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MessagePosté: 07 Juil 2023, 09:09 
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Synopsis : un chauff... un deal... un prê... un joue... un jardinier qui mène une vie d'ascète qu'il consacre principalement à son emploi et tient un journal tombe amoureux d'une jeunette, la petite-nièce de sa patronne. Mais celle-ci a des ennuis avec de mauvaises fréquentations. Ancien milicien d'extrême-droite, le jardinier va d'abord tenter de faire jouer ses contacts avant de se charger du boulot lui-même.

Troisième film d'une remontada dans le cœur des critiques après First Reformed et The Card Counter, Master Gardener coche toutes les cases qu'on peut attendre d'un Paul Schrader tardif avec des plans ciselés, une épure spartiate dans les décors, de l'imagerie religieuse en veux-tu en voilà, un constat sur les tourments de l'âme américaine, ce pays fondé sur Dieu et le racisme où la violence se transmet en un cercle vicieux, et la description d'un amour rédempteur avec un couple mal assorti tout choupinou, qui tente de s'unir face la cruauté du monde.
Mais, comme tout film de vieux maître, l'intérêt est aussi de voir comment il réarrange ces pièces pour en faire un puzzle inédit, ainsi que de noter les références à ses travaux anciens en pointant du doigt l'écran *meme Leo DiC activé*.

Ici, la première partie est impeccable avec la présentation du lieu de vie et de la profession du héros, la relation de (American) gigolo avec Sigourney Weaver impériale dans le rôle de Catherine Deneuve, et l'arrivée du rayon de soleil qu'est Quintessa Swindell dans une vie calme mais un peu morne du jardinier joué par Joel Edgerton, qui ressemble à un Jospeh Gordon-Levitt adulte.
Sa performance rappelle un peu certains John Wayne tardif et l'ombre de la Prisonnière du désert, forcément, plane sur cette histoire de métisse qui revient au bercail : d'autant plus que le domaine de Gracewood Gardens et son équipe sont filmés comme un ranch (on entend même des bovins) passé les premières scènes qui montrent plutôt un caractère martial à l'ensemble. Tout le monde porte le même "uniforme", le jardinier mishimesque passe ses "troupes" en revue tout habillé en noir avec juste la petite tache de rouge des sécateurs du plus bel effet, car... eh oui... ils préfigurent la violence à venir.

Mais une violence intériorisée dans celui-ci car, une fois les Adam et Eve mixtes expulsés de ce Paradis isolé de la merdasse contemporaine, nous revoilà dans l'Amérique post-Covid avec ses banlieues décaties, ses diners tristes, ses cafétérias moches, ses motels blafards. Il n'y a pas que les héros qui regrettent le jardin structuré et serein des débuts, mais le spectateur qui regarde le chemin de la rédemption se dérouler en une succession de "moments suspendus", d'évocation religieuse (le sevrage de la toxico comme un baptême) et de sexe un peu émouvant mais tiède, en croisant les doigts qu'on n'ait pas droit à une séquence onirique à base d'effets spéciaux moches mais merde la voilà qui surgit du Diable vauvert...

Plus intéressant (si on veut), Schrader prend soin d'aller à contrecourant du portrait qu'en font ses détracteurs, réac un brin faf et laudateur de l'autodéfense. Donc, là aussi, on a droit à un mix entre des provocs qui vont faire hurler ceux qui n'ont que ça à foutre (différence d'âge, question raciale etc...) et un désamorçage progressif de tout ce qui créait de la tension dans la première partie.
Ainsi, si on amorce un triangle entre le jardinier, la proprio et sa petite-nièce, on ne se retrouve plus qu'avec le couple. On craint l'apparition d'un dealer violent et on se retrouve avec des Laurel et Hardy toxicos dont le fait d'armes dans le film est
de foutre le souk dans les rosiers et taguer la cahute du jardinier
. On songe à une vendetta possible des frères d'armes du jardiniers mais
ils sont tous cannés
. Il y a même un flic qui porte un t-shirt "on devrait tous être féministes" histoire de faire chier... ou bien pour choper une bourse Schiappa, de nos jours, plus rien ne m'étonne.

Au final, on s'inscrit dans cette mouvance du ciné US du film sur la réconciliation . L'une des plus belles scènes montre
la révélation du jardinier de ces tatouages à la femme qu'il aime alors qu'il se regarde dans son miroir en pleine écriture
, instant qui va amorcer progressivement un rapprochement jusqu'au retour en Terre promise :
Sigourney Weaver/L'Amérique va devoir faire avec ce couple qui dépasse les conventions
. Un final plus doux qu'à l'habitude avec un Schrader qui semble avoir trouvé un semblant de paix en ce jardin.

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MessagePosté: 11 Juil 2023, 22:11 
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Bonne critique du bandeur de Marvel, les ponts avec les précédentes œuvres de Schrader (American Gigolo, Mishima) sont particulièrement bien vus. Le film n'est pas exempt de scories, le perso de Weaver est clairement too much (mais elle a un papier peint qui déchire), les flashbacks sont tout mollasson (on veut du craspec en mode The Card Counter ou The Canyons) et du coup n'ont pas l'effet escompté, le moment onirique lors de l'arrivée dans le jardin d'Eden est gentillet (mais tout de même bien mieux que les effets numériques dégueus de First reformed), la fin un peu ridicule, et pour tout dire on a peu l'impression de voir un Schrader en mode semi-pilote automatique, ça déroule une antienne maintes fois rebattues, les décors dépouillés, le héros hiératique... mais je suis plutôt client, pas un grand film mais ça vaut bien mieux que les notes catastrophiques sur le site de notes.


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MessagePosté: 12 Juil 2023, 07:44 
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Ce qu'on veut, c'est Rolling Thunder, mais là c'est plutôt Rocking Chair.
Vu récemment The Canyons mais je l'ai préféré à cette triplette sympa mais qui fait copie de copie.

Lohmann a écrit:
Le film n'est pas exempt de scories, le perso de Weaver est clairement too much


Arrête, elle est trop bien avec sa mâchoire à la Eastwood pour balancer des fions, et ses bras démesurés pour signaler que son verre est vide.
(l'écoute pas, Sigourney, tu es toujours la reine)

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MessagePosté: 12 Juil 2023, 08:03 
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JulienLepers a écrit:
Ce qu'on veut, c'est Rolling Thunder, mais là c'est plutôt Rocking Chair.
Vu récemment The Canyons mais je l'ai préféré à cette triplette sympa mais qui fait copie de copie.

J'aime vraiment beaucoup The Card Counter, mais content de voir que tu apprécies l'injustement décrié The Canyons.


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MessagePosté: 12 Juil 2023, 08:17 
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Des trois, Card Counter c'est le plus solide, je pense, mais c'est peut-être aussi celui qui se situe le plus en terrain conquis (la figure du joueur qui colle bien au film noir). First Reformed, j'avais trouvé l'accueil un peu démesuré : il me reste des beaux passages, du type de la conversation dans le restau un qui devient tendue. Il a toujours la gnaque au moins pour ça : faire vriller la parlotte en une cocotte-minute de la colère.

Mais le début de Master Gardener, je trouvais ça plus réussi qu'à l'accoutumée : la description de son boulot, la présentation du domaine, le fait que le jardinier la joue un peu plus tranquillou (quand il enlève ses bottes pendant la conversation avec sa collègue) ça sortait du lot avant de revenir sur les rails habituels. J'aurais préféré qu'il y ait rien de tout le fatras habituel (le passé trouble, les dealers perraves) ou qu'il y fasse référence en sourdine.

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MessagePosté: 12 Juil 2023, 09:14 
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Je l'ai trouvé en tout point beaucoup plus faible que les deux films précédents venant un peu foirer la fin d'une trilogie qui avait pourtant magnifiquement commencé. En fait je comprends pas pourquoi il a fait ce film. Visiblement il n'avait rien à dire de plus que ce qu'il disait beaucoup mieux sur les deux premiers et au jeu des différences, ce troisième opus est perdant à chaque fois que ce soit sur l'univers présenté (pourtant passionnant, ici accessoire), que ce soit sur ce personnage d'ascète mutique au passé trouble (trop binaire, trop évident), que ce soit sur son casting (Edgerton moyen, beaucoup trop raide, là encore trop littéral dans ce qu'il propose là où un Ethan Hawke ou Oscar Isaac proposaient plus de troubles ou d'émotions), que ce soit ce scénario bourré de clichés (la vieille bourge acariâtre, la jeune protégée, le film ne m'a jamais surpris), que ce soit les enjeux risible (les deux potheads à peine sortis de l'adolescence on dirait Badger et Skinny Pete de Breaking Bad), que ce soit le climax qui ne "délivre" absolument pas (là encore la confrontation ridicule avec les deux jeunes)... Et côté mise en scène c'est un peu pareil, beaucoup moins inspiré, radical ou que sais-je (il y a bien cette scène un peu fantastique pour proposer quelque chose mais c'est dérisoire).

Surtout que ce parcours de rédemption un peu trop facile s'accompagne d'une romance limite problématique ou tout du moins un peu limite mais pas montrée comme telle, je sais pas j'ai eu du mal. Dommage d'ailleurs que la jeune actrice soit aussi fade. Et Sigourney Weaver hérite d'un rôle vraiment ingrat et mal écrit. Schrader évacuant un peu vite ce qui pourtant était le plus troublant dans sa relation avec le personnage principal, c'est à peine esquissé.

Bref belle déception et vraiment le sentiment qu'il a fait ce film sans la même envie ou inspiration que pour les deux premiers. Là ça fait bestof vraiment moyen.


2-3/6

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MessagePosté: 12 Juil 2023, 10:58 
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Art Core a tout dit.

Et sinon The Canyons c'est joué avec le cul.


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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:03 
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Karloff a écrit:
Et sinon The Canyons c'est joué avec le cul.


Le faux Justin Theroux s'en sort pas mal.

L'autre, je pense que Schrader sait qu'il joue comme une patate et s'en sert pour appuyer le fait que c'est un apprenti-acteur qui ira nulle part.

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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:09 
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Souvenir que c'était joué comme dans un film de cul Dorcel.


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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:11 
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Mais ce sont des acteurs de porno, non ?

J'aime pas forcément l'argument du "c'est fait exprès" mais ça fait partie du propos.

EDIT : ah non, y en a qu'un sur les deux.

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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:17 
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Perso c'est un peu comme dans Showgirls (et des films français hum), je déteste cet argument. Quel spectateur peut payer 10 euros pour un film mal joué exprès ?


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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:19 
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Les spectateurs de Bruno Dumont


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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:21 
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Aucun problème avec les acteurs dans The Canyons, ils sont tous très bons.


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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:23 
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Karloff a écrit:
Perso c'est un peu comme dans Showgirls (et des films français hum), je déteste cet argument. Quel spectateur peut payer 10 euros pour un film mal joué exprès ?


Dans le cadre de The Canyons, ça déconne pas, je trouve avec l'univers du film : la course au succès et au positionnement social basée sur l'apparence.
C'est comme des éléments du décor : je ne sais pas s'il jouait "mieux" ou plus dans le ton des compositions dramatiques respectées, ça aurait le même effet d'univers un peu craspec et bidon qui fait fonctionner un peu les enfumades diverses auxquels se prêtent les protagonistes.
(ou alors, ça ressemblerait à Nocturnal Animals, ptet...)

Lohmann a écrit:
Aucun problème avec les acteurs dans The Canyons, ils sont tous très bons.


L'ex de Lindsay Lohann, c'est quand même un peu chaud. Mais ça me dérange pas dans le déroulé du film.

Elle, je la trouve bien mais il y a aussi le fait qu'elle soit "marquée par la vie" on va dire, qui donne de la consistance à son rôle.

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MessagePosté: 12 Juil 2023, 11:33 
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L'affreux The canyons vrai film étalon pour détecter les cinéphiles poseurs.

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