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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 15:44 
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Pour surmonter des difficultés financières et gagner son indépendance, une jeune femme, Nelly cumule plusieurs petits boulots. Par l'intermédiaire d'une amie, Jacqueline , elle rencontre dans un café un retraité aisé, Pierre Arnaud. Ce dernier déconcerté par l'informatique et les traitements de texte, propose à Nelly de l'engager pour dactylographier ses mémoires. Nelly accepte. Elle quitte son mari Jérôme et passe de plus en plus de temps avec Monsieur Arnaud. Elle entre ainsi en rapport avec Vincent, qui se propose d'éditer le livre.

Ultime film de Claude Sautet, ce Nelly et Monsieur Arnaud semble constituer, de manière assez évidente et même sans avoir boucler ma rétrospective, la synthèse et le testament de l'œuvre du cinéaste.

Et bah paye. Ta. Sécheresse. Le film est d'une épure absolue, presque sans prise, le moindre sentiment étant retenu à l'extrême, jusque dans la nature même de la relation qui unit les deux protagonistes du titre, dont on saura finalement peu de choses. La beauté formelle de l'ensemble (très ancrée dans les années 90), le sens du cadre, la précision du montage, les mouvements des personnages sont à l'œuvre pour accompagner l'impossibilité à exprimer leurs sentiments de personnages qui se rencontrent trop tardivement ou dont l'écart d'âge est rédhibitoire.

C'est vraiment un film pas facile à aimer, qui laisse parfois dubitatif mais dont l'imagerie et le spleen reste en tête longtemps, ce qui n'est pas la moindre des forces de Sautet.

Bref, je suis toujours un peu ambivalent avec le cinéaste, dont je vais continuer à découvrir les autres films, mais dont le savoir-faire fonctionne quand même sur un fil.


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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 16:29 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Je l'ai vu il y a plus de 20 ans donc je n'en garde que quelques images, une scène surtout (l'au revoir) et puis cette mélancolie tenace. Et la beauté dingue de Béart, dans l'un de ses derniers grands rôles.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 16:48 
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Arnotte a écrit:
une scène surtout (l'au revoir)


De ces scènes mémorables, digne du retour final de Romy Schneider dans César et Rosalie (les deux fonctionnent presque en miroir d'ailleurs).

Il y aussi la scène pendant laquelle Nelly masse M. Arnaud, apogée du (pourtant seul) contact physique... Démerdez-vous avec ça pour comprendre.


Arnotte a écrit:
Et la beauté dingue de Béart, dans l'un de ses derniers grands rôles.


Oui, Béart est géniale.


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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 16:56 
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Dernière musique de Philippe Sarde pour Sautet, dont le panache contraste avec la sécheresse évoquée ci-dessus. Mais de mémoire, elle est très peu utilisée dans le film. Splendide :



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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 18:03 
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Jerónimo a écrit:
Et bah paye. Ta. Sécheresse. Le film est d'une épure absolue, presque sans prise, le moindre sentiment étant retenu à l'extrême, jusque dans la nature même de la relation qui unit les deux protagonistes du titre, dont on saura finalement peu de choses.

Tu connais ce texte sur "Garçon" ? Daney fait un sort à cette esthétique de la retenue dont tu parles:
Citation:
Alex (Yves Montand), c'est un prénom de plus dans la petite France des petits noms. Celle de Lelouch et de Sautet principalement. Alex vient après une horde sympa de personnages innommables dont tout le monde se souvient: Max, Vincent, François, Rosalie, Paul et César, sans oublier Lesautres, un chouette copain. Le monde de Sautet n'est pas seulement petit, il n'a pas de dehors (il n'a que des limites). Dans ses films, la France de Pompidou avait commencé à se faire tirer le portrait sous le regard ému des sociologues en mal de cinéma-reflet-de-la-société. Mais dans ces grands posters collectifs brossés dans le sens du poil, il ne s'agissait que de refléter la façon dont cette France-là avait envie qu'on la voie. Narcissisme de classe (en gros: les cadres). Alex, en bon héros sautetien, met beaucoup d'énergie à soigner la pose et à la garder. il vit, lui aussi, dans un monde ami-ami où les seules menaces sont fatales et anonymes: l'âge, la mort, l'accident, les peines de coeur et autres "choses de la vie".
A partir du moment où il s'agit pour Sautet de mettre du mouvement dans ses posters sociologiques, il est bien obligé d'inventer des histoires, des distances. Et comment inventer des histoires dans un monde qui n'aspire qu'à la retraite et qui ne rêve que de consensus? C'est là que le bât blesse. Car pour montrer que, faute de noms, ses personnages-prénoms ont une âme, Sautet doit promettre à chaque instant tout un arrière-plan psychologique, fait de douleurs insondables, de flip digne, de non-dit stoïque et de regards vidés. Bref, c'est la fameuse "petite musique" des sentiments.
C'est ainsi qu'il s'est illustré dans un genre incoulable: le film-à-émotion-rentrée. Ses films sont des suites de "secondes de silence", observées tacitement par les personnages, la caméra, les spectateurs. Or la petite musique des sentiments, c'est très bien, si le spectateur, justement, oublie de temps à autre qu'elle va se faire entendre.
Pour être sûr que tout le monde entendrait en temps voulu la même petite musique et jetterait un même oeil vers les mêmes arrière-plans cafardeux du tableau, Sautet a vite renoncé à raconter de vraies histoires (et pourtant, "Classes tous risques" c'était très bien) et a traité l'émotion comme un disque rayé. Résultat: la petite musique a un air de fanfare, le non-dit d'un bavardage complaisant et l'émotion brute a un côté pause-pipi depuis toujours programmée.
(article dans Ciné journal 1981-1986)
Daney a tout dit.


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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 20:26 
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Wow ce démontage en règle. Je suis plutôt d'accord. Mais je n'en suis pas à la détestation.


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MessagePosté: 24 Aoû 2021, 20:56 
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Inscription: 01 Fév 2016, 20:06
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Ha ha ouais il y va franco... Et ce n'est pas infondé, ça met le doigt sur ce qui me bloque aussi chez Sautet, même si j'y trouve des choses à prendre.
Et du coup je comprends d'où vient ton avis sur Nomadland :P


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