Forum de FilmDeCulte

L'histoire vraie de Crulic, un Roumain de 33 ans, absurdement mort dans une prison polonaise à la suite d’une grève de la faim consécutive à une erreur judiciaire.

Malgré avoir gagné à Annecy et la présence de Sandrine Bonnaire à la narration, ce film d'animation roumain est sorti en catimini dans des salles confidentielles (je devais pas avoir remis les pieds au cinéma de la clef dans le 5e avec sa programmation alter depuis au moins dix ans). C'est dommage tant il est rare de voir l'animation se frotter si ouvertement au sujet politique, là on pourrait même parler de devoir de mémoire vu les quinze cartons au début qui répètent que le financement vient du gouvernement roumain. Collage kaléidoscopique entre dessin et photo, Crulic documente une grève de la faim fatale avec un désenchantement permanent au bord de l'asphyxie qui rappelle la mort de dante lazarescu ou Vénus noire. Réquisitoire archi-plombant contre les lenteurs administratives et l'indifférence judiciaire (mais aussi finalement sur l'absurdité médiatique, où l'affaire Crulic a finalement ressurgi trop tard après sa mort, visiblement plus intéressé par la posture du martyr), le film s'autorise quelques échappées poétiques mais en restant dans une tristesse permanente au seuil de la plombance (on comprend l'humilité à ne pas jouer le suspense sur un sujet pareil, mais on rappelle aussi toutes les cinq minutes que malgré son action désespérée pour clâmer son innocence, il finira par crever). Poids plume par rapport à Ari Folman, Anca Damian évite le pathos et les bonnes intentions mais devra convaincre pour son prochain long qu'il peut aller au-delà de son traitement un peu trop rugueux.
4/6