Forum de FilmDeCulte

Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l'enterrement de Christophe, son ami d'enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les événements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

Un peu déçu face à la réputation qu'a gagné le film depuis Cannes. Si j'aime beaucoup l'espèce de naturalisme du film qui fait que tout paraît très crédible, les discussions ont semble-t-il une part d'improvisation, il y a quelque chose de très brut (le petit côté Un prophète), très frontal et littéral (les discussions assez passionnantes sur l'engagement nationaliste), l'ensemble reste finalement assez classique dans une construction spirale de violence qui surprend pas beaucoup même si elle est efficace et qu'on voit les personnages principaux s'enfermer dans une espèce de fuite inexorable vers une mort qui n'a pas vraiment de sens.

Après c'est globalement très réussi dans son ambition, les acteurs sont tous géniaux et j'aime bien comme tout le discours indépendantiste se fond dans le cours du film sans jamais devenir pesant ou reposer sur des artifices folkloriques (je m'attendais à un film beaucoup plus "corse" que ça, mais ça mais à part une superbe chanson à un moment, le film reste très soft là dessus finalement). Le dernier plan et plus globalement la dernière scène est géniale. Excellente idée de finir sur

4/6

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CroqAnimement votre

Tu donnes envie, Les apaches était déjà très réussi.

Encore un de ces films français qui prend un sujet potentiellement cool/populaire et le traite avec ce trop-plein de retenue (oxymore) qui fait que t’arrive jamais vraiment à te passionner pour ce que tu vois. Il y a pourtant moult choses fascinantes: le traitement réaliste et non-folklorique de la jeunesse corse (De Peretti en interviews insiste beaucoup sur le fait qu'en tant que jeune corse il avait exactement les mêmes références culturelles que les gens du continent et le film le montre un peu), les scènes de tchatche véridiques et captivantes, et surtout cet accent corse inimitable, qui casse les codes du jeu à la française, rendant chaque réplique toujours intéressante à entendre.

Malheureusement, on reste trop à distance selon moi, avec une mise en scène trop sobre et monotone pour vraiment me captiver. C'est un film d'auteur bien sérieux et contenu, ça manque de fièvre ou d'envolées.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui c'est pas faux non plus. Un certain déficit d'émotion lié à cette distance, à ce refus de la surdramatisation

Sinon l'accent oui c'est assez fascinant. Cette façon de dire "Ce qu'tu veux" au lieu de "C'que tu veux".

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CroqAnimement votre

Je ne comprends pas vraiment ce complexe du Corse par rapport aux gens du continent qu'on lit dans les interviews de Peretti.
C'est un complexe provincial, mais corse ?

Est-ce que tu as aimé le dernier film de De Peretti? Tu as commencé de le voir à partir de 1H04?

On y pense forcément, d'autant plus que les deux films sont complémentaires, la représentation du milieu mafieux corse est quasi totalement absente ici. Mais il renvoie aussi à Nocturama, même jeunesse sacrifiée sur l'autel d'idéaux qui ne leurs appartiennent pas. Je me suis d'ailleurs fait la réflexion qu'une fusion de Peretti/Bonello serait intéressante, prendre les qualités de metteur en scène de l'un (je l'ai déjà dit, mais s'il n'y avait son traitement débile et creux Nocturama pourrait être un très grand film) et la profondeur du traitement de l'autre. Parce que comme vous le dites, la réalisation de de Perretti c'est vraiment pas folichon. C'est tout plat, sans relief, ça manque cruellement de personnalité. Les acteurs sont bons (pas plus, le casting manque cruellement d'une ou deux figures vraiment charismatiques, surtout pour les leaders nationalistes), le sujet intéressant, même s'il aurait également gagné à se recentrer un peu plus. On sent que le metteur en scène a voulu être le plus exhaustif possible, quitte a inclure des persos qui sonnent creux (la mère par exemple) ou des scènes pas franchement réussies (la scène tardive avec la mère et ses copines - scène particulièrement longue et pesante, la visite à Paris avec le chauve pour montrer les liens avec le milieu politique). Il y avait clairement moyen de faire beaucoup mieux.

3/6

Wow la sévérité de ce topic. J'ai beaucoup aimé même si c'est encore plus diesel qu'A son image, qu'il faut se faire à ce jeu quasi amateur et monocorde, à la mise en scène ascétique (ces deux éléments renvoyant à Bresson). Mais une fois qu'on y est, on y est vraiment, le décor est planté avec un naturel confondant, ce qui rend la spirale vers la violence à la fois très crédible et très choquante. A la fin, je suis vraiment comme un parano avec le perso, à regarder les coins de rue si je vais pas me faire descendre.

Et puis j'ai aussi aimé le regard porté sur un idéalisme violent qui vaut tout de même mieux qu'une violence de pure crapule, de mafieux qui lorgne vers la Sicile. J'ai appris pas mal de trucs de ce point de vue-là, et le film est sans doute plus précis sur l'indépendantisme, ses réseaux, ses raisons qu'A son image. Je préfère quand même ce dernier, dont l'évocation mélancolique et le personnage qui fait un pas de côté me parlent davantage. Mais sacré dyptique et fallait être humble pour adapter un roman qui se veut complémentaire, après avoir fait ce film-ci. Respect.

J’avais le sentiment d’être un passé à côté à sa sortie, je l’ai revu juste avant son dernier (et juste après Les Apaches) et c’est maintenant assez clairement celui que j’apprécie le plus. J’aime beaucoup sa sécheresse et ses personnages à l’image de leurs idéaux, très raides. Aucunes fioritures dans la réalisation, une description d’une grande justesse et sans concession de l’impasse dans laquelle les mouvements indépendantistes corses se sont retrouvés.