Forum de FilmDeCulte

Cleopatra en VO.



En conquérant l’Égypte, César conquiert le cœur de Cléopâtre avec qui il revient, triomphant, à Rome. Mais ses ambitions monarchiques sont vues d'un mauvais œil par les sénateurs...


Assez déçu, alors que j'en étais arrivé à vraiment faire confiance à DeMille les yeux fermés. Les images du générique d'ouverture, fonçant tête baissée dans les fantasmes (d'immensité, d'exotisme, de légendaire), laissent vite place à une comédie en chambre désarçonnante. Voir César s'amuser en boudant avec ses jouets, imperturbable aux avances potaches d'une Cléopâtre de vaudeville, lance le film sur des rails iconoclastes qui laissent un peu dubitatifs, quand le film passera le reste du temps à essayer de regagner le mythe dont il s'est d'abord coupé.

DeMille reste assez génial pour suggérer au détour d'un plan l'immensité d'un décor, d'une société, mais son film peine assez bizarrement à faire "résonner le monde" au tempo de sa romance, à filmer les échanges et micro-péripéties comme révélatrices d'un plus grand dessein, et les épisodes phares du récit peinent à être investis narrativement. Pour donner le change, on nous joue pourtant la grande bataille du masculin et féminin, en utilisant Rome (masculine, martiale, idiote) et l'Egypte (féminine, hypnotisante, sournoise) comme avatars maousse, avec forçages de porte, grands chiens en laisse, et tout le toutim métaphorique. C'est peut-être pour cela que le film est finalement plus apte à créer de grands tableaux symboliques, dont les personnages se font d'ailleurs eux-même souvent les spectateurs (voir toute la première nuit avec Antoine qui, des "palourdes" au final, est assez hallucinante). Mais dernière le show de ces visions puritaines fulgurantes (païens suintant le sexe, grandeur tachée de sang), la romance reste très carton-pâte, trop en tout cas pour qu'on s'y investisse, et le tragique peine à se frayer un chemin entre une Cléopâtre qui minaude (Colbert exploitée sur son versant le plus espiègle) et un Marc-Antoine niais.

Ça reste paradoxalement une démonstration assez imparable du talent de DeMille, mais je me suis un peu fait chier.


Concernant le DVD (Mep Vidéo) : de l'extérieur il ne paie pas de mine, et faut pas y faire gaffe car l'image est sublime. Aucun bonus, par contre.

J'ai trouvé ce film assez mou si ce n'est pas dire de trop. Quand on connait le Monsieur, le réalisateur du siècle précédent qui s'était fait davantage qu'un nom, on ne peut qu'être perturbé par le rendu final. Dommage dans l'ensemble, la seule chose qui me passionnait pour l'époque, c'était les décors, le rappel de l'Egypte Antique, bien qu'elle soit suffisamment réduite dans Cléopâtre. Pourtant, il y a vraiment des choses à exploiter dans cet univers mythique, légendaire, je pense à tout cet empire ésotérique. En fait, Cecil B. DeMille n'avait peut-être pas compris l'ampleur du projet en 1934 ?

3/6 (pour les décors finalement)

Impression très étrange d'avoir déjà lu cette critique.

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."