement narcissique (dès la première scène où grimée en bonne sœur elle fait trébucher une gitane dansant dans un train, ne supportant pas que l'attention des hommes se portent sur une autre qu'elle), ne s'entichant d'un homme que pour mieux le prendre dans ses rets et l'abandonner illico. Et von Sternberg de ne plus avoir d'yeux que pour elle, poussant le bouchon jusqu'à exclure ceux qui l'entourent du faisceau de lumière, les laissant alors dans une obscurité quasi totale, la parant de ses plus beaux atours (c'est effectivement un festival de tenues et chapeaux plus extravagant les uns que les autres), et lui laissant arborer de la première à la dernière minute son sourire le plus enchanteur, un véritable défilé de diva pendant 80 minutes.

Le résultat est vraiment fascinant, où l'intrigue importe finalement peu, à la limite de l'abstraction, véritable déclaration d'amour à son actrice fétiche qui aura opérée une transformation saisissante, de la boulotte mal dégrossit de L'Ange bleu à la vamp racée de La Femme et le pantin (probable sommet la concernant, je n'ai pas souvenir de l'avoir vu aussi rayonnante par la suite). Visuellement c'est également un concentré de leur collaboration, reprenant le côté baroque de L'Impératrice rouge, rejouant le bal masqué d'Agent X27, usant des drapés comme personne pour jouer de la profondeur, du muet au parlant von Sternberg confirme qu'il est avant tout un formaliste inventif et talentueux, qui aura su descellé chez Dietrich une séductrice au talent rarement égalé.

5/6 (mais pour pleinement l'apprécier il est probablement préférable de le voir après leurs autres collaborations, on pourra s'abstenir de Morocco clairement le plus faible).

L'Impératrice rouge m'avait beaucoup frappé étant ado. Puis j'ai essayé de chercher la même fascination sans la retrouver ailleurs (Marocco surtout est fautif). J'ai trouvé amusant récemment de découvrir que le réal de Dolemite était le fils de Sternberg qui faisait ses classes à UCLA (à 18 piges).