Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 05 Nov 2024, 07:37

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 02 Oct 2020, 15:14 
En ligne
Robot in Disguise
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 13 Juil 2005, 09:00
Messages: 36631
Localisation: Paris
Documentaire au dispositif ascétique sur les violences policières: des extraits de discussions sur fond noir entre des personnes qu'on ne nommera qu'à la fin, qui parfois commentent des vidéos de smartphones de manifestations montrant des violences.

Difficile de parler du film là comme ça. La manière dont s'est présenté fait qu'au final je me suis moins intéressé au débat intra-filmique (débat trop haché et un peu vaporeux sur la légitimité de la violence, etc.) qu'au débat entre le film (et son réal) et moi: où se situe-t-il, prétend-il à une objectivité (non bien sûr, mais à quel point...), quels dispositifs utilise-t-il pour s'assurer un minimum de contrepoint...?
L'anonymat des intervenants est censé faire que tu les écoutes sans a priori, mais ton temps de cerveau est utilisé à t'interroger "Attend, je suis censé être d'accord ou pas, là ?" C'est aussi ça qui est intéressant. Et la dynamique dans la salle de bobos de Bastille est révélatrice aussi: quand c'est Macron qui parle, forcément, on rigole ou on fait "Roooh..." (quand c'est Poutine, moins...). Y a même une meuf qui s'est gourée en commençant à rigoler à un discours de Michelle Bachelet avant de comprendre que l'extrait vilipendait Macron. Ouf, close call...

Au final, entre quelques échanges de bonne foi, quelques clashs un peu caricaturaux, une phrase sympa qui apparaît de nulle part portée par un mec que tu ne connais pas, quelqu'un qui se lamente et qui ne peut QUE t'émouvoir, le tout saupoudré de beaucoup d'images hors-contexte et toute parole de Macron moquée, j'ai juste eu l'impression de voir une TL Twitter de gauche en film.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste
Image


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 02 Oct 2020, 16:15 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22702
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Ca m'a vraiment laissé perplexe.
Le sujet est en soi ultra intéressant (plusieurs intervenant sont intéressants à écouter) mais, premièrement, je trouve que le film se concentre trop sur le mouvement des gilets jaunes et des violences survenues lors des manifestations. Or, les violences policières, c’est beaucoup plus large que ça, non?? C’est, au quotidien, les arrestations violentes, les injures, le mépris, le délit de faciès. Evidemment, ce type de violence est nettement moins sensationnel que ce qui est montré dans le film. Deuxièmement, le débat (qui n'en est pas vraiment un) s'éparpille dans la branlette intellectuelle (name-dropping: ON) sans qu'on aille au fond des choses.
Dans la forme, l’idée des archives de smartphones projetées aux intervenants est habile, ça tient la route, mais l'idée de masquer les noms (les fonctions) des intervenants, même si je comprends l'idée, ça me sort du film. Le choix de montrer les images choc est compréhensible mais moi il m’a mis mal à l’aise, surtout ce “plan” (bien soigneusement gardé pour la fin)
sur la fameuse main arrachée
, c’est une image dont je n’avais pas “besoin”, la violence de l’acte se suffisait à elle-même.

Bref, pas vraiment convaincu. Sujet passionnant mais film frustrant.

2/6

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 15 Oct 2020, 08:09 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 6360
Le film a le mérite d'avoir un angle (passant de la violence policière vécue à sa justification a posteriori par le pouvoir, puis à la scène internationale avec l'instrumentalisation par Poutine de la situation avec un rhétorique où les sociétés sans contestation seraient moins violentes), mais, en n'abordant qu'une seule question, un seul problème, et en partant des images, tombe peut-être dans le piège tendu par Macron : transformer une question sociale (la justice et la solidarité) en un problème politique (celui du pouvoir, de la légitimité). Singulièrement ce sont les militantes un peu en marge du profil- type du gilet jaune qui s'en aperçoivent le plus (les mères des lycéens de Saint Denis, la jeune femme du Burger King ou la femme d'Amiens - les analyses des femmes réintroduisent le social) et le formulent le mieux : ce sont justement les plus modérés et les moins politisés des contestataires qui sont intimidés par la violence policière. La thèse d'un universitaire qui dit que la violence s'auto-limite en étant ritualisée est à ce moment à côté de la plaque : cette ritualisation est une impuissance politique et un rapport de force qui sépare et la police et les manifestants en deux. Et l'intimidation n'est pas un problème de légitimité,
elle ne demande même pas à être reconnue. Les femmes parlent en terme d'intention et de structure (l'inquiétude qui est derrière le mouvement des gilets jaunes est elle même censurée) là où les universitaires parlent tous en terme de dispositif, et donc de fait accompli et d'une forme d'essentialisation que l'on confond ici avec une objectivation.
La personne des nations unies le dit même : " on ne va pas citer Debord" mais pour appuyer l'idée que les vidéos font exister la lutte - le spectacle devient aussi une preuve voire un témoignage, ce qui n'est pas du tout ce que dit Debord : c'est au contraire la dernière aliénation. L'aliénation est elle-même devenue une trace du collectif, et c'est cette idée qui sous-tend un contrôle ou d'une forme d'arbitrage encadrant de la violence policière. Un dispositif moins systématique aurait pu lutter contre cette vision. Les femmes commentent d'ailleurs les images, quand, lorsque le film interviewe les experts, il tend au contraire à chercher les images qui illustrent le propos. L'intérêt du film (qui se veut lui-même un dispositif, il y a là aussi une ambiguïté : il y a une forme de reproduction/compensation de la violence policière qui évite de se donner comme une critique trop explicite, mais c'est peut-être une stratégie pour toucher un public large) est de ne pas faire disparaître cette tension.

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 15 Oct 2020, 16:13 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 27 Déc 2018, 23:08
Messages: 6360
Arnotte a écrit:
Le sujet est en soi ultra intéressant (plusieurs intervenant sont intéressants à écouter) mais, premièrement, je trouve que le film se concentre trop sur le mouvement des gilets jaunes et des violences survenues lors des manifestations. Or, les violences policières, c’est beaucoup plus large que ça, non?? C’est, au quotidien, les arrestations violentes, les injures, le mépris, le délit de faciès. Evidemment, ce type de violence est nettement moins sensationnel que ce qui est montré dans le film.


La délimitation du sujet n'est pas la faiblesse du film. Il est bien formulé par le policier qui représente le syndicat de gauche : le fait que les dispositions de l'état d'urgence passent dans le droit commun et s'appliquent au fait de manifester.

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 4 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. You Should Have Left (David Koepp - 2020)

Qui-Gon Jinn

8

1191

22 Juil 2020, 13:16

laurent2630 Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Mank (David Fincher, 2020)

[ Aller à la pageAller à la page: 1 ... 4, 5, 6 ]

Film Freak

80

6403

31 Mar 2024, 14:03

Mickey Willis Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Bloodshot (David Wilson, 2020)

Abyssin

4

928

30 Avr 2020, 11:27

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. The Empty Man (David Prior, 2020)

Art Core

3

755

30 Avr 2021, 23:59

Massinfect Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Mano de Obra (David Zonana, 2020)

Abyssin

2

771

01 Sep 2020, 10:13

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Terrible jungle (David Caviglioli, Hugo Benamozig, 2020)

Art Core

8

815

23 Oct 2021, 12:31

Lohmann Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Sage-Homme (Jennifer Dévoldère, 2023)

Art Core

11

878

25 Juil 2023, 09:42

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Je promets d'être sage (Ronan Le Page - 2019)

Qui-Gon Jinn

0

1050

06 Mar 2020, 18:29

Qui-Gon Jinn Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Chez moi (Alex Pastor & David Pastor, 2020)

Abyssin

0

1113

06 Avr 2020, 12:13

Abyssin Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le Plein pays (Antoine Boutet - 2009)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Zad

29

3233

30 Avr 2011, 08:54

Cosmo Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 14 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web