Forum de FilmDeCulte

Cascadeur à moto, Luke est réputé pour son spectaculaire numéro du «globe de la mort». Quand son spectacle itinérant revient à Schenectady, dans l’État de New York, il découvre que Romina, avec qui il avait eu une aventure, vient de donner naissance à son fils… Pour subvenir aux besoins de ceux qui sont désormais sa famille, Luke quitte le spectacle et commet une série de braquages. Chaque fois, ses talents de pilote hors pair lui permettent de s’échapper. Mais Luke va bientôt croiser la route d’un policier ambitieux, Avery Cross, décidé à s’élever rapidement dans sa hiérarchie gangrenée par la corruption. Quinze ans plus tard, le fils de Luke et celui d’Avery se retrouvent face à face, hantés par un passé mystérieux dont ils sont loin de tout savoir…

Après le petit film indé touchant, Cianfrance passe la vitesse supérieure avec ce film beaucoup plus ambitieux du point de vue narratif avec ces trois récits amples et fatalistes. Le problème du film c'est qu'on voit en permanence ce que veut faire le réal. A chaque instant on sent vers quel cinéma il veut se tourner, c'est-à-dire le grand cinéma américain tragique et opératique à la James Gray pour résumer. C'est vraiment ça. Le projet est trop évident, l'emballage trop chargé (utilisation un peu lourde d'Arvo Part) et le film globalement un peu décevant.

Il ne manque pas d'atouts pourtant. En premier lieu son casting. Ryan Gosling dans un rôle assez proche de celui de Drive est hyper charismatique en cascadeur white trash au grand coeur. Bradley Cooper confirme une belle sensibilité après Hapiness Therapy et le reste du casting n'est pas en reste (les deux ados de la dernière partie, les seconds rôles dont l'excellent Ben Mendelsohn). Et puis il y a cette belle progression dramatique où tu sens que tout est verrouillé que l'on va vers l'ineluctable sans que l'on puisse l'arrêter.

Mais tout est un peu trop grossier. La première partie va trop vite par exemple, c'est un peu schématique dans le développement des personnages (Gosling qui devient braqueur de banques en deux deux), la deuxième partie est vraiment pas mal mais nous ressert un Serpico like au final assez peu original, quant à la troisième partie, la plus faible à mon sens, elle ne parvient pas à clore le film avec la puissance qu'il méritait. En voulant en mettre beaucoup en 2h20, en voulant faire une grande fresque Cianfrance se retrouve à aller un peu vite en besogne et rate un peu ce qui faisait tout le sel de son premier film, les dialogues. Dans son premier film, il y avait de longues scènes entre les deux amoureux, ils se découvraient peu à peu, puis s'aimaient avant de se détruire. Il prenait le temps de les laisser exister. Mais là contraint par les vicissitudes de son scénario, les scènes sont plus fonctionnelles et moins écrites. On perd un peu cette sensibilité si particulière (même si elle est là par intermittence malgré tout). Pareil du point de vue de la mise-en-scène, je sens moins de personnalité, moins d'investissement de la part du réal. Il y a quelques très beaux plans (le premier notamment, un plan séquence méchamment classe dans une fête foraine) mais l'ensemble manque peut-être un peu de gueule.

Après le film contient des moments assez forts et toute sa thématique sur la filiation, sur la transmission est plutôt très belle. Et ce qui fonctionne très bien c'est l'attachement aux personnages, ce sont des hommes fondamentalement bons qui font ce qu'ils peuvent pour s'en sortir. C'est assez émouvant. Ca reste une petite déception parce que les germes de quelque chose de beaucoup plus fort sont là mais qu'au final on sent que Cianfrance a voulu trop bien faire et du coup il s'est un peu perdu en route.

3.5/6

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CroqAnimement votre

2012!

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Ok. C'est quoi la règle ? Film sorti en 2012 aux States ?

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CroqAnimement votre

Première projection, en gros.

Il était en septembre à Toronto.

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Ah oui sinon j'aime bien le titre mais il ne fait référence à rien dans le film, je le comprends pas.

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CroqAnimement votre

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Ils auraient pu mettre un carton, un truc pour que ce soit un peu expliqué.

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CroqAnimement votre

Encore un titre absurdement non-traduit, alors que d'autres titres simples se font remplacer...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui c'est clair mais comme le film est un peu labellisé auteur on traduit pas, ça fait plus classe.

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CroqAnimement votre

Pourquoi vouloir systématiquement tout traduire? C'est bien aussi de laisser le titre VO en l'état.

On traduit jamais les chansons des groupes américains que TOUT LE MONDE écoute..

Non mais là il faut quand même bien reconnaître que la population française est loin d'être bilingue et que ce titre en particulier n'est pas nécessairement compréhensible pour tout le monde. Donc pourquoi laisser les non-anglophones aller voir un film dont ils ne comprendront même pas le titre ? Il y a quelque chose d'un peu snob là dedans je trouve.

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CroqAnimement votre

Mais on traduit les titres des bouquins...

Moi ce qui me dérange c'est l'incohérence. On prend des titres très corrects qu'on dénature, alors qu'on laisse parfois des titres compliqués ou abscons comme ici.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Le pire étant ces putains de titres en anglais changés en d'autres formules... en anglais aussi. Mais bon on va pas refaire le débat.

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Netflix les gars, Netflix.

Après Blue Valentine, Cianfrance confirme pour moi ses forces et ses faiblesses avec ce nouveau film ambitieux et attachant qui permet de mieux cerner le cinéaste qui se dessine.
D'abord, et c'est un point essentiel à mon niveau, une authentique sensibilité mélodramatique qui sait faire monter une émotion sourde par petites touches plutôt que par grands éclats, misant sur la chair de ses personnages tous troublés, coupables d'une certaines manière, mais actifs et évolutifs.
Ensuite, et c'est un peu à double tranchant, il démontre à nouveau un intérêt pour les structures en miroir, les jeux d'échos, de réminiscences, les effets de "négatif". Montage alterné pour Blue Valentine, basculement de point de vue pour celui-ci. L'idée est originale, rare et pertinente dans le cas présent. La troisième partie ne pourrait avoir la même force sans l'ombre de la première et le détour par la deuxième, c'est une évidence. Le hic, et ce qui fait que James Gray est encore loin à mon sens, c'est que Cianfrance n'a pas assez confiance dans ses divers outils et moyens d'évocation, dans la ligne claire qu'il doit viser scénaristiquement et servir par sa mise en scène, son montage, ses lumières. Il a du coup tendance à diluer, en s'éternisant un peu sur des séquences qui ne le méritent pas (au hasard, séquences de braquages, séquences au commissariat dans la deuxième partie, séquences au lycée dans la troisième).
Il a véritablement une façon qui se confirme, car déjà à l'oeuvre dans les flashbacks de son précédent film, de vouloir nous raconter une grande histoire faite de plus petites, comme il aurait certainement l'espace pour le faire dans une série ou une tragédie de 3h à la Cimino, en accordant autant de place à tout, que ce soit temporellement ou dans la façon même de raconter cinématographiquement, rendant du coup ses 2h20 par moments évasives.
D'où une impression d'égarement ou de dilution des éléments moteurs dans de l'anecdotique. C'est d'autant plus dommage qu'au détour de quelques séquences, on tutoie quelque chose de pur... mais la tentation de la littéralité est encore grande chez Cianfrance, qui est probablement plus jeune metteur en scène que scénariste.

4/6

Il y a effectivement deux problèmes dans ce film, qui par ailleurs présente de belles qualités graphiques et une structure assez couillue. D'une part un vrai souci de rythme, avec des scènes trop condensées, d'autres étirées sans raison et au final l'impression que ça dure trois heures. D'autre part le discours, parce que quand même on se demande où il veut en venir durant les deux premières parties et dans la troisième il se vautre dans l'hyper-signifiant, l'atavisme du malheur, le fatalisme comme gimmick, et on se dit merde, tout ça pour ça. Bonne distribution sinon, surtout les seconds rôles (les gamins sont chouettes, surtout le bully à qui on casserait bien les genoux). reste LA question : pourquoi aucun acteur ne vieillit vraiment dans la dernière partie, à part Eva Mendes qui prend trente piges de maquillage dans la gueule ?
3/6