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1900. De Montmartre à Belleville, Paris est aux mains de gangs ultra violents qui font régner la terreur sur la capitale : les Apaches. Prête à tout pour venger la mort de son frère, une jeune femme intègre un gang. Mais plus elle se rapproche de l’homme qu’elle veut éliminer, plus elle est fascinée par ce dernier.

J'avais lu le scénario que j'avais apprécié mais avec de grosses réserves, lesquelles j'ai retrouvées dans le film. L'idée de donner un coup de jeune aux gangs du Paris du début du siècle dernier en les rendant dangereux et sexy était cool et de ce point de vue-là le pari est relevé: Quirot se déchaîne et se fait plaisir, allant bien au-delà du PEAKY BLINDERS qu'on imaginait pour effleurer les terres d'EUPHORIA.

Cependant, à trop emballer sa plongée dans le Paris de 1900 dans une esthétique tape à l’œil à base de needle drops anachroniques, on finit par se demander... à quoi bon raconter cette histoire ? A quoi bon vouloir mettre en lumière ces fameux gangs dont on parle trop peu si c'est pour totalement dénaturer leur univers ? Le film fait penser de loin au récent RASCALS, mais y a juste pas photo dans la démarche, la recherche d'incarnation, d'ancrage, de raison d'être historique.

Car en effet, on sent que Quirot est davantage parti de sa démarche esthétique que de son histoire. Du coup, on se retrouve avec une belle enveloppe peuplée de poncifs. Une voix-off éculée et sans vraie raison d'être, un enchaînement de séquences déjà vues ailleurs... L'univers est dense et potentiellement riche, mais l'ensemble paraît tellement creux.

Si encore on pouvait se rattacher à la relation centrale entre Alice Isaaz et Niels Schneider, on aurait quelque chose à se mettre sous la dent. Mais ce rapport attraction/répulsion reste en surface et n'est jamais totalement traité. Et c'est pas la galerie de personnages secondaires à peine esquissés qui aide à ancrer tout ça (un Américain qui parle à base de "Fuck yeah", un Indien, Artus en mode 100% "Je parle comme en 2022"...). Il faut dire de toute façon que le film ricoche tellement à la surface des évènements, t'as l'impression de voir un enchaînement de montages avec voix-off avec seulement une "vraie scène" toutes les 6 ou 8 minutes. D'ailleurs le film est monté par le réal lui-même, jamais un super bon signe.

Cependant, je reconnais du taf et surtout quelques fulgurances esthétiques. Quirot se lâche tellement que par moment où il nous impacte la rétine bien comme il faut. Mais c'est tout ce qui est en dessous, les personnages, l'incarnation, qui pèche sévèrement.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

même impression, d'un film plein de petites bonnes choses mais qui ne compensent absolument pas ses énormes problèmes.

on commence forcément par ce qui est, à ce stade, la limite de romain quivrot et de son cinéma : c’est vraiment wannabe. il n’a fondamentalement rien à dire ou à exprimer de particulier, mais il adore d’un amour pur et sincère le cinéma, et il a envie de faire comme les films de ses idoles qu’il a vachement aimé. c’était tellement manifeste et constitutif de son 1er que c’était vraiment mignon et sympa, pour le deuxième c’est un peu plus ennuyeux.

alors le film reste profondément sympathique : déjà c’est quand même une proposition totalement inédite en france donc c’est forcément super chouette à voir. La reconstitution, pas parfaite, est quand même impressionnante pour un budget de 4,5m. le film a de très bons passages , une envie et un amour du cinéma totalement contagieux.

mais tout cela est vraiment profondément abimé par l’impression irréfragable que le film est intégralement constitué de ce qu’il a vu dans d’autres films. ce ne sont pas des êtres humains, ce sont des personnages inspirés par d'autres personnages. ce n’est pas une histoire qu’il raconte, c’est un mash up d’histoires qu’il a vu ailleurs. Même ses idées stylistiques semblent systématiquement s’inspirer et être liées à autre chose… on est vraiment les 2 pieds dans un film d’un cinéaste qui a l’air d’avoir vu beaucoup plus de films qu’il n’a vécu ou ressenti de choses dans sa vie. difficile donc d’être vraiment émus ou portés par quoi que ce soit, puisqu’absolument tout ne semble être qu’un ersatz d’autre chose.

on peut citer un élément franchement cata : les dialogues. entre la voix off catastrophique et ces dialogues écrits vite fait, totalement « modernes » mais surtout baclés, sans aucune recherche sur le parlé de l’époque, les répliques qui sont manifestement pensées en anglais-comme-dans-les-films puis traduites en français… vraiment ce point précis est cata. qu’il confie les dialogues à quelqu’un d’autre.

mais ça n’empêche que le film est plein de bonnes petites choses partout et que ça fait plaisir de voir une telle proposition. dur d’être emballé, mais dur de trash aussi.

(le film fait un flop monstrueux, vraiment dur dur de proposer des trucs différents en france)

edit : ahah, en bas de page, je tombe sur le critique du "dernier voyage" par QGJ : "Tout d'abord, car l'univers reste sacrément déjà vu: le wasteland dévasté (Mad Max, The Rover) ; le monde des riches et le monde des pauvres (Elysium) ; l’adulte et l’enfant seul sur les routes (La Route) ; le méchant inexorable à leurs trousses (Terminator Salvation)… Le projet est un pot-pourri d’influences qu’on a déjà vu ailleurs. Au bout d’un moment, c’est lassant."

Le truc que j'ai appris aujourd'hui.

C'est ce que j'avais évacué en deux mots par "peuplée de poncifs" mais tu le dis bien, tout n'est qu'une resucée de resucée.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ce qui me surprend le plus c'est qu'il ait pu monter ce film avec 4,5M d'€ alors que ça pue le flop à des kilomètres.

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CroqAnimement votre

Ca a de la gueule, l'univers est assez original avec un cachet qualité française et c'est pas un budget faramineux pour un film d'époque, non?
Par contre les défauts mentionnés au-dessus se voient déjà dans la BA.

Oui mais c'est du film d'époque en mode "série B" puérile c'est pas Illusions Perdues. Typiquement les vieux vont jamais aller voir ça. Ils ont dû jouer sur le côté Peaky Blinders pour vendre le truc mais bon... Ca me rappelle ce film catastrophique du fils de Ridley Scott Guns 1748.

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CroqAnimement votre

Impression de ne voir que des gros plans dans la bande annonce. Dès que ya un décor c'est dans le fond, dans le flou (très prononcé toujours), en longue focale. Je crois qu'il n'y a quasiment aucun plan de grand ensemble. Très symptomatique de ces films malins à petits budgets qui peuvent pas faire autrement, mais ça fait pas envie, ça fait très "claustro".

J'ai peur que ça soit du niveau des Rascals, je préfère m'abstenir

c'est comme les frères boukherma, je pense qu'il a bénéficié d'avoir son projet prêt très rapidement après la sortie du précédent, qui n'a pas bien marché mais qui a été bien reçu. mais comme les frères boukherma je pense que pour le prochain ce sera plus compliqué.
puis là le marché est vraiment très porteur pour les films de vieux, mais ça valait la peine de tenter le coup, j'imagine. mais enfin la sortie était prévue il y a un mois, ils ont repoussé la date 2 semaines avant, ça ne pouvait pas faire de miracles. après c'est la limite de la tarte à la creme "j'ai fait le film que j'aurais voulu voir en tant que spectateur" quand tu es un garçon parisien cinéphile de la trentaine, tes goûts ne sont manifestement pas du tout ceux de la masse des spectateurs français.



oui le film est comme ça effectivement, ça fait penser à des séries télé des années 90/00. ce qui est compréhensible, sauf que des fois tu as quand même dans la scène un plan large avec un décors chouette et des figurants qui sont bel et bien là, donc c'est un choix esthetique ou juste qu'ils se sont pas bien démerdés dans leur plan de travail.

Oui, y a un ou deux plans de rue (plus ou moins toujours la même) où ils ont fait les frais. Mais sinon les Apaches ont tendance à faire leurs conciliabules entre deux palissades...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Tu sens le film de (blague non-intended)... cowboys. La boîte de Fannie Pailloux s'appelait déjà Apaches au moment du DERNIER VOYAGE, donc j'imagine que ce dernier était limite une démo pour ce deuxième film. Et elle est créditée co-scénariste. Bref tu sens la petite team qui se serre les coudes et va chercher des fonds un peu partout, hors des sentiers battus.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ca sent le truc qui va être décliné en série par Canal. Vous l'aurez lu ici en premier.

ça c'est le vrai projet non ? C'est le pilote d'une série, le film, avec deux trois persos intéressants. Après c'est inégalement joué.

Mais j'adore Alice Isaaz, elle cherche vraiment à s'imposer dans des rôles différents de ce qu'on lui propose.

Qui-Gon Jinn, j'aurais pu t'accompagner pour elle.

D'ailleurs on attend ton rapport sur la séance dans le topic du cinéphile contrarié.