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MessagePosté: 02 Oct 2020, 15:14 
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Robot in Disguise
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Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
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Documentaire au dispositif ascétique sur les violences policières: des extraits de discussions sur fond noir entre des personnes qu'on ne nommera qu'à la fin, qui parfois commentent des vidéos de smartphones de manifestations montrant des violences.

Difficile de parler du film là comme ça. La manière dont s'est présenté fait qu'au final je me suis moins intéressé au débat intra-filmique (débat trop haché et un peu vaporeux sur la légitimité de la violence, etc.) qu'au débat entre le film (et son réal) et moi: où se situe-t-il, prétend-il à une objectivité (non bien sûr, mais à quel point...), quels dispositifs utilise-t-il pour s'assurer un minimum de contrepoint...?
L'anonymat des intervenants est censé faire que tu les écoutes sans a priori, mais ton temps de cerveau est utilisé à t'interroger "Attend, je suis censé être d'accord ou pas, là ?" C'est aussi ça qui est intéressant. Et la dynamique dans la salle de bobos de Bastille est révélatrice aussi: quand c'est Macron qui parle, forcément, on rigole ou on fait "Roooh..." (quand c'est Poutine, moins...). Y a même une meuf qui s'est gourée en commençant à rigoler à un discours de Michelle Bachelet avant de comprendre que l'extrait vilipendait Macron. Ouf, close call...

Au final, entre quelques échanges de bonne foi, quelques clashs un peu caricaturaux, une phrase sympa qui apparaît de nulle part portée par un mec que tu ne connais pas, quelqu'un qui se lamente et qui ne peut QUE t'émouvoir, le tout saupoudré de beaucoup d'images hors-contexte et toute parole de Macron moquée, j'ai juste eu l'impression de voir une TL Twitter de gauche en film.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 02 Oct 2020, 16:15 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
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Ca m'a vraiment laissé perplexe.
Le sujet est en soi ultra intéressant (plusieurs intervenant sont intéressants à écouter) mais, premièrement, je trouve que le film se concentre trop sur le mouvement des gilets jaunes et des violences survenues lors des manifestations. Or, les violences policières, c’est beaucoup plus large que ça, non?? C’est, au quotidien, les arrestations violentes, les injures, le mépris, le délit de faciès. Evidemment, ce type de violence est nettement moins sensationnel que ce qui est montré dans le film. Deuxièmement, le débat (qui n'en est pas vraiment un) s'éparpille dans la branlette intellectuelle (name-dropping: ON) sans qu'on aille au fond des choses.
Dans la forme, l’idée des archives de smartphones projetées aux intervenants est habile, ça tient la route, mais l'idée de masquer les noms (les fonctions) des intervenants, même si je comprends l'idée, ça me sort du film. Le choix de montrer les images choc est compréhensible mais moi il m’a mis mal à l’aise, surtout ce “plan” (bien soigneusement gardé pour la fin)
sur la fameuse main arrachée
, c’est une image dont je n’avais pas “besoin”, la violence de l’acte se suffisait à elle-même.

Bref, pas vraiment convaincu. Sujet passionnant mais film frustrant.

2/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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MessagePosté: 15 Oct 2020, 08:09 
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Le film a le mérite d'avoir un angle (passant de la violence policière vécue à sa justification a posteriori par le pouvoir, puis à la scène internationale avec l'instrumentalisation par Poutine de la situation avec un rhétorique où les sociétés sans contestation seraient moins violentes), mais, en n'abordant qu'une seule question, un seul problème, et en partant des images, tombe peut-être dans le piège tendu par Macron : transformer une question sociale (la justice et la solidarité) en un problème politique (celui du pouvoir, de la légitimité). Singulièrement ce sont les militantes un peu en marge du profil- type du gilet jaune qui s'en aperçoivent le plus (les mères des lycéens de Saint Denis, la jeune femme du Burger King ou la femme d'Amiens - les analyses des femmes réintroduisent le social) et le formulent le mieux : ce sont justement les plus modérés et les moins politisés des contestataires qui sont intimidés par la violence policière. La thèse d'un universitaire qui dit que la violence s'auto-limite en étant ritualisée est à ce moment à côté de la plaque : cette ritualisation est une impuissance politique et un rapport de force qui sépare et la police et les manifestants en deux. Et l'intimidation n'est pas un problème de légitimité,
elle ne demande même pas à être reconnue. Les femmes parlent en terme d'intention et de structure (l'inquiétude qui est derrière le mouvement des gilets jaunes est elle même censurée) là où les universitaires parlent tous en terme de dispositif, et donc de fait accompli et d'une forme d'essentialisation que l'on confond ici avec une objectivation.
La personne des nations unies le dit même : " on ne va pas citer Debord" mais pour appuyer l'idée que les vidéos font exister la lutte - le spectacle devient aussi une preuve voire un témoignage, ce qui n'est pas du tout ce que dit Debord : c'est au contraire la dernière aliénation. L'aliénation est elle-même devenue une trace du collectif, et c'est cette idée qui sous-tend un contrôle ou d'une forme d'arbitrage encadrant de la violence policière. Un dispositif moins systématique aurait pu lutter contre cette vision. Les femmes commentent d'ailleurs les images, quand, lorsque le film interviewe les experts, il tend au contraire à chercher les images qui illustrent le propos. L'intérêt du film (qui se veut lui-même un dispositif, il y a là aussi une ambiguïté : il y a une forme de reproduction/compensation de la violence policière qui évite de se donner comme une critique trop explicite, mais c'est peut-être une stratégie pour toucher un public large) est de ne pas faire disparaître cette tension.

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 15 Oct 2020, 16:13 
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Messages: 6394
Arnotte a écrit:
Le sujet est en soi ultra intéressant (plusieurs intervenant sont intéressants à écouter) mais, premièrement, je trouve que le film se concentre trop sur le mouvement des gilets jaunes et des violences survenues lors des manifestations. Or, les violences policières, c’est beaucoup plus large que ça, non?? C’est, au quotidien, les arrestations violentes, les injures, le mépris, le délit de faciès. Evidemment, ce type de violence est nettement moins sensationnel que ce qui est montré dans le film.


La délimitation du sujet n'est pas la faiblesse du film. Il est bien formulé par le policier qui représente le syndicat de gauche : le fait que les dispositions de l'état d'urgence passent dans le droit commun et s'appliquent au fait de manifester.

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