Forum de FilmDeCulte

Federico Fellini nous offre un portrait à contre-courant de ce séducteur mythique. Un regard froid sur la solitude d'un homme poursuivi par sa renommée.

Pour débuter je reprendrais les com. de Tetsuo pour le Satyricon et celui-ci.



A peu de chose près, mon sentiment est exactement à l'opposé de celui de Tetsuo. Enfin je ne dirais pas que j'ai trouvé Casanova sans inspiration, mais je le trouve "en-dedans" par rapport à ce qu'il aurait pu être, par rapport au Satyricon qui est l'une de mes œuvres de chevets. Les deux sont animés des mêmes thématiques (ou du moins similaires), mais alors que le Satyricon pousse le baroque et la description d'une société en complète déliquescence jusque dans ses plus extrêmes limites, le Casanova reste plus (trop) timoré. C'est d'autant plus étonnant que Casanova est le plus obscène des films de Fellini que j'ai vu, mais cela reste une obscénité convenue.

Alors certes il y a une très belle mise en scène (avec d'ailleurs beaucoup de mise en scène dans la mise en scène, je ne m'étais jamais fait la remarque auparavant à quel point Greenaway a dû d’inspirer de Fellini, en particulier pour The baby of Macôn), et quelques moments de pure grâce (la lanterne magique accompagnée de la musique de Rota et cette magnifique scène avec la femme-pantin), mais dans l'ensemble je suis tout de même assez déçu. Je me demande finalement si cela ne tient pas à une erreur de casting, parce que je ne suis vraiment pas convaincu que Donald Sutherland (bien que ce soit un acteur que j'aime beaucoup) soit l'acteur le mieux approprié pour un tel rôle, voir pour un tel réalisateur.

Enfin vu ce film suite au quiz de Castorp (pour la petite histoire, alors que je m'apprêtais à payer un rare achat sur Amazon, leur algorithme me propose le Blu Ray du film, je l'ai pris car très peu cher; comme quoi le Google[Bot] qui hante les nuits du forum sert vraiment à quelque chose! Évidemment flippant)

Moi j'ai adoré et en voyant les suppléments on comprend mieux encore l'alchimie particulière d'un film que Fellini a traîné des pieds pour faire parce qu'il déteste le personnage historique et littéraire de Casanova. Il a donc fabriqué son propre Casanova, allant notamment chercher au hasard d'une rencontre à l'hôtel Donald Sutherland qui est absolument génial, avec un maquillage qui prenait quatre heures à faire chaque matin...

On comprend donc pourquoi ce titre qui souligne "de Fellini", en tout cas moi je m'étais toujours interrogé.

Les visions baroques qui se succèdent sont d'une grande poésie et puissance pour figurer un théâtre de marionnettes dans lequel Casanova, contre toute attente, finit par être montré comme en étant une victime. Le regard de Fellini pour ce personnage révéré est empreint d'empathie, sinon de sympathie, pour ce pauvre pantin qui cherche confusément à se libérer du cadre qu'il s'est assigné avec le concours d'une société décadente, sans y parvenir jamais.

P.S.: confirmation que la première capture de Castorp était littéralement impossible à trouver si on avait pas vu le film une heure avant, car même pas emblématique, c'est une demi-seconde bien anecdotique au regard de tous les plans rapprochés géniaux que le monsieur aurait pu sélectionner

On est d'accord que c'est fugace, mais je trouve ce plan de toute beauté, et moi, il m'a vraiment marqué.
Et j'ai découvert le film il y a 2-3 mois, et je sais toujours pas quoi en penser, tant c'est d'une totale étrangeté. C'est à la fois fascinant, touchant, et révoltant, une de mes expériences de cinéma les plus bizarres de toute ma vie.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."