Forum de FilmDeCulte

C'est dans les années 90 que j'ai vu mon premier clip de Joseph Kahn - "What's Love Got To Do With It" de Warren G - mais à l'époque, je ne savais pas qui c'était.
On peut peut-être remonter à son clip de "Everybody (Backstreet's Back)" des Backstreet Boys pour remarquer à quel point l'univers de Kahn était déjà bien barré, et préfigurait dans une certaine mesure de Detention.
Moi, c'est plus vers la fin de la décennie et les années 2000 que j'ai commencé à retenir son nom, après les clips de Blackstreet ("Girlfriend/Boyfriend"), Muse ("Muscle Museum") Destiny's Child ("Say My Name") ou encore Sisqó ("Thong Song"), et à partir d'"Elevation" de U2, "Freeek! de George Michael et "Without Me" d'Eminem, j'ai su que ce mec avait quelque chose d'intéresser à proposer formellement.

Ce fut chose faite en 2004 avec Torque.
Voilà ce que j'écrivais à propos de ce sous-Fast & Furious dans ma critique à l'époque :
Profitez, comme pour une canette de Coca-Cola - autrement dit l'espace d'un instant -, entre deux scènes de dialogues calamiteux, du mouvement de caméra impossible rendu réalisable par la technologie numérique ou d'une esthétique auto-proclamée over the top qui plaira aux aficionados du plan inédit à la Michael Bay (Armageddon) et du délire démesuré à la McG (Charlie's Angels 2). Mais seulement de manière furtive car, malheureusement, Torque ne s'adonne pas entièrement à l'art du cinéma bourrin décomplexé. Peinant à créer un équilibre adéquat entre ses séquences de n'importe quoi jouissif et pseudo-ambitions d'intrigue ridicules (servies par un casting de cabots), le film n'accomplit pas à 100% l'objectif annoncé par la première bande-annonce ("Oubliez le réel, pénétrez dans l'hyper-réel"), qui promettait pourtant un spectacle de débauche digitale marqué du sceau de son réalisateur (image qui ondule comme sous l'effet d'une grande chaleur, plans numériques improbables, gros plans outranciers). La signature Kahn est néanmoins bien présente et le cinéaste se permet même quelques idées de mise en scène amusantes (la caméra qui épouse le moindre geste: une main qui tourne, une poignée ou la béquille d'une moto qui se déploie) qui portent à croire qu'avec un budget plus conséquent, un scénario basique mais efficace ou alors je-m'en-foutiste au dernier degré, Kahn pourrait signer un blockbuster sans prétentions bien divertissant.

Cependant, après avoir été un temps pressenti pour réaliser Superman et après avoir développé une adaptation de Neuromancer de William Gibson, Kahn n'a pas vraiment suivi la voie qui lui semblait destinée, et après s'être réfugié dans le clip, le retour du cinéaste se fait loin des studios, avec un film indépendant qu'il a financé lui-même, lui permettant absolument tous les excès. Torque était déjà pas très sérieux, décomplexé, mais n'avait rien à raconter.
Ce soir, en présentant le film, il évoquait comment "réaliser un premier film pour Hollywood, c'est aussi excitant que la première fois qu'on va niquer mais travailler avec un studio c'est découvrir que son partenaire sexuel est un catcheur de 200kg who wants to be on top".
Quand bien même ne l'aurait-il pas précisé, le spectateur comprend DES LES PREMIERES MINUTES que ce deuxième long métrage est "la matérialisation de ce que j'ai dans la tête". A 4600% son bébé.

Et c'est un bon gros bébé bien turbulent que ce Detention que Brian Taylor & Mark Neveldine, les créateurs d'Hypertension ont qualifié comme la "soeur déglinguée adepte de scarification de Scott Pilgrim".
Si le film ne témoigne pas de la maîtrise formelle et narrative d'Edgar Wright, il est clair que les deux films sont parents, enfants d'une même génération, gavés de références et d'influences qu'ils tentent de digérer et de régurgiter au mieux. Ainsi Joseph Kahn adopte-t-il le décorum de fleurons des années 80 (de Breakfast Club à Retour vers le futur en passant par Freaky Friday - l'original, directement cités voire parodiés) pour écrire une lettre d'amour aux années 90 (sa musique, sa mode, ses séries TV) dans un style totalement 2000, voire 2010 (mise en scène hyper-kinétique et déluge d'informations à assimiler comme on navigue sur une fenêtre à onglets). Kahn a abandonné ses gimmicks de mise en scène clippesques les plus voyants mais signe tout de même un visuel ultra-léché, abondant de flares comme il les aime, et super speed.
Le réal le résume très bien : c'est un film pour la génération SMS/Twitter. C'est à cette vitesse-là que carbure le film, y a littéralement pas UN moment pour respirer.

Cette approche sera à n'en pas douter proprement détestable aux yeux de certains, tant dans la forme que dans le fond.
Parce que fond il y a dans ce gros délire nawakesque qui semble juste tout prendre au 367e degré avec un cynisme qui peut paraître facile ou fatiguant mais qui s'avère en réalité une déconstruction des codes d'un genre (le teen movie, et le slasher dans une moindre mesure) - moqués, détournés, tordus dans tous les sens (les nerds pas puceaux, le mec cool pas superficiel, l'athlète gros freak, par le biais d'une improbable ref croisée La Mouche/Spider-Man!!) - visant à traiter d'un âge difficile à surmonter, où le lycée semble être la fin du monde.
Detention est un film qui dééébooooorrrrde de clins d'oeil et de name dropping, les transpirant par tous ses pores, mais c'est un film à références sur la manière dont on se définit justement par des références. Les protagonistes n'ont de cesse de chercher à être cool en se réclamant de modes passées, jusqu'à défier la réalité pour y parvenir. Ca prend un chemin alambiqué pour finir par dire "ça va aller" à la jeunesse d'aujourd'hui, comme un mix inattendu de Scott Pilgrim et Mean Girls. Et comme dans Scott Pilgrim, les hipsters en prennent pour leur grade.

Que dire de plus...entre le rythme sans relâche et l'avalanche de blagues, je me suis pas fait chier une seconde, mort de rire tout le long. Et si pendant trois quarts d'heure je trouvais très sympa, la deuxième moitié projette d'un coup le film à l'étape supérieure, l'intrigue explosant, le genre faisant pleinement son apparition, et la thématique aboutissant à son point d'orgue plutôt touchant.

Big up au jeune cast, mené par Josh Hutcherson (dont je n'ai jamais douté depuis Zathura et Terabithia jusque dans The Kids Are Alright) en digne héritier de Marty McFly, Zack Morris et Parker Lewis, et surtout Shanley Caswell, nouvelle venue qui porte presque tout le film.

5/6

Je sais pas quand ça sortira, si ça sort, voici la BA que j'avais postée jadis même si ça reflète pas vraiment l'humour du film :
http://www.youtube.com/watch?v=K6q9v_ak40w

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S'il sort pas avant la fin de l'année, je le télécharge, je suis vraiment curieux.

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N'écoutez pas Film Freak

Pareil. bande annonce qui claque.

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Je pense pas que ce soit téléchargeable, c'est même pas sorti aux States.
Pour le moment, c'est juste passé dans quelques festivals et ça sera distribué aux States en 2012 (et en France, je sais pas).

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Ca craint.

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N'écoutez pas Film Freak

Bon bah le film est sorti aux States est est en train de se rétamer.
J'ai demandé via Twitter à Joseph Kahn s'il y aura une sortie française et il m'a répondu que suite à l'échec du film, il ne sortirait nulle part ailleurs. Lose.
Vivement le BR.

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Putain...

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N'écoutez pas Film Freak

Oui enfin quand tu vois le film, un succès public est carrément impossible quoi.

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Netflix les gars, Netflix.

Et les sales news continuent :

Joseph Kahn Joseph Kahn ‏ @JosephKahn
So America you will be able to buy NEW YEAR'S EVE on bluray. What you won't be able to: DETENTION. For real.
DVD only. As a filmmaker, this is the most depressing thing about the entire experience.
I didn't put my entire soul into this film so it would not be seen at optimum quality. Even if it sells well, it's a creative loss for me.
I didn't compromise on any level & when it finally goes out its a compromised format. I am so furious. Fuck. I'm gonna kick some shit. Bye.

Quelle lose putain...

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C'est tendu. On se dit qu'avant d'être placardisés, des mecs comme Dante ou Carpenter ont au moins connu leur heure de gloire...

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N'écoutez pas Film Freak

Ouais ça fait bien chier tout ça.
Je le trouve pas sur le net le film sinon.

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CroqAnimement votre

ça peut pas être ça, par exemple ?

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Ca fait 812Ko seulement ton truc.

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Et en plus je pense que c'est ça :
http://www.imdb.com/title/tt0990363/

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CroqAnimement votre

Lol.

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