mwééé, bon ben je vais rejoindre le rang des déçus. Le premier, que je suradore, tombait de nulle part, inventait un paquet de trucs, était cool, drôle, con juste ce qu'il faut mais jamais insultant, il y avait une belle complicité avec le spectateur, jusqu'au dernier plan, c'était un film de bricoleurs, un film de potes qui allait au bout et qui transcendait son matériau de base, à force d'inventivité et de jusqu'au-boutisme. C'était pas Time & Tide, mais ça avait un peu à voir, un Time & Tide très américain disons, et c'est réjouissant.
là, c'est devenu un film de branleur, un film de petit malin, un film qui se la pète et s'extasie de son absence de bornes, de sa vulgarité assumée et tartinée.
je repense à ce que disait Film Freak du nul Ultimate Game des mêmes Neveldine & Taylor :
Citation:
c'est clairement un film de gros gamin...tu les sens les mecs derrière en train de mouiller leur fut, "hihi un nichon houhou"...et dans l'écriture, ça vole pas haut. Outre les quelques gags pipi-caca du plus mauvais goût, c'est juste une espèce de grosse caricature parodique tellement outrancière qu'à côté Dobermann c'est L'Eternité et un jour.
Le second degré sympathique de Crank, sorte de GTA live, a cédé la place à du pur foutage de gueule.
La vulgarité est le maître-mot, suffit de voir comment Neveldine & Taylor peignent le portrait de leur société du futur, avec ses gamers au mieux gosses de riche pourri gâté et mégalo, au pire plus obèse et amorphe et immobile que les humains dans Wall-E, la perversité la plus grasse en sus.
Dès qu'on peut, on fout des coups de langue, des doigtages, des mises à quatre pattes et autres joyeusetés dignes d'un porno...
J'ai rien contre un trait un peu forcé (comme répété mille fois j'adore Bay ou Snyder) mais ici la grossièreté abusive du moindre détail rend le travail de Bay ou Snyder franchement subtil. Bad Boys II c'est la finesse incarnée à côté de ce film.
L'univers et les codes du jeu vidéo, tu sens que ça travaille les deux compères, ça influençait déjà leur premier film, mais ici, excepté quelques idées sous-exploitées (le partenariat Kable/Simon qui l'espace de quelques minutes offrent une sorte de buddy movie alternatif ; la scène de la femme de Kable à la banque qui laisse imaginer ce qu'un film plus mature et intelligent aurait pu faire du sujet), c'est sincèrement pas très inventif.
Tu mixes Running Man et Matrix et t'as Ultimate Game. Sauf que c'est plus proche du premier que du second.
Ici, le film se vautre dans une complaisance de tous les instants (ouah le sang!!! ouah le sexe!!!!!) et part un peu dans tous les sens.
Ca donne un sous-eXistenZ à l'intrigue basiquissime et au scénario où faut pas trop chercher midi à 14 heures, et au casting qu'on se demande ce qu'ils foutent là (y a que Hall qui s'amuse) avec quelques très rares bonnes choses (par exemple : la scène de chant/danse est assez géniale de bizarrerie et le fight qui s'ensuit est bonnard).
tu adaptes quelques paragraphes à l'intrigue de ce Crank 2 et tu te retrouves avec le même machin, le même gâchis, la bite de cheval en gros plan, les nichons en veux-tu en voilà, l'humour pouët-pouët, le gore tosgra pour meubler... Le premier tutoyait le burlesque, ce second en reste à Benny Hill et c'est désespérant, d'autant qu'il y a des idées, du potentiel à foison (le full body tourettes, c'était tellement prometteur! ça sert à rien). Mais c'est fait sans aucune rigueur, ça a juste envie d'en faire des tonnes, d'être culte à chaque plan, de faire le 1er sous amphèt (la scène de baise est honteuse, quand celle du 1er était incroyable et hilarante) et ça marche pas. Alors on finit en faisant un vrai bras d'honneur au spectateur et voilà, on est content, on a douze ans.
dommage, puisqu'il y a évidemment plein d'expérimentations formelles réjouissantes (mais les extraits du 1er qui surgissent de temps en temps prouvent qu'on y a perdu au change, que là aussi c'est plus vulgaire, plus flashy, moins inventif).
un truc qui me fascine tout de même, c'est l'attention qui semble bien présente à l'histoire d'amour entre Statham et Amy Smart, comme ils y vont à fond, comme cet amour est plein et intense. La séquence où il s'imagine la serrer dans ses bras alors qu'il est en train de crever est étonnamment belle, alors que ça fait bien longtemps qu'on n'en a plus rien à foutre du film, engoncé qu'il est dans ses délires autistico-hystériques-sous-sous-sous-Yoshihiro Nishimura. Ils y croient encore dur comme fer dans leurs personnages, ils l'aiment leur héros et c'est ce qui fait que ce n'est pas encore complètement noyé dans le nawak. Mais va falloir se rebrancher un peu le cerveau si une trilogie s'annonce, comme semble le promettre le dernier plan.
et sinon, pour ceux qui comme moi se sont faits l'intégrale N&T, il me semble bien qu'ils essaient de se construire un univers vaguement cohérent : je me trompe quand j'ai l'impression qu'on retrouve des personnages de Pathology et Gamer dans ce Crank 2? (le présentateur télé, il me semble, est dans Gamer, et l'un des médecins de Pathology est dans High Voltage, enfin je crois, j'ai peur de me tromper)
ps : mais tout de même, la séquence Godzilla est génialissime...