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MessagePosté: 13 Avr 2010, 18:19 
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Caroline est jeune, impulsive. Colette, plus âgée, est compatissante et bordélique. Face à elles, des familles venues du Sri Lanka, de Mongolie, d'Erythrée et d'ailleurs, demander l'asile en France à la CAFDA.

Vraiment un excellent documentaire, comme je les aime, sans commentaires ni orientation par des interviews, juste profondément humain, touchant au social comme au politique, en montrant la destinée de plusieurs sans papiers qui s'en remettent à cette CAFDA, ce lieu qui aide parfois à accélérer les procédures de certains pour leurs permettent d'accéder au sésame de la légalité, mais qui ne faut pas de miracle non plus. Face à cette éthiopienne enceinte, ce couple de Mongolie ou cette famille du Sri Lanka, deux assistantes sociales: une quinqua bonne pâte et une jeune recrue qui parfois ne pèse pas ses mots. Une très bonne idée de ce docu qui ne sort de la CAFDA que pour se confronter un peu à la rue et au métro parisien est d'incruster en sous-titres ce que disent ces immigrés qui parfois sont freinés par la barrière du langage pour expliquer leurs trajectoires face à leurs référents un peu déboussolés qui s'en remettent aux interprètes assis à côté d'eux, ce qui donne des moments assez ubuesques, qui ne donne que plus de force à ces arrivants sans pathos ni jugement.
5/6

Sinon, y a pas de cul.


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MessagePosté: 13 Avr 2010, 18:26 
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Ouais mais là c'est pas grave, les acteurs sont pas connus et ya pas de chance de voir des scènes explicites.

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MessagePosté: 19 Avr 2010, 20:34 
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Bah alors Zad, Art Core, Orange, faudrait peut-être se magner le train


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MessagePosté: 19 Avr 2010, 22:30 
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Oui, oui c'est prévu que j'y aille, ça a l'air de vraiment valoir le coup.

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MessagePosté: 30 Avr 2010, 14:46 
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J'avais quand même des appréhensions, avec cette affiche genre campagne de sensibilisation comme on en croise dans les salles d'attente. Mais dès le premier plan, assez dingue et inattendu, j'ai tout de suite compris qu'il n'y avait pas d'inquiétudes de cet ordre à avoir.

Le film est bien plus subtil que ça, film extrêmement sensible, très "humain" sans jamais être angélique, très juste en somme, d'une pertinence et d'une rigueur à toute épreuve, toujours attentif à rattraper même le pire de ses personnages (cette séquence hallucinante où la jeune meuf, Caroline, boude en s'apercevant de la violence de son comportement plus tôt, c'est vraiment magnifique, intelligent et paradoxalement pudique -- pudique aussi parce qu'on sent bien qu'elle a accepté d'apparaître comme ça dans le film, qu'elle a la classe, l'intelligence, l'humilité d'accepter d'apparaître en connasse qu'on a parfois envie de gifler, parce qu'elle a compris que le film ne serait pas orienté, ne la violenterait pas, la montrerait dans ses faux pas, et ils sont sacrément costauds, c'est vraiment des faux pas de connasse, des trucs assez atroces, mais comme lui dit sa collègue, elle est en colère parce qu'elle n'arrive pas à les aider, c'est beau cette prise de conscience-là, de cette jeune fille qui s'aperçoit qu'elle s'y prend terriblement mal, qu'elle prend les choses à l'envers, qu'elle est agressive parce qu'elle veut tellement bien faire, mais qu'elle n'y comprend rien, cette progression aussi entre ce moment où elle dit qu'on ne décidément pas accepter tout le monde, et ce moment où elle ressent que c'est inhumain de ne pas le faire et fond en larmes).

Il y a ce truc, pour dire vite, de "connaître l'ennemi", très pratique, très concret, très éloigné de toute théorie, qui ramène tout à l'homme contre le système, contre l'absurdité du système. Le moment où Colette, la plus âgée, négocie une carte orange supplémentaire, où elle dit "non mais me dit pas de combien je dépasse mon budget, dis-moi juste si on peut le faire", c'est parce qu'il faut le faire, c'est tout.

et ce n'est qu'à cette condition-là, qu'à la condition de cette rigueur et de cette honnêteté-là, que le film peut même devenir sentimental in fine, avec une séquence sur le papier casse-gueule à la maternité, mais concrètement sublime, le choix de la musique, des photos, puis monter avec ensuite cette belle séquence abordée simplement, autour des difficultés concrètes, comment avoir un landau, avec quoi nourrir un bébé, quand on n'a absolument aucun revenu, les larmes d'épuisement, bon autant vous dire que j'ai fini complètement en pleurs moi aussi, c'est assez incroyable de réussir ça, parce qu'à la base, oui, c'est un sujet empathique, un sujet tire-larmes, et c'est à mon avis très dur d'être irréprochable et exemplaire dans la forme comme le film l'est ici, d'être d'une telle sobriété, de donner autant d'importance à la parole, à l'homme, aux petites choses, aux visages, sans être dans du spot avec ou contre l'institution (d'où la bêtise encore une fois de l'affiche).

Et puis il y a ces séquences simples et vraiment parfaites hors de la CAFDA, où sans un mot l'identification joue à plein, comment comprendre une ville, un pays, qu'on ne connaît pas, quand en plus on doit y rester caché, quand en plus on doit y affronter ses incohérences ahurissantes (la loi des 6 mois d'attente, c'est incroyable... en gros, si tu arrives à rester hors-la-loi pendant 6 mois, on te récompense en t'autorisant à faire une demande d'asile, qui sera éventuellement acceptée, hypocrisie complète), comment apprivoiser une terre censément d'accueil qui t'est pratiquement hostile...

Et ce beau moment assez ubuesque lorsque le mini-bus est stoppé par la manif de sans papiers;;; Le film pourrait s'appesantir dessus, fier de sa trouvaille, de sa coïncidence, il parvient à en faire qqch de poétique, qqch qui relève d'une croyance en la lutte, d'un reste de croyance en la lutte, quand rien pourtant n'encourage à y beaucoup croire encore...

Vraiment, en sortant, boule au ventre, je me disais qu'on avait là quelque chose d'assez exemplaire, un documentaire politique d'abord classique, mais dont le passage sur grand écran se justifiait plus que jamais, au-delà de la seule urgence du sujet, au-delà d'être du "bon côté de la barrière". Assez rare pour vous encourager à vous y précipiter, tant qu'il passe encore...

5/6

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MessagePosté: 05 Mai 2010, 16:12 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Pour faire plaisir à DPSR et parce que le film le mérite vraiment :
Moi aussi comme Zad j'avais un peu peur du reportage didactique et politique sur ce problème extrêmement complexe de l'immigration. Mais effectivement très vite on se rend compte que ce n'est absolument pas le but recherché des cinéastes. On ne nous expliquera pas ce qu'est concrètement là CAFDA, quel est son champ d'action, son système de financement etc... On ne nous enrobera pas l'image des demandeurs d'asile d'un quelconque misérabilisme universel à chacun d'eux en les réduisant à un archétype. J'aime le fait que les rôles ne soient pas définis, qu'on n'oppose pas mais au contraire que l'on se mette de chaque côté en permanence pour mieux voir, pour mieux comprendre. Ce film est fascinant dans ce qu'il représente : comment traiter l'humain dans l'administration. Comment le soumettre comme un "produit" à des contraintes concrètes de budget, de distribution etc... Et la grande réussite du film, ce qui le rend profondément émouvant c'est justement le constat de cette impossibilité à faire rentrer l'humain à l'intérieur des cases d'une administration. C'est la singularité absolue de chaque personne, de son histoire et de sa souffrance et l'incapacité matérielle de pouvoir leur ouvrir simplement les portes.
Et puis toutes ces langues, cette constante réinterprétation de leurs histoires avec ses incompréhensions et ses ratés (toutes la scène ironiquement drôle du "chinois ou mongol ?" où la personne ne parvient pas à savoir de quel pays vient la personne en face de lui) fait comprendre le chemin parcouru et celui encore à faire. De voir cette journaliste ou ce cadre d'un grand parti politique se retrouver immigré en demande d'asile où dans tout les cas même si la demande d'asile est accepté ne retrouvera jamais la place qu'il avait dans sa société d'origine est terrible.
C'est vraiment un très beau film, simple, juste, plein d'humanité qui jamais ne prend parti parce que l'on ne s'élève jamais au dessus des voix qui résonnent, on ne s'éloigne à aucun moment des personnages.
Un seul petit bémol pour les intermèdes hors de la Cafda pas nécessaires selon moi (à part le premier plan et la scène géniale de la manif des sans-papiers avec la réplique géniale du Tamoul "on dirait qu'ils dansent").
5/6

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MessagePosté: 18 Avr 2011, 03:04 
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- J'ai enchaîné direct ce film après un autre (le Kawase).
- Je l'ai regardé alors que j'avais manqué les premières minutes.
Pourtant je fais absolument jamais ça. Mais je suis tombé dessus en zappant, : j'ai été scotché, impossible d'arrêter. Il faudra que je re-choppe ce début. Bref...


Ce film c'est un ring. C'est hyper violent sans être une seconde pathétique ou misérabiliste. C'est un morceau de république brute.

Et putain, c'est très dur avec la France et ses lois, et en même temps il y a un potentiel utopique incroyable. Le film qui te donne envie de recroire à ton pays, te rappelle ce vers quoi il peut encore tendre... Le plus fort, c'est sans doute la relation entre les assistantes et leurs familles, houleuses, violentes, brutales, colériques, et pourtant menées avec une telle volonté de fer. Un côté maternel, vraiment, comme le fait remarquer un perso, avec ses incroyables maladresses, qui s'emporte de ne rien pouvoir faire. Autre chose super forte : cette façon de sous-titrer ou pas, de soudain nous faire passer du côté intime du couple, de faire tomber brusquement son statut d'immigré pour se retrouver avec lui, isolé, dans l'incompréhension la plus totale de ce qui va advenir. Le film sait vraiment être terrifiant quand il fait ça.

Le lieu est improbable, une sorte de Babel-chaos où à chaque confrontation on sent la nation en gestation. Les rares plans qui montrent les immigrés dans la rue effrayent d'abord : on a vraiment l'impression qu'on les relâche dans une jungle. Le métro parisien de nuit ressemble à un prédateur de passage... Et progressivement, à travers leurs yeux, timidement, de derrière les vitres des transports en commun, on redécouvre le pays. Une scène frappante, dans la voiture qui trimballe une famille : les enfants déjà, qui connaissent à présent leur quartier "c'est pas Chapelle, là ?". Puis la voiture qui stoppe devant une manifestation. La femme qui regarde, sans tout à fait comprendre, peut-être. Et qui lâche : "On dirait qu'il dansent"...

Docu MAGNIFIQUE. Il y avait donc des putain de bons films en 2010.


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MessagePosté: 18 Avr 2011, 07:35 
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Ah il est passé à la télé?
Cool !

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MessagePosté: 18 Avr 2011, 08:03 
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Tom a écrit:
Docu MAGNIFIQUE. Il y avait donc des putain de bons films en 2010.


(maintenant, si tu veux continuer sur ta lancée docu de 2010, faut voir Commissariat, Je voudrais aimer personne, Le Plein pays...)

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MessagePosté: 18 Avr 2011, 11:22 
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Sur les chaînes cinéma de canalsat en fait.
Commissariat c'est le prochain sur la liste, j'avais déjà bien envie de le voir à l'époque !


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MessagePosté: 18 Avr 2011, 11:34 
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Ces jours-ci il faut voir L'autobiographie de Ceausescu sur lequel j'ai rien le temps d'écrire et que dpsr a pas aimé et c'est un masterpiece!

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MessagePosté: 18 Avr 2011, 16:35 
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Zad a écrit:
Ces jours-ci il faut voir L'autobiographie de Ceausescu sur lequel j'ai rien le temps d'écrire et que dpsr a pas aimé et c'est un masterpiece!


Les arrivants ça touche au génie, Autobiographie c'est fastoche avec son montage fantoche conçu avec deux tubes de u-hu.


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MessagePosté: 18 Avr 2011, 17:37 
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Mon Dieu... Bon, preuve qu'il faut que je trouve le temps d'écrire un truc.

Ou alors lisez l'excellent papier de Brenez dans les Cahiers du mois.

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MessagePosté: 18 Avr 2011, 18:13 
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Zad a écrit:
Mon Dieu... Bon, preuve qu'il faut que je trouve le temps d'écrire un truc.

Ou alors lisez l'excellent papier de Brenez dans les Cahiers du mois.


Arrête Zad, tu sais très bien que tu mets 6 simplement parce que c'est un film sur un dictateur qui a l'air d'un gland.


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MessagePosté: 18 Avr 2011, 18:36 
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5,5.

Tu sais bien que tu n'aimes pas parce que c'est un film trop compliqué pour toi.

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