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MessagePosté: 14 Mar 2011, 01:36 
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Giulietta degli spiriti en VO

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Giulietta, la quarantaine passée, mène une vie de femme au foyer au sein de la bourgeoisie italienne. Ses parents et sa famille la distraient d’un univers aseptisé, mais son mari la délaisse, multipliant les excuses pour s'échapper. Alors que les indices de son infidélité se multiplient, Juliette se noie progressivement dans un univers mental et fantasmagorique, au point que la frontière avec le monde réel en vient à disparaître...


Je suis mitigé face à ce film qui réunit ce que j'admire le plus et ce qui me hérisse le plus chez Fellini. Le cortège attendu de visions décadentes et bouffonnes n'a sans doute jamais été aussi fatiguant... Si la filmo les intègre souvent dans un mouvement plus large qui en tempère l'aspect potentiellement hystérique (le parfum nostalgique enveloppant d'Amarcord, la dimension mythologique et macabre de Satyricon), Juliette des esprits se focalise au contraire sur ces trouvailles et diarrhées de dialogue : dans cette sorte de psychanalyse intérieure que raconte le film, leur rôle est justement d'être parasitaires, envahissantes, épuisantes. Comme un mal de crâne ou une fièvre, qui se décharge dès la première scène dans la sage maison de poupée pour ne la quitter qu'après deux heures, au terme d'une expulsion forcée...

Ne menant pas toujours bien loin (c'est certes aussi l'idée, ce surplace, mais j'ai toujours l'impression qu'infliger le tournis des personnages au spectateur, d'une façon purement physique visant à l'exténuer, constitue une facilité peu élégante), le délire "d'auteur" en roue libre frappant régulièrement le film se fait ainsi particulièrement pénible quand il se résume à de simples idées de direction artistique, à un foutoir à peine organisé : les deux visites chez la voisine, interminables, comme le premier passage chez le boudhiste, rendent la vision bien longue.

Et c'est quelque part assez surprenant quand on voit la qualité extrême de certains autres passages, notamment l'impressionnante ouverture, long tour de force (lui-même dominé par son premier-plan séquence) où Fellini ne lâche pas la scène une seconde, menée tambour battant avec une fluidité spectaculaire. Comme un jaune d'œuf passant d'une main à l'autre, le spectateur est renvoyé d'un dialogue à un mouvement, d'un son intriguant à l'irruption d'une amorce dans le cadre, d'une situation à un personnage qui déjà la commente, d'un point de vue à un autre. Cette longue séquence, qui donne l'impression d'un orchestre qui s'accorde (Juliette qui réfléchit, pendant que les esprits parlent, pendant que le mari fait le clown dans le jardin...) est justement un cas parfait de chaos pris en main, chemin tortueux et réfléchi plongeant l'héroïne aux enfers dans une progression parfaite, jusqu'à l'anathème finale d'un esprit venu annoncer l'adultère.

Le personnage de Juliette, plus que les visions qui l'assaillent, est de toute façon ce qui fait resplendir le film de manière générale - dès ce plan où, plongée dans le noir, Giuletta Masina esquisse un sourire hésitant et plein d'espoir à l'arrivée de son mari : cette douceur fait respirer le film. C'est dans ce portrait finalement si simple de femme amoureuse, dans ce petit îlot que constituent la demeure et son duo touchant de servantes enfantines, que Fellini déploie réellement la richesse de sa mise en scène. Le déchaînement baroque est alors tenu à la bonne distance, amené dans le récit par l'intermédiaire de doux effets de lumière et de découpage, via une étrangeté générale qui rend le réel poreux sans pour autant donner le fantastique en spectacle. La pudique et douloureuse séquence au projecteur chez les détectives, la conversation finale à distance avec le mari à table... tous ces moments relativement sobres ne renoncent absolument pas à la dimension onirique que le film souhaite préserver, bien au contraire. Et il y a alors à l'œuvre un tel talent, une dimension qui me touche tellement plus en tant que spectateur, que j'ai du mal à comprendre pourquoi Fellini préfère souvent se rabattre sur l'habituelle foire orgiesque en décomposition, tour de manège sans surprises qu'il a bien mieux mené ailleurs dans sa filmographie.


4,5/6


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 14:07 
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Je l'avais maté pour entendre la musique que GVS a utilisé dans Paranoid Park.
Et j'avais trouvé ça chiant comme tout. Fellini et moi, ça fait rarement la paire, ceci-dit.


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 14:13 
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C'est d'ailleurs passionnant de voir comment on peut comprendre Paranoid Park comme un "remake" (ou une réinterprétation) de Juliette des esprits. Ça l'éclaire sous un nouveau jour assez réjouissant.


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 14:53 
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Gerry a écrit:
Et j'avais trouvé ça chiant comme tout. Fellini et moi, ça fait rarement la paire, ceci-dit.

Pour ceux qui ont du mal avec la veine onirique et sur-auteurisante de Fellini, je recommande surtout ses premiers films comme "La Strada" mais surtout "Les Nuits de Cabiria" et "Les Vitelloni", à mes yeux ce qu'il a fait de plus beau.


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:07 
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Gerry a écrit:
Et j'avais trouvé ça chiant comme tout. Fellini et moi, ça fait rarement la paire, ceci-dit.

Pareil.

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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:16 
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Prout Man a écrit:
Gerry a écrit:
Et j'avais trouvé ça chiant comme tout. Fellini et moi, ça fait rarement la paire, ceci-dit.

Pour ceux qui ont du mal avec la veine onirique et sur-auteurisante de Fellini, je recommande surtout ses premiers films comme "La Strada" mais surtout "Les Nuits de Cabiria" et "Les Vitelloni", à mes yeux ce qu'il a fait de plus beau.


Ginger et Fred, qui est son avant-dernier il me semble, c'est absolument magnifique aussi.
De toute façon, Fellini c'est un coup oui, un coup non, c'est pour ça que j'ai du mal à avancer dans son oeuvre. Certains films sont vraiment transporté par la folie créatrice, et d'autres on sent bien que c'est plutôt lui qui tente de transporter la folie, et là ça devient un peu pénible, oui.

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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:18 
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Tetsuo a écrit:
Ginger et Fred, qui est son avant-dernier il me semble, c'est absolument magnifique aussi.

Oui, je confirme. C'est d'ailleurs mon préféré parmi ses derniers films, et de loin. (bon, j'ai pas vu "intervista")


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:22 
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Et vogue le navire, quand même ! Mon préféré je crois (pas vu Ginger et Fred)


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:24 
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Prout Man a écrit:
Gerry a écrit:
Et j'avais trouvé ça chiant comme tout. Fellini et moi, ça fait rarement la paire, ceci-dit.

Pour ceux qui ont du mal avec la veine onirique et sur-auteurisante de Fellini, je recommande surtout ses premiers films comme "La Strada" mais surtout "Les Nuits de Cabiria" et "Les Vitelloni", à mes yeux ce qu'il a fait de plus beau.


La Strada, oui c'est sympa.
Après, je ne suis pas en complet rejet, mais même ceux que je préfère (Roma, Amarcord, Et vogue le navire), ce n'est jamais d'un amour inconditionnel.
Et les autres, La Dolce Vita, Juliette des esprits, Huit et demi, ça m'emmerde à un point...


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:29 
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C'est quand même super super bien réalisé... C'est frappant dans Juliette. Effectivement, l'insert de "trouvailles" fantasmagoriques peut être super irritant et factice (ca dépend des goûts, des périodes aussi pour moi), mais ca doit pas gommer l'énorme talent de découpage, de réalisation de ce réal. C'est vraiment du très haut de gamme...


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:31 
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Schtroumpf sodomite
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Tom a écrit:
Et vogue le navire, quand même ! Mon préféré je crois (pas vu Ginger et Fred)


Pas vu (mais j'en ai pas entendu du bien).

Dans le genre délire qui part en couille, j'adore son Casanova, j'adore comment en cour de route il se met à éprouver de la compassion pour un personnage qu'il méprisait au départ, et comment ça lui échappe totalement. Je crois que ses meilleurs films sont ceux qu'il ne maîtrisait pas.

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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:35 
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E la nave va, c'est riche.

Après, le seul de ses films que j'ai apprécié sans avoir besoin d'une analyse en cours, c'est Amarcord. Et peut-être Les Vitelloni.

Les autres, même La Dolce Vita ou 8 et demi, ça me gaaaaaaave.

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MessagePosté: 14 Mar 2011, 15:38 
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Film Freak a écrit:
E la nave va / Amarcord

Oui voilà, ca marche beaucoup mieux dans ce genre de films plus doux, plus apaisés, moins obsédés par l'originalité des idées qu'il vont pouvoir aligner.


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MessagePosté: 14 Mar 2011, 20:38 
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J'avais bien aimé celui-là je crois, même si je me rappelle l'avoir trouvé un peu long. Et par contre j'aime beaucoup La dolce Vita ou Huit et demi, ainsi que les Vitelloni.


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MessagePosté: 15 Mar 2011, 17:18 
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tape dans ses mains sur La Compagnie créole
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J'aime beaucoup 8 1/2, La Strada et Les Nuits de Cabiria... Et j'adore vraiment Amarcord.

Voilàvoilà

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