Forum de FilmDeCulte

Encore un film où tu passes le film à jouer au jeu des 7 différences comme dans un vieux Journal de Mickey entre l'original et le remake.

Le remake a bonne réputation mais il est à peu de choses près identique à son modèle suédois.

Le scénario a la bonne idée de zapper la sous-intrigue relou des vieux voisins alcoolos et de remplacer celui d'entre eux qui menait "l'enquête" par un flic mais les autres divergences sont en défaveur de l'adaptation US qui fait quelques choix vulgaires en comparaison à l'approche plus subtile de son prédécesseur (comme le look d'Abby quand elle est en vampire - bizarre et dérangeant et peu marqué dans l'original, trop littéral et semblable à mille maquillages zombies/vampires récents - ou ses attaques - à grand renfort de doublures numériques surpuissantes et speed). Moretz a un visage particulier et un jeu mature qui collent assez mais reste sans doute trop mimi pour ce rôle, surtout quand on repense à l'actrice originale plus androgyne (et, soyons francs, plus moche). Le gamin est bien. Jenkins aussi.


Reeves (qui signe le scénario également, contrairement à Cloverfield) essaie aussi de poser une sorte de propos sur "le Mal", en introduisant le film par le biais d'un discours de Ronald Reagan et en développant un coup de fil que le gamin passe à son père qui traite sa mère de "bigote", comme pour symboliser la peur que les politiciens, la télévisions, et la religion essaie de nous refiler en lui opposant l'amour chaste entre deux gamins marginaux qui contre le Mal (et du coup, la scène finale de la piscine sert de point culminant à ce propos).
J'ai un peu de mal à situer la pertinence de ce propos vu comme les personnes qu'Abby tue sont quand même innocentes...

Enfin bref.

D'un point de vue formel, c'est très soigné, avec quelques très belles choses dès que le film se fait muet (notamment dans la première partie), là où il se fait parfois surligné dans les scènes dialoguées avec sa musique omniprésente.
J'aime aussi beaucoup cette photo, assez rare en fin de compte au cinéma, qui épouse l'éclairage orange nocturne des vieux lampadaires de quartier, conférant une chaleur néanmoins étrange aux scènes où Abby et Owen se rencontrent dans la cour, en opposition à la blanche froideur des séquences de jour, où Owen est persécuté par ses camarades de classe.
Excellent accident de voiture aussi.

3,5/6

_________________

Ca se laisse voir et ça ne dénature pas l'original mais tout ce qui veut faire plus remake dans le sens plus friqué (les attaques de la fillette bien bourrines des alpages) apparaît bien grossier, alors que la léthargie nordique renforçait l'étrangeté fantastique et l'empathie des gamins.
3/6