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MessagePosté: 05 Oct 2016, 15:48 
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Dans l’effervescence de la capitale chilienne Santiago, pendant les années 1940 et 50, « Alejandrito » Jodorowsky, âgé d’une vingtaine d’années, décide de devenir poète contre la volonté de sa famille. Il est introduit dans le cœur de la bohème artistique et intellectuelle de l’époque et y rencontre Enrique Lihn, Stella Diaz, Nicanor Parra et tant d’autres jeunes poètes prometteurs et anonymes qui deviendront les maîtres de la littérature moderne de l’Amérique Latine. Immergé dans cet univers d’expérimentation poétique, il vit à leurs côtés comme peu avant eux avaient osé le faire : sensuellement, authentiquement, follement.

Pour ceux qui ne le savent j'ai pas fait mon mémoire sur Jodorowsky (uniquement cinéaste) donc je le connais plutôt bien. C'était en 2006 à l'époque où je pensais qu'il ne ferait jamais plus de cinéma. On ne le connaissait pas, il était pris pour un cinéaste vaguement culte. J'avais un coffret DVD italien d'El Topo et de La montagne sacrée, sous-titré anglais et qualité de merde. Wild Side a réédité ses premiers films quelques années plus tard, ils sont passés dans des festivals et le culte qui l'entoure est devenu beaucoup moins confidentiel.
Même Kanye West en fait l'éloge :
[img][img]http://reho.st/self/5f495cf17c825bbaa34f02d4d6c1cf0fc3233dbe.jpg[/img][/img]


J'avais aimé La danza de la realidad même si j'étais conscient qu'on était loin de la qualité de sa sainte trinité (El Topo, Montagne Sacrée, Santa Sangre), ni des deux rejetons (Fando & Lis, Le voleur d'arc en ciel). Dans la deuxième partie le film décollait vraiment et on retrouvait un peu la grandiloquence de son cinéma. Pourquoi ? Tout simplement qu'il racontait dans cette seconde partie quelque chose qu'il n'avait pas vécu, il fantasmait une histoire, il plongeait dans un imaginaire. Et dès lors ça devenait beaucoup plus fort. Or Poesia sin fin n'a pas de telle échappée. Nous restons collés aux basques d'un Jodorowsky qui se raconte en tant qu'apprenti poète.

Si j'adore sans limites le cinéma de Jodorowsky je n'ai jamais pu supporter son écriture. J'ai tenté de lire plusieurs de ses livres mais j'ai jamais réussi à dépasser les 5-10 premières pages. Le mec a un côté "vieux sage à maximes" qui m'emmerde profondémment. Toujours avec la petite formule poético-gentillette qui va bien. C'est vraiment marrant parce que son cinéma a justement su éviter tout ce préchi-précha ridicule ou du moins il était tellement intégré dans la matière organique du film qu'il devenait aussi protéiforme que malléable. Et l'image poétique est toujours plus forte qu'un dialogue. Un oiseau qui s'échappe d'une blessure par balles, c'est peut-être naïf, mais c'est aussi inoubliable. Or, ces deux films autobiographiques sont des adaptations de ses textes et on retrouve tout cette espèce de tartine de philosophie.

Le film (et le précédent) pose une question intéressante, celle de l'autobiographie au cinéma. Si c'est un genre littéraire majeur c'est quelque chose d'inexistant au cinéma. Je parle de vraie autobiographie où l'on garde son nom. Il peut arriver que l'on raconte des bribes de son enfance, que l'on raconte des moments particuliers de son histoire lié à l'Histoire mais se raconter comme le fait Jodorowsky, c'est à dire dans le détail de sa vie (il prévoit une trilogie), c'est je crois finalement assez unique. Je pense qu'il y a quelque chose de l'ordre de l'humilité qui a empêché ce genre de se développer. Osera-t-on demander des millions de $/€ et faire travailler des dizaines voire des centaines de personnes pour raconter sa propre vie ? Il y a presque une forme d'indécence qui a naturellement éteint ce genre de tentative. Mais là Jodorowsky se le permet. Il a plus de 80 ans c'est vrai mais ça n'enlève rien au fait que le film paraît incroyablement prétentieux. Sans doute d'ailleurs le film le plus frontalement prétentieux que j'ai pu voir tant il est le personnage central et très sérieux de son film, jeune aspirant poète qui ne fait que rêver. Surtout qu'il fait tout ça avec une tambouille familiale de tous les diables avec un fils qui joue son père et un autre fils que le joue lui-même. Sans oublier qu'il vient aussi se montrer en vieux sage qui donne des conseils et propose des réflexions sur la vie.

Mais la poésie de ses précédents films s'est transformée en une espèce de fantaisie symbolique et lourdingue. A l'image de cette scène où il décide de marcher tout droit avec son ami. Ça fait sourire mais on est loin de la poésie macabre et visionnaire de ses précédents. C'est presque enfantin, facile, un peu ringard. A l'image de l'ensemble du film d'ailleurs qui a un côté naïf ringard, vieillot, dans cette espèce d'élegie de la poésie comme unique façon de vivre. Pas aidé il faut bien le dire par un personnage principal particulièrement fadasse et tête à claques.

Bref on l'aura compris, c'est pour moi une grosse déception. Le film est pas horrible, loin de là, il reste relativement singulier mais que ce soit en surface (visuellement loin des réussites précédentes de Jodo, d'ailleurs assez laid par moments) ou plus profondément, je ne m'y suis pas retrouvé. Du mal à comprendre l'engouement que le film suscite. J'ai un peu l'impression que de la même manière que l'on a produit le film, on le porte aux nues tout simplement parce que c'est l’œuvre d'un artiste génial de 86 ans. Alors il y a comme une indulgence un peu plus forte qui flotte autour. Pas du tout envie de voir le troisième volet mais on va pas y échapper.

2/6

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MessagePosté: 05 Oct 2016, 18:20 
Art Core a écrit:
Pour ceux qui ne le savent j'ai pas fait mon mémoire sur Jodorowsky donc je le connais plutôt bien


Lapsus freudien?


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MessagePosté: 05 Oct 2016, 18:55 
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Lol. Inquiétant si même toi tu n'as pas accroché Art Core.. Je vais quand même y aller je pense.


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 Sujet du message: Art Core
MessagePosté: 05 Oct 2016, 19:36 
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
Art Core a écrit:
Pour ceux qui ne le savent j'ai pas fait mon mémoire sur Jodorowsky donc je le connais plutôt bien


Lapsus freudien?


Oh merde. C'est vrai que je l'avais torché sur la fin :mrgreen: (et j'ai eu une sale note).

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MessagePosté: 05 Oct 2016, 21:56 
Art Core a écrit:
[ Si c'est un genre littéraire majeur c'est quelque chose d'inexistant au cinéma.


Tout à fait et si on enlève Nanni Moretti, Fellini, le tiers de l'oeuvre de Bergman, les 3/4 d'Eustache et de Garrel, une bonne partie de celles de Woody Allen, Bertolucci, Malle, Desplechin, Moullet, Akerman, Varda, les meilleurs films de Noah Baumbach et Jia Zhangke, Hauts les Coeurs de Solveig Anspach, Adieu au Langage de Godard, All that Jazz de Bob Fosse, l'Allemagne en Automne de Fassbinder (et plus encore la Sainte Putain), Alexandrie Pourquoi? de Chahine , le Miroir de Tarkovski, beaucoup d'aspects de celles de Wajda, Robert Kramer, Almodovar, Tanner, Alain Cavalier et Kiarostami, et aussi l'Image Manquante et Eau Argentée, l'autobiographie est encore plus inexistante au cinéma. M'enfin.
Je présume que c'est décidé c'est officiel il va de soi que Boris Lehman et Joseph Morder ne font donc pas du cinéma (quoique plus Morder se filme et se raconte plus on sent son désir de fictions).

PS: je comprends ce que tu veux dire sur la gêne ressentive devant le film de Jodoroswki (l'auto-embaumement étant assez loin de ce que Panique faisait, et est d'autant plus problématiques que les autres membres du mouvement sont eux assez oubliés)


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MessagePosté: 06 Oct 2016, 08:55 
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Apprends à lire, je parle d'autobiographie littérale, de mecs qui se racontent avec un acteur qui joue leur propre rôle et qui s'appelle comme eux. Vas-y donne moi des exemples, j'ai cherché j'ai pas trouvé.

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MessagePosté: 06 Oct 2016, 09:11 
Jan Bucquoy?


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MessagePosté: 06 Oct 2016, 09:12 
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Connais pas mais bon... si on part comme ça oui on va bien trouver. Ça n'en change pas moins le fait que c'est quelque chose d'inexistant au cinéma.

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MessagePosté: 06 Oct 2016, 09:53 
Je wikipédie pour contrer ta mauvaise foi, cela a l'air intéressant la trilogie autobiographique de Youssef Chahine.


Dernière édition par Gontrand le 06 Oct 2016, 10:02, édité 1 fois.

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MessagePosté: 06 Oct 2016, 09:57 
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Nulle trace d'un personnage dénommé Youssef Chahine dans cette fameuse trilogie.

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MessagePosté: 06 Oct 2016, 11:10 
En animation il y a Persepolis et Valse avec Bachir qui sont autobiographiques et où le personnage garde le nom du réalisateur.


Dernière édition par Gontrand le 06 Oct 2016, 11:17, édité 1 fois.

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MessagePosté: 06 Oct 2016, 11:17 
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Ok. Disons que l'incidence d'un tel cinéma est extrêmement rare. Que c'est quelque chose qui, en comparaison avec la littérature où n'importe quel enculé écrit son autobiographie, la peinture où n'importe quel artiste fait son autoportrait ou la musique où n'importe quel chanteur raconte sa vie, est intéressant.

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Dernière édition par Art Core le 06 Oct 2016, 11:22, édité 1 fois.

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MessagePosté: 06 Oct 2016, 11:21 
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Art Core a écrit:
Ok. Disons que l'incidence d'un tel cinéma est extrêmement rare. Que c'est quelque chose qui, en comparaison avec la littérature où n'importe quel enculé écrit son autobiographie, la peinture n'importe quel artiste fait son autoportrait ou la musique où n'importe quel chanteur raconte sa vie, est intéressant.


Vu les termes employés, ton avis serait donc: Peinture > Musique > Littérature
:wink:


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MessagePosté: 06 Oct 2016, 11:23 
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Non, non mais je suis toujours épaté de voir des autobiographies de n'importe qui. J'ai fait un edit qui va dans ce sens d'ailleurs.

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MessagePosté: 06 Oct 2016, 11:29 
En cherchant sur Wikipédia, the Homesteader d'Oscar Michaux, perdu, semble être un des premiers films autobiographiques tourné (1919). Intéressant qu'il le soit aussi par un des premiers cinéastes noirs.
https://en.wikipedia.org/wiki/The_Homesteader
D'après le résumé, le personnage principal ne porte pas le nom du réalisateur, mais la mauvaise épouse dont il n'arrive pas à divorcer celui de sa vraie femme, ce qui est vraiment un super-concept!


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