Forum de FilmDeCulte

Quatre hommes vivent dans une maison isolée au bord de la mer. Chacun d'eux a un péché à expier, et ils sont placés sous la direction d'une concierge. Lorsqu'un cinquième homme arrive, il réveille les péchés enfouis par les quatre précédents.

Après la parenthèse comique inattendue de No, Larrain retourne au jeu de massacre qui caractérisait Tony Manero et Post Mortem avec ses personnages plus détestables et irrécupérables les uns que les autres et son sens d'esthétisation de la laideur qui franchit un nouveau palier grâce à une photographie nocturne stupéfiante et un emballage musical implacable (tartines d'Arvo Pärt). El club, c'est une maison reculée où ont été envoyés en quarantaine des religieux pédophiles exfiltrés par l'église, et le moins qu'on puisse dire c'est que la plupart ne sont pas rongés par le remord et se comportent comme des fonctionnaires en retraite dans leur maison de campagne plutôt qu'en pénitents acculés au purgatoire, dont l'équilibre se retrouve menacé quand un prêtre vient enquêter sur eux avec comme dessein de fermer leur lieu de villégiature. Peu porté sur l'auto-flagellation, Larrain continue à avoir la main lourde niveau psychologie des personnages, notamment avec une victime d'abus dont une réplique sur deux confine au priapisme. Mais impossible de ne pas voir dans ce huit-clos époustouflant de noirceur, effrayant de vilénie, glaçant de pathétisme au-delà même de sa charge anti-cléricale au vitriol, sa proposition de cinéma la plus radicale et intransigeante.
4/6

4/6
L'ouverture place tout de suite la barre très haut sur du Arvo Pärt. On est ici dans du drame métaphysique dont la trivialité de certaines situations et dialogues ne doit pas cacher le fond de la chose: la pédophilie des prêtres ou, plus encore, la culpabilité et la repentance. Par séquence, c'est très fort. Dommage que la forme dogme ne soit pas des plus stimulante et que parfois trop d'humour sorte du film. C'est quelque chose.

(on s'est raté)

J'avais un peu peur au vu du pitch mais Pablo Larrain se sort admirablement de ce sujet lourd en trouvant la bonne distance. A bien des égards, le cinéaste me fait légèrement penser à Bunuel par la cruauté dont est nimbée le film. Portrait au vitriol de ces maisons où l'église terre ces religieux criminels qui l'embarrasse, le film démarre très fort dans sa première demi-heure et de manière générale je suis très admiratif du scénario avec ses rebondissement assez brutaux qui ne laisse jamais le spectateur dans le confort.

Le dernier quart d'heure pourra décontenancer, moi je le trouve assez fort dans ce qu'il propose à partir du moment des chiens. Un mot sur la mise en scène très travaillée avec une image qui tire vers le grisâtre (pellicule d'une qualité soviétique disent ses détracteurs sur le net) et qui colle parfaitement à l'enfermement mental que souhaite décrire Larrain. Ce n'est pas un hasard si le film se passe quasiment à l'aube ou de nuit. A ce titre, le travail sur la lumière est remarquable. Bref, j'y allais à reculons mais au final je trouve le film passionnant et son ours d'argent largement mérité. Même si on peut discuter de la qualité des Berlinales, il y avait quand-même en son année Greenaway, Herzog, Malick, 45 years et Taxi Teheran qui a eu l'ours d'or.

Il faut absolument que je rattrape Tony Manero, Pablo Larrain est vraiment le cinéaste sud-américain qui me stimule le plus actuellement. Pour ceux qui ont adoré No, c'est un peu le versant noir mais le film n'est jamais glauque ou pesant avec son énergie et son humour cruel et grinçant.

4,5/6

Tu vas te régaler avec Neruda.
Jackie a l'air très bon aussi..

Bizarrement j'avais rejeté en bloc ce El Club, alors que j'adore les autres..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Film très singulier, traversé comme rarement d'un ambiance délétère et d'une désespérance à se flinguer. J'avais trouvé ça un peu complaisant presque dans l'horreur de ces personnages détestables mais il m'en reste quand même pas mal de choses. Larrain est vraiment un cinéaste passionnant, très hâte de voir Neruda et Jackie.

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CroqAnimement votre

Cinéaste que j'avais un peu découvert au hasard avec Santiago où je m'étais pris une vraie claque. Je comprends qu'on aime pas, après comme tu le décris Art j'aime bien cette ambiance désespérée qu'il arrive à mettre en place. Pas que je suis dépressif mais je trouve celle-ci d'une rare puissance dans le cinéma actuel.