Forum de FilmDeCulte

Nina, 16 ans, rêve d’aventure. En attendant, elle passe l’été entre son village du sud de la France et le parc d'attractions où elle travaille. Juste avant de rencontrer Morad, Nina voit une météorite enflammer le ciel et s'écraser dans la montagne. Comme le présage d'une nouvelle vie.

Beau premier long vraiment singulier qui arrive à se démarquer du reste de la production des jeunes auteurs francophone, ni naturaliste tendance doloriste, ni fantastico-fétichiste, un peu à la manière d'un Virgil Vernier. Faisant le choix d'un format 4:3 pour resserrer notre attention autours des seuls faits et gestes de Nina (excellente Zéa Duprez dont c'est le premier film et que j'espère pouvoir revoir rapidement, je la nommerai bien en meilleur espoir pour les Césars dans le topic de QGJ mais vu la diffusion confidentielle du film ça me semble malheureusement hautement improbable), on la suit entre petit boulot dans un parc d'attraction et ses pérégrinations entre son village à flanc de montagne et Béziers. Le film est assez déroutant initialement, Laguna utilise un montage assez abrupte, où aucune scène ne prend vraiment sens, où l'action n'est jamais assez poussée pour que l'on en saisisse la nature. On est plus dans un ensemble impressionniste, un collage de sensation. Par la suite on comprend que l'unique vrai sujet du film c'est elle, cette jeune femme de 16 ans qui a décidé de quitter le lycée parce qu'elle s'y ennuyait, ses rapports avec les autres, son parcours qui tel celui d'une météorite laissera nécessairement une trace, si petite soit-elle.

Évidemment à un moment on pense à Mektoub My Love, mais si le film de Kechiche est totalement centré sur le rapport de son héros avec Ophélie et Céline, entre désir et amitié, Laguna s'en démarque clairement en politisant beaucoup plus Les Météorites: sans en avoir l'air, il y parle de racisme, de la condition féminine, de précarité, de religion, mais sans jamais s'appesantir sur aucun de ces sujets. Non pas qu'il s'agisse de simples prétextes pour artificiellement "densifier" le film, mais parce que ça n'est pas le cœur du projet cinématographique et qu'il n'est pas non plus nécessaire de les traiter plus que Laguna ne le fait pour les rendre véritablement tangibles.