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Koji Wakamatsu revient sur « l’incident d’Asama Sanso », prise d’otage notoire au Japon en 1972 -elle fut retransmise en direct par les télévisions japonaises plus de 10 heures durant- lors de laquelle une aubergiste fut retenue par cinq étudiants de l’Armée Rouge Unifiée (faction d’extrême-gauche prônant la lutte armée et liée à l’Armée Rouge Japonaise -futur organe du terrorisme international durant les années 70 et 80). Pourtant, les premières victimes des étudiants furent les étudiants eux-mêmes : avant le combat qui les opposa aux forces de police, quatorze jeunes gens étaient tombés, victimes du fanatisme de leurs leaders.

Le film, même s’il n’est pas chapitré, se divise en trois parties. Et l’une des idées fortes de Wakamatsu est d’avoir adopté des choix de mise en scène différents pour chacune de ces trois parties.
La première partie se compose d’un grand nombre d’image d’archives de luttes et de contestations (essentiellement estudiantines) au Japon dans les années 60 ; qui sont à la fois spécifiques à leur histoire nationale mais aussi résultant du contexte international (Vietnam…). C’est à cette époque que se forment les groupes radicaux de gauche, dont la Faction Armée Rouge. A ces images d’archives, Wakamatsu mêle des séquences de fiction, et on sent une volonté de chaque instant de donner un maximum d’informations au spectateur (parfois directement avec des courts textes à l’écran, au moins pour présenter chaque nouveau personnage). Le rythme est vif, le montage brillant et quelque chose de l’enthousiasme révolutionnaire est transmis au spectateur.

La troisième et dernière partie met en scène « l’incident d’Asama Sanso » proprement dit, en forme de huis-clos. Wakamatsu, par ses choix formels, qui pourraient être les mêmes qu’il aurait pu utiliser pour un pur film d’action, n’essaie donc à aucun moment de jouer la carte du faux documentaire pseudo-réaliste. Il assume ses choix jusqu’au bout et ne cache pas son aversion pour les moyens employés par la police et le gouvernement dans la gestion de ce fait-divers, sans essayer non plus de rendre les cinq étudiants (devenus preneurs d’otage) véritablement sympathiques, ni même de les excuser.
Wakamatsu fait le choix de ne monter, pendant presque toute la prise d’otage, que l’intérieur du chalet, avec juste un hélicoptère dans le ciel et une utilisation brillante de la bande-son pour symboliser la présence policière. Un parti-pris cohérent et hyper efficace.

Si le film ne comportait que la première et la troisième partie, il serait logique de penser que Wakamatsu fait un film purement nostalgique de ces années militantes, avec la Révolution en ligne de mire.
Mais la longue et nécessaire seconde partie qui représente l’entraînement militaire de quelques membres de la FAR et de la FRG dans les montagnes, avant d’enter dans la lutte armée, vient violemment contre-balancer l’aspect romantique de ces luttes révolutionnaires. Les séquences où certains de ces anciens étudiants sont sommés de faire leur autocritique (jusqu’à l’absurde), avant d’être parfois exécuter et torturer, est absolument saisissante. La mise en scène se fait plus sobre, sans excès, mais sans perdre de sa force non plus. L’une des grandes forces de cette seconde partie est de ne tomber à aucun moment dans l’analyse psychologique qui viendrait expliquer comment ils ont pu en venir là.

Dans ce type de film, on en vient toujours à se poser la question de l’objectivité (impossible de toute façon) du cinéaste, face à des faits historiques. Wakamatsu ne se cache à aucun moment. Il a un point de vu, il fait des choix de représentation, mais n’essaie ni de tromper, ni de manipuler. Il est possible de contester certains de ses choix, de ne pas être en accord, mais l’ampleur et la force qui se dégage de son film, son honnêteté, son engagement, en font un film qui me semble majeur dans l’histoire du cinéma politique. En tous cas, cela faisait longtemps que je n’en avais pas vu un qui m’emporte à ce point.
A revoir pour confirmer…

A noter que la musique de Jim O’Rourke colle parfaitement aux images, on sent qu’elle a été pensée avec et en même temps que la mise sen scène, et non pas après pour couvrir et illustrer les images (même si j’aurais préféré qu’elle soit absente de la seconde partie).

Peut-être 5.5/6.

Cette critique juste pour me faire râler, c'est un coup bas.

Je peux le voir mais sans sous titre, ça parle beaucoup ? J'imagine que oui...

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C'était pas le but...Enfin pas seulement.



Oui, quand même beaucoup de dialogues (la question du discours est évidemment importante), même si finalement pas mal de choses passent par la mise en scène...
Mais 3 heures 15, sans sous-titre, à ta place j'attendrai quand même un peu: sur les 4 copies, il est quand même possible qu'une arrive à Montpellier, non?
Et en plus je crois avoir lu qu'un DVD sortirait en France.

Le site qui accompagne le film:
http://www.united-red-army.com

Avec une bonne interview de Wakamatsu, un dossier très intéressant sur l'historique, un texte de Nicole Brenez...

Oui 3H 15 sans sous titres c'est juste pas possible, surtout si le dvd a des chances de sortir. Merci pour tout ça, la critique et le reste, ça fait monter l'envie.

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Pas trop quand même j'espère...parce qu'après tu vas être déçu!

Non ça m'étonnerait que Koji (ouais je l'appelle par son prenom, c'est mon pote) me décoive.

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Il vient même sur le forum :
jiko-u105.html

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Le film va même sortir en fait je crois.

*ou il est déjà sorti dans une demi salle?*

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Doll, it's a heartbreaking affair

Oui oui Thepassionoflovers l'a vu en salle le film, mais y a que quelques copies.

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Beaucoup aimé aussi. Assez d’accord avec TPOL sur le refus de la psychologie simplette ; de ce point de vue, c’est un peu l’anti La Bande à Baader, qui surlignait au pastel rouge le charisme de Baader et la rivalité amoureuse Esslin/Meinhof. Ici, c’est purement intellectuel, glacial et fascinant, c’est Saint-Just ou Sénécal contre Mesrine et le banditisme romantique de gauche.

Première partie passionnante, le montage est très dynamique, construit des analogies formelles entre les mouvements de foule, les images d’archives et les « vrais » acteurs, ce qui fait qu’on comprend pas grand chose, mais on s’en fout.
D’accord aussi pour les deux autres parties, même si deux-trois trucs m’ont un peu gêné dans la mise en scène que j’aurais aimée un poil plus sobre, notamment pour (spoiler) le plan sur le visage concassé d’une des femmes, même si c’est une image qui persiste, et qui est aussi nécessaire, en un sens, et la surimpression des visages des morts pendant la marche, peut-être pas de très bon goût.

Ce qui est beau, aussi, c’est que Wakamatsu n’a pas abdiqué grand-chose de ses idées politiques, qu’on sent qu’il est toujours et quand même du côté de la révolte, mais d’une révolte que, du coup, en creux, on devine collective et chargée de désir, à la recherche de l’utopie perdue.
5/6

Ah! Content que quelqu'un d'autre donne son avis...

D'accord avec ce que tu écrits.
Pour ceci:


...j'avoue avoir pensé la même chose au moment de la vision du film. En tous cas c'est le genre de plans et de procédés qui m'ont fait un peu tiquer. Mais ça reste très minoritaire, et finalement peut être nécessaire quelque part; c'est le tiraillement de Wakamatsu entre son esprit de révolte encore vivace et l'impossibilité de faire abstraction d'un évènement (les exécutions) qu'il a bien eu du mal à comprendre
et qui l'a probablement anéanti à l'époque...(la fin des utopies effectivement).

Sinon, puisque c'est ton premier message: Bienvenue!

Privatelifeofcats. Bienvenue.

Voilà, c’est un peu ce que j’ai pensé aussi ; et l’absence d’une telle image aurait pu lui être reprochée, comme une manière de fermer les yeux ou quelque chose comme ça…





Merci

Bon je ne vais pas répéter ce qu'avait dit tpol, je me contente de dire que c'est surement mon film de l'année, en attendant de voir comment il va mûrir.

6/6

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En attendant de voir "Visage" aussi!

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VADE RETRO - Une histoire du cinéma d'horreur