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MessagePosté: 01 Juin 2008, 21:29 
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Successful superfucker
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Santiago, Chili, 1979. En plein dans le contexte social difficile créé par la dictature de Pinochet, Raùl Peralta est obsédé par Tony Manero, nom du personnage de John Travolta dans La Fièvre du Samedi soir, à qui il veut ressembler. Raùl crée un spectacle de danse dans un night-club de banlieue. Tous les samedis soirs, il donne libre cours à sa passion pour la musique disco en imitant son idole. Il entend parler d'un concours d'animateurs dans une émission de télévision. C'est peut-être sa chance de devenir une star du showbiz. Son désir de reproduire à l'identique l'atmosphère du film et de reconstituer chaque détail des costumes le conduit à commettre une série de crimes. Pendant ce temps, ses partenaires de danse sont persécutés par la police secrète du gouvernement.

Après l'Iran, c'est au tour de l'Argentine de prendre le creux de la vague. Avec ce Tony Manero crapoteux et complètement gratuit, qui se contente d'aligner ses scènes de violence pulsionnelle tous les quarts d'heure ou de verser dans le côté provoc pour servir sa figure d'antihéros qui frappe des vieilles, baise les plus jeunes et chie partout. Sous prétexte de salir l'image à tout prix et de rajouter dans le pathétique, PLM charge trop la mule, même s'il se débrouille un peu mieux quand il délaisse le trash (il filme bien les chiens notamment *'gnifique*) un peu trop attendu pour réellement choquer.
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MessagePosté: 02 Juin 2008, 00:31 
S'il est tout à fait légitime de reprocher à Tony Manero un certain manque de finesse, c'est pour moi une très réjouissante farce macabre qui peint le portrait féroce d'un loser détestable et pathétique, incarné par l'excellent Alfredo Castro. Tout cela aurait été complètement gratuit s'il n'y avait pas en toile de fond le régime du dictateur Pinochet, pouvant expliquer l'obsession du personnage à vouloir ressembler à son modèle comme une sorte d'échappatoire absurde. Et le style poisseux et sale convient bien à ce film nerveux qui va jusqu'au bout de ses idées, quitte à frôler le ridicule.

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MessagePosté: 16 Fév 2009, 17:30 
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Etrange ce film, brut, aucune consensualité ne vient entacher l’aspect totalement glauque de l’ambiance. On suit un anti héro obnubilé par John Travolta dans la Fièvre du samedi soir ; un pitch qui pourrait laisser présager une comédie, il n’en est rien. On est bien dans un drame, dans le pathétique, un homme qui se bat pour reproduire la danse et le décor de « La Fièvre » pour participer à un concours du meilleur sosie de John Travolta. Une quête absolue pour la réussite et la reconnaissance individuelle, projet déjà ruiné par le fait qu’il veuille s’épanouir par un autre; c’est indirectement un film sur le chili sous Pinochet, même si le nom de Pinochet n’est cité qu’une fois dans le film. Cette quête de reconnaissance sera donc accompagné par la frustration, un personnage contradictoire fera place à cet homme tranquille qu'on pensait voir au départ (j'en dis pas trop pour pas spoiler le minimum de surprise du film au cas où quelqu'un d'autre le voit).
Un film sur la confrontation de la lumière du cinéma américain et de cette lourdeur ambiante. D’ailleurs ça donne des images fortes : La construction d’une boule à facette avec du verre brisé collé sur un ballon de foot, le héro qui passe à travers le plancher (il cherchera à fabriquer le sol en verre du film avec Travolta)…

Le film laisse quelques belles séquences, des séquences où le cinéaste met en avant le non épanouissement du héro, déjà durant les danses où le corps est lourd contrairement à celui de Travolta dans le film original. Puis deux séquences de baises où le héro n’arrive pas à bander… Donc au final c’est dans ces quelques séquences que se concrétise l’idée du film, des séquences assez parlantes malheureusement entourées par un reste assez brouillon et maladroit au niveau de la représentation, j’étais assez perdu… on sent que le cinéaste désire insister sur le glauque et le pathétique et qu’il s’arrête trop souvent à ça, alors que les séquences citées plus haut laisse entrevoir qu’il aurait pu faire quelque chose de plus percutant.

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MessagePosté: 19 Fév 2009, 06:12 
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Perso, j'ai trouvé ce film assez vertigineux, dans sa manière de ne se retourner sur aucune des victimes de Raùl. Disons que le jugement des actes du "monstre" nous est épargné, que n'importe au final que l'incarnation crue de ces actes, le mouvement obtus, très "cash" de cette figure. Je trouve surtout Larrain bluffant dans la totale absence de cynisme de son regard, rien de surplombant ici. Son regard sur ce monde-là, ce type de personnage-là, dans ce contexte socio-politique-là est à mon sens exempt de toute fatalité. Moins qu'une fin de monde, ce serait le simple - et très sobre - suivi d'une trajectoire singulière, au mouvement difficile à anticiper (du l'attrait à l'incertaine appropriation d'un corps, un objet...), que nous propose Tony Manero.

J'aurais bien tendance à lui accorder un beau 5,5.

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MessagePosté: 19 Fév 2009, 09:34 
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Yeah sid, enfin tu te décides.
Je suis assez étonné, je ne trouve pas le film si vertigineux que ça, avec souvent des raccords maladroits qui viennent justement bloquer ce vertige (sauf pour les quelques séquences dont j’ai parlé plus haut). En fait là où le film est le plus saisissant à mon sens, c’est quand il se pose, quand il prend le temps de bien construire son idée et que le brouillon formel ne sert plus de prétexte au glauque… par exemple cette séquence où il voit la vieille se faire attaquer dans la rue, je dis pas ce qu’il se passe (même si tout le monde se fout de se film ici), là il y a une idée construite, le cheminement qui nous dirige vers le paradoxe final de la séquence, il va secourir cette dame mais… Du coup tu dis que le film n’est pas fataliste, je suis pas sur d’être d’accord, on aperçoit ce personnage triste qui regarde par la fenêtre, on peut espérer qu’il soit en décalage par rapport à la tristesse ambiante, qu’il en est l’observateur désarmé, mais non, il est pareil voir pire… je trouve qu’on est quand même pas mal du côté du fatalisme et du pathétique, et le fait qu’il ne soit pas du côté du cynisme renforce encore plus cette impression.

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MessagePosté: 19 Fév 2009, 19:03 
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C'est vrai que le film est un peu raide. Et l'acteur ressemble tant à Al PAcino que j'ai eu du mal à le coller au délire travoltien.


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MessagePosté: 20 Fév 2009, 08:12 
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Oui, on peut dire que Raùl ne rachète pas ses contemporains, qu'il est, davantage encore que le régime politique qui modèle son comportement, symbolique d'une totale clôture quant à toute "opposition" à son système de pensée. Mais comme tu l'as justement souligné, avec l'exemple de la vieille dame, il y a tout de même dans l'approche de Larrain une grande place laissée à l'incertitude, au doute quant à l'aboutissement d'une situation donnée. J'étais par exemple persuadé, suite à son acte de départ, très soudain, que le film serait un enchainement de temps forts du même genre, la chronique un peu pétaradante d'une violence quotidienne. Or, lorsqu'une nana le met plus bas que terre, l'insulte, se moque un peu de lui après qu'il ait bandé mou, à la tension de la scène ne succède pas forcément l'explosion escomptée (on n'est pas dans Los bastardos, disons :D ).
Surtout, la fin ouverte est pour moi la meilleure qui soit pour pareil film : il est possible que le gars poursuive sa pente criminelle, se réapproprie ce qu'il lui semblerait être son dû... et en même temps... who knows ?
Ceci dit, je comprends ton impression d'un scénario un peu "brouillon". Mais n'est-ce pas aussi l'incroyable crudité de certaines situations, soulignant son extrême bassesse, qui t'as laissé perplexe... car j'ai quand même toujours eu l'impression que le cinéaste restait tout du long assez maître de son spectacle de l'horreur, qu'il y avait derrière toute ses images une pensée de chaque instant, un vrai regard... :o

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MessagePosté: 20 Fév 2009, 10:26 
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Je crois que c’est plus comment cette crudité est exposée qui m’a dérangé, pas la crudité elle-même. En fait je comprends pourquoi tu as aimé, ces personnages symptômes sont intéressants, et les nuances dont tu parles sur ses accès de violence également (j’aime bien le film de toute façon), mais pour moi tout ça reste assez complaisant dans la description de l’horreur justement. Cette manière de saisir une idée, politique qui plus est, et de rester dessus sans l’approfondir (sauf dans les quelques séquences que j’évoque plus haut), une grande partie du film reste uniquement une accumulation de glauque et de déréliction, pas de renouvellement d’une séquence à une autre, ce genre de film qui répète continuellement la même idée sans la modifier me dérange beaucoup (pas le bon dérangement on va dire, c’est du glauque pour du glauque, du triste pour du triste), c’est pareil avec The Wrestler, qui lui est pire car je le trouve assez consensuel.
Par contre, comme tu dis, la fin est très bien, que ce soit la séquence du show où on reste centré sur son visage, une très bonne représentation du spectacle obsessionnel avec pour finalité le soi, toujours se toucher soi même… mais là il radicalise juste tout ce qu’on ressentait depuis le début, le film n’a pas bougé, pas avancé, pour moi ça manque d’une réelle acuité politique, même si j’ai bien aimé la proposition.
Sinon le côté brouillon c’est surtout dans la mise en scène qu’il m’a gêné, ou plutôt dans le montage, les idées ne sont pas foisonnantes, l’important c’est que ce soit glauque, que nous dit ce glauque ? Pas grand-chose, c’est un film a effet, tu as bien raison de parler d’horreur, c’est comme un film d’horreur qui se contente de faire peur, sans trop réfléchir au pourquoi du comment.

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MessagePosté: 21 Fév 2009, 02:06 
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Titilleur
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Inscription: 07 Jan 2009, 18:45
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Tu remarques en tout cas que Tetsuo était un peu à côté de la plaque (comme toujours, d'ailleurs, c'est un peu le grand drame de sa vie :lol: ... :wink: ).

Nan, j'voulais dire que finalement, ben niveau extension de dialogues ciné, on s'en sort quand même pas mal... même si tu n'est plus vraiment Tippi boy... :(

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MessagePosté: 21 Fév 2009, 09:50 
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Inscription: 01 Mai 2007, 12:27
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Ah Tippi reviendra, elle le vit mal mais ce n'est pas mon seul amour. :wink:

Sinon pour Tets, il s'était en effet bien planté ce vieux con.

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MessagePosté: 09 Mar 2016, 21:25 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Malsain, glauque, profondément sombre et porté par un acteur dément, Tony Manero est un parfait résumé du travail de Pablo Larrain. C'est noir et c'est fort. L'immoralité du régime de Pinochet finit par transformer les hommes en monstre.

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