Forum de FilmDeCulte

"Go West" chantent les Pet Shop Boys dès la scène d'ouverture, comme un évident message. Nous sommes en 1999. La Chine s'ouvre au capitalisme, les nouveaux riches s'offrent les premiers téléphones portables, des voitures allemandes, un avenir américain - l'enfant que l'on appelle Dollar. Mais les sentiments souffrent. La belle Tao aime Lianzi mais cède aux avances insistantes de Zang, plus riche que l'autre prétendant. Pendant une heure, Jia Zhangke filme ce "Jules et Jim" chinois avec toujours un sens inné du cadre et de la composition des plans - la photographie de Yu Lik-wai est sublime.

Mais l'ambition du film est beaucoup plus grande. Après les déplacements géographiques de "A Touch of Sin", son précédent film, place à l'évolution temporelle de la société chinoise. 2014 scelle la Chine à deux vitesses, celle des petites villes de province dont les mines de charbon ferment, celle des grandes mégalopoles où l'on apprend aux enfants à parler anglais. La modernité a emmené les premiers divorces, la solitude et les tablettes numérique. Mais l'on vit et l'on meurt toujours - très belle scène où Tao (la vague) oblige son fils à rendre un dernier hommage à son grand-père. La troisième partie, en Australie et dans le futur, est la moins accomplie. Le message est toujours aussi fort: dans une génération, nous dit Jia Zhangke, les Chinois expatriés prendront des cours pour parler notre langue, s'exprimeront à un parent via Google Traduction et se sentiront de plus en plus déracinés.

A la recherche d'une mère virtuelle, Dollar tombe amoureux de son enseignante, mais garde toujours sur lui les clés du foyer maternel. Avec "Mountains May Depart", le cinéaste chinois signe une fresque ambitieuse, forte dans ce qu'elle dit de l'évolution de nos sociétés. Dommage que l'émotion se dilue au fil du temps et des personnages évoqués, que l'on a l'impression, aussi, que le passage par la langue anglaise de la troisième partie affaiblit les dialogues. Reste qu'il s'agit sans doute de son film le plus accessible, et qu'il dit des choses sur le peuple chinois que celui-ci n'aura pas la possibilité d'apprécier ("Touch of Sin" a été censuré).

4/6

Zhao Tao prend le volant
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C'est vraiment un film mineur dans la carrière de Jia Zhang-Ke et le découpage en trois époques n'apporte pas grand chose de plus qu'un marquage temporel. On ne s'attendait pas à un film plus axé sur le melodrame fait de douceur et d'amertume que sur la splendeur contemplative, du coup le film pâtit de quelques longueurs mais réhabilite le Go West des Pet shop boys tout en démontrant la métamorphose fulgurante d'un pays-monstre où on n'attend pas ceux qui restent accrochés à leur humanité.
4/6

À l'exception peut-être de la caractérisation trop appuyée du père, j'ai trouvé ça assez admirable... et audacieux venant de Jia. Un mélodrame choral narré sur 25 ans, où s'entrechoquent différents régimes d'images pour communiquer l'impact des enjeux sociaux-culturels sur des destins humains... je ne crois pas avoir déjà vu ça.

J'ai bien un peu pensé à The place beyond the pines concernant la structure en triptyque et l'aspect fresque familiale... mais Jia pousse le concept plus loin avec ce travail sur les formats et les matières, concept pas du tout gadget et totalement au service d'ellipses ravageuses.
Dans cette histoire, le temps file aussi anormalement vite que cette mèche de bâton de dynamite qui pète aussitôt allumé... La coupe au montage est souvent assimilée à une entaille douloureuse.
À un événement symbolisant l'espoir au terme de chacune des parties (une naissance, une réunion) succède immédiatement un retour en arrière affectif, une confrontation en miroir inversé du cadre (au sens propre comme figuré) qui s'élargit sous nos yeux en même temps que l'horizon de Tao se rétrécit et qu'elle se retrouve de plus en plus isolée, dansant seule face au vestige d'un temps révolu, l'espoir tenace d'une vague qui continue sa route envers et contre tout.

L'optimisme de Jia Zhangke, ou ce qu'il en reste, placé tout en entier dans le sourire de sa femme comme ultime mise en abîme.

Pas trop accroché de mon côté, j'y ai vu une espèce de mélo mollasson un peu tiède qui a le mérite de parler de la Chine mais qui a globalement échoué à m'intéresser. Il faut dire que la troisième partie est totalement ratée, souvent pas loin du ridicule, notamment le père devenu gangster bedonnant grotesque. Un peu du mal à comprendre l'enthousiasme général.

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CroqAnimement votre

je copie/colle mon commentaire que j'ai créé dans mon topic doublon.

Médiocre, c'est le seul terme que je trouve pour décrire ce film. Médiocre comme la performance des acteurs, médiocre comme les choix de mise en scène qui ne m'ont absolument pas convaincu. Le choix du format 4:3 pour la première partie me semble totalement artificiel et ne correspond en rien à ce que l'on voit à l'écran. Autant dans Jauja et Le Fils de Saul que j'ai vu cette année ce format est en parfaite adéquation avec le sujet, autant là ça ne colle absolument pas. En plus, passe encore de mettre le titre du film après le premier tiers, mais quelle arrogance de la part du metteur en scène que d'y associer son nom, alors qu'il aurait très bien pu apparaitre dans le générique du début sans que cela impacte son message. Film d'une platitude totale de bout en bout, grosse déception.

Oui ce truc du titre après trois quart d'heure j'ai aussi trouvé ça assez poseur et finalement pas très pertinent.

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CroqAnimement votre

On peut voir ça comme ça... ou on peut y voir une façon de jouer sur notre inconscient (plusieurs personnes dans ma salle ont réagi, croyant le film déjà terminé) pour mieux marquer une rupture entre ce qui est en réalité un long prologue, un peu insouciant, et le coeur du film où les choses se délitent tranquilement.

Le titre passe encore. Qu'il sente le besoin d'y ajouter son nom est d'une arrogance...

Moui, ça m'a pas fait monter sur mes grands chevaux j'avoue...