Bon, pour jouer franc jeu, je dévoile mon patrimoine :
Et encore, il manque Last Action Hero et Kiss Kiss Bang Bang que j'ai prêté...Alors je vais pas vous resservir le même discours que pour
The Hobbit et expliquer qu'en étant particulièrement amateur de cet univers, je suis davantage prêt à y passer des heures que la moyenne et que ça me touche plus que d'autres, mais voilà, je suis le mec qui n'est pas gêné par le long deuxième acte sans action d'
Iron Man 2 parce que j'y trouve mon compte dans le parcours du protagoniste.
Anyway,
you know who I am.
Cela étant dit, j'ai trouvé le film absolument génial.
A l'instar du précédent, il y a un petit ventre mou au milieu, dû à l'un des choix qui peut porter à controverse opérés par Shane Black, mais sinon, j'ai trouvé ça super riche, sans doute le plus dense des films de l'univers Marvel, dans le ton, le propos, l'action, etc.
Black relève tous les défis haut la main : comment suivre
The Avengers, tant pour le spectacle que dans l'écriture des personnages? Comment se réapproprier la franchise et apposer sa patte sur un blockbuster à 200M$ quand on a qu'un seul long en tant que réal à son actif?
Alors déjà je peux affirmer sans souci que, bon ou mauvais, le film est 100% Shane Black.
Je pourrais citer déjà tous les détails de surface qui sont autant de renvois de Black à sa propre œuvre, que ce soit le fait de situer l'action à Noël ou de faire des clins d'oeil par le biais des décors de certaines scènes d'action à
L'Arme fatale (l'attaque par hélicoptère de la maison sur une falaise) ou
L'Arme fatale 2 (le final sur les docks, avec quasiment le même détail du gros container), en passant évidemment par le goût du bonhomme pour le
buddy movie, comme en témoigne ce deuxième tiers qui n'est pas sans rappeler
Last Action Hero, ou le suivant avec son duo plus contrasté façon
The Last Boy Scout ou
Kiss Kiss Bang Bang.
Mais avant toute chose, c'est l'approche générale du film et du genre qui portent la marque de l'auteur, par le biais de l'auto-dérision quasi-permanente.
Il suffit de voir comment ses scripts ont évolué, flirtant de plus en plus avec la comédie, voire le second degré, semblablement salutaire pour apporter le recul nécessaire à un genre aux formules éculées (et Black assume d'avoir recours aux mêmes astuces scénaristiques à base de kidnapping comme il y en a dans tous ses films).
La couleur est (littéralement) annoncée dès les premières secondes, sur le logo Marvel, par un choix musical à l'extrême opposé des morceaux d'AC/DC qui ouvraient les deux premiers films. Je ne gâcherai pas la surprise mais disons que ça donne le ton. Et c'est pas le choix le plus iconoclaste que fait Black vis-à-vis de l'univers ou des personnages. Il y a une révélation à mi-film qui risque d'en faire décrocher certains...
Perso, je dois avouer avoir trouvé ça marrant mais peut-être un peu trop grossier dans l'exécution.
Toutefois, ça s'inscrit totalement dans la démarche générale ainsi que dans l'un des propos du film, et de la trilogie, qui n'a de cesse de montrer le Mal au sein même de l'Amérique. A dire vrai, Aldrich Killian (Guy Pearce) est un mix d'Obadiah Stane (Jeff Bridges dans le premier) et Justin Hammer (Sam Rockwell dans le second), soit à nouveau une sorte d'ersatz rival de Tony Stark, mais Black parvient à ne pas trop être redondant, substituant l'inévitable baston de mec(s) en armure Vs. mec(s) en armure des deux premiers films par quelque chose de beaucoup plus inventif.
L'utilisation d'EXTREMIS dans le film pourra également demander un léger saut de foi de la part du spectateur, tant on verse directement dans ce que les
comics peuvent avoir de plus "genre", quelque part entre la SF et le fantastique pur, et là aussi au départ j'ai tiqué, mais j'aime beaucoup l'alternative qu'offre par là même Black à une saga qui se répétait déjà au bout de deux films. C'est beaucoup plus efficace que Mickey Rourke et ses fouets tout pourris.
Mais le plus épatant dans ce que propose le film, ça reste tout ce que Black fait de l'armure d'Iron Man.
C'est sans aucun doute possible le film où le potentiel de l'armure est le mieux exploité, et je ne parle pas que des scènes d'action.
A ce niveau-là, j'étais absolument sidéré par le nombre d'idées que balance Black dans l'utilisation de toutes les capacités de l'armure, défensives, offensives, protectrices...ça regroupe (et dépasse!) tout ce qu'on a pu voir l'armure faire dans les deux films de Favreau et dans le Whedon.
Tous ceux qui avaient vu la première série
Clone Wars de Genndy Tartakovsky, où les capacités de la Force étaient exploitées à leur maximum, s'étaient réjouis d'apprendre que l'animateur allait contribuer aux storyboards des scènes d'action d'
Iron Man 2. Elles étaient sympas. Mais c'est ce film-ci qui témoigne du même genre d'inventivité vis-à-vis de ce que le super-pouvoir d'Iron Man permet.
Et le climax (malheureusement spoilé par les affiches et - j'imagine - les BA), j'en parle même pas, c'est la folie.
Et si Black s'arrêtait là, ce serait déjà énorme.
Parce que niveau action, même si ce n'est pas aussi généreux que
The Avengers (mais faut pas y aller en s'attendant à ce que ça surpasse l'action d'un
crossover de super-héros), ça n'a pas à rougir face à n'importe quel autre film de super-héros (
Spider-Man 2 excepté, comme d'hab).
Mais ce que Black fait de plus pertinent encore avec l'armure, c'est qu'il en fait presque un personnage, notamment dans tout le premier tiers du film.
Les précédents films Marvel souffraient aux yeux de beaucoup de leur obligation à se construire vers
The Avengers.
A présent, on est débarrassé de ces contraintes...mais on ne peut pas non plus faire comme si rien ne s'était passé. Déjà, il est nécessaire de tenir compte des événements maousses de cet illustre prédécesseur pour être un minimum crédible (et à ce niveau, le scénario gère très bien le fait que cette menace n'appelle pas à être gérée par quelqu'un d'autre que Stark/Iron Man), mais surtout, il faut en assumer les conséquences.
A ce titre,
Iron Man 3 est une vraie suite de
The Avengers. Les deux films de Favreau s'intéressaient à un homme arrogant qui changeait pour s'assurer que son héritage ne serait pas celui d'Oppenheimer (référence proposé à Downey Jr. par Black pour le premier
Iron Man, soit dit en passant) et celui de Whedon montrait l'égocentrique apprendre à se sacrifier pour autrui...par conséquent, c'est un Tony Stark un peu moins "connard" que l'on retrouve dans ce troisième film, et, fort heureusement, avec une toute autre problématique et donc un tout nouvel arc pour le protagoniste. Le deuxième chapitre de ses aventures avait déjà abordé la dépendance de Tony, non pas à l'alcool, mais à son armure, et ce film y va de plein fouet dans cette thématique, faisant de l'armure quelque chose de presque vivant, autonome, double potentiellement maléfique, né d'un cauchemar, ou boulet, fardeau que Stark se traîne (littéralement).
Je me trompe sans doute, parce que je n'ai pas vu le film, mais cette scène m'a fait quand même penser à...
Glory to the Filmmaker de Takeshi Kitano.
Dans ce film, l'armure revêt un aspect métaphorique, symbolisant le trouble qui hante le personnage, et dont il lui faut à tout prix se dissocier.
Tout le film joue là-dessus, sur cette idée, et même dans l'action, c'est ce thème qui gouverne tout, comme en témoigne le climax.
C'est aussi cette notion qui fait que, pendant tout le deuxième tiers, Stark est sans son armure. Pendant une demi-heure donc, Black signe un polar '80s où Stark mène l'enquête dans une bourgade paumée du Tennessee. C'est là que je trouve le temps un poil long, non pas que l'armure me manque, mais le film perd un peu de sa particularité.
Encore une fois, c'est pour mieux servir le protagoniste et son arc, cette nécessité d'apprendre à être sans son armure, dernier truc à guérir pour Stark, mais voilà, faut s'accrocher un peu.
Enfin bref, comme vous pouvez donc le constater, c'est un film que je trouve vraiment foisonnant et donc vraiment intéressant, en plus d'être un putain de blockbuster.
5/6
Ah et sinon, en ce qui concerne le post-générique, sans spoiler, c'est juste un bonus. Plus proche du gag shawarma que de l'annonce façon Thanos quoi.