Rien n'avait l'air bien glorieux dans ce projet.
Pas l'inévitable surfage sur la mode des contes de fée réinterprétés, pas la sempiternelle préquelle montrant comment un célèbre méchant l'est devenu, pas le choix d'un directeur artistique comme réalisateur...
Les bandes-annonces laissaient craindre le pire et les critiques sont venues confirmer ces craintes MAIS elles évoquaient toutes un sous-texte sexuel, ce qui est loin d'être improbable pour un conte, qui m'intriguait quelque peu.
Effectivement, si ce sous-texte est bel et bien là, il est laissé en friche au profit d'une complète modification de l'histoire originale qui ne fait pas grand sens.
Le premier acte nous décrit donc un monde divisé en deux camps distincts, celui des Hommes et celui des fées et autres créatures magiques où vit la petite Maléfique (oui, c'est son nom même avant d'être méchante, ça n'a aucun sens) qui va faire la rencontre d'un jeune garçon, Stefan. Ils tombent amoureux mais, passé l'adolescence, Stefan retourne dans le monde des Hommes où il se laisse gagner par son ambition (chose qui nous est dite par la voix off et jamais montrée). Sur son lit de mort, le roi dit qu'il lèguera la courronne à quiconque tuera Maléfique, devenue la protectrice du monde magique. Stefan retrouve sa bien-aimée, se balade avec elle, la drogue et lui coupe les ailes.
SPOILERS
On est clairement dans une métaphore du viol (voire de l'excision) mais au lieu de se servir de ce postulat pour expliquer comment les hommes écrasent les femmes et comment le patriarcat mène à la rébellion de Maléfique, le récit n'assume jamais vraiment l'évolution du protagoniste en méchante et switche complètement d'angle d'attaque après avoir remaké à l'identique la scène où Maléfique jette son sort sur Aurore.
Soudainement, le récit devient inerte, à l'image du personnage qui n'a en gros rien d'autre à foutre de ses journées que d'espionner Aurore, élevée par les 3 fées insupportables dans des scènes de comédie dédiées au public le plus édenté, avant de se laisser charmer par la petite et donc...de redevenir gentille. Mais évidemment, comme Stefan est écrit comme Mr T dans Rocky III, se bornant à répéter "Maléfique arrive!" pendant une heure, on en arrive à l'inévitable climax "hommes vs. Maléfique", où la célèbre méchante ne se transforme même pas en dragon, laissant cela à son bras droit inutile, un corbeau devenu humain qu'elle transforme en d'autres animaux quand ça lui chante.
Rien ne marche dans ce film. La caractérisation est inconsistante et les raccourcis sont légion, ce qui donne des gestes incohérents que le scénario ne peut justifier qu'arbitrairement par "le perso est vénère donc il fait ça". Par conséquent, la volonté de moderniser le conte et de composer un personnage de méchante incomprise est complètement ratée. C'est d'autant plus navrant que La Reine des neiges réussit précisément là où Maléfique échoue. Même sur la misogynie, une autre préquelle/réinterprétation de 2013, Le Monde fantastique d'Oz, s'en sortait mieux.
Et même visuellement, ça vire à l'indigeste. Ça rappelle Le Labyrinthe de Pan, Avatar et Alice au pays des merveilles, donc c'est sans originalité aucune même dans le design et Stromberg ne sait pas mettre en scène, notamment l'action.
Nan vraiment, c'est con et chiant.
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