Et le titre VO tellement plus classe :
The Uninvited.
Au cours d'un séjour dans les Cornouailles, Roderick Fitzgerald et sa soeur Pamela achètent, pour une somme dérisoire, une superbe bâtisse surplombant une falaise. Ils s'y installent, mais dès la première nuit, leur sommeil est troublé par les sanglots mystérieux d'une femme...Joli film de maison hantée, qui a pour particularité de bien moins jouer sur le plan de l'imagerie (gothique, horrifique... le paysage et le décor l'appelaient, pourtant) que sur une sorte d'élégance glacée. Bien qu'américain, le film se fait une certaine idée de ce que doit être cette histoire telle que vécue "à l'anglaise". On ne croit pas au fantastique, mais quand les preuves s'accumulent, plutôt que de virer au drame paranoïaque, le film montre ses personnages l'accepter facilement et composer avec. Même devant le surnaturel, le frère et la sœur restent des gentlemen, raisonneurs et déducteurs, gardant leur liberté de déplacement au sein de leur demeure. La veille domestique ne veut plus habiter cette maison angoissante ? Elle ne la fuit pas, mais ira dormir chez le voisin toutes les nuits, et revient en rouspétant dès l'aube...
Si tous les éléments attendus sont présents, on a donc une logique un peu différente de celle du film d'horreur qui isole, qui sépare, qui pousse petit à petit chacun dans sa psychose et dans sa folie. Par exemple, même si cela tempère sans doute un peu trop le film (la romance n'est du coup pas centrale, le personnage en danger est secondaire), le fait d'avoir un frère et une sœur pour personnages principaux pose un solide socle à cette avancée dans le fantastique : ce sera davantage l'histoire d'un groupe d'amis qui se constitue, que celle d'un groupe qui se désagrège. Le fait que la maison ne soit en rien personnifiée, qu'elle ne devienne pas un repoussoir en soi et conserve cette valeur de cocon chaud au milieu des falaises battues par le vent, vient surprendre aussi pas mal de réflexes de spectateur établis.
Le film n'est ni follement émouvant, ni vraiment aventureux dans l'exploitation de ses accents freudiens (malgré la jolie histoire à déterrer, le trouble des origines reste ici très théorique), ni réellement effrayant (il a ses petits moments bien foutus, mais il y a trop d'humour ou de mélange de tons pour permettre cela : c'est d'ailleurs peut-être ce qui empêche une plus grande immersion, le fait de ne pas se fixer sur une tonalité précise). Sa première qualité reste donc cette élégance, à la fois un peu neutralisante (dur de s'attacher à des personnages aussi "civilisés") et diablement charismatique. C'est pas la folie, donc, mais ça se regarde comme un charme.
Concernant le blu-ray : copie Criterion impeccable. Bon, film de major des années 40, ça devait bien être conservé et pas être l'horreur à restaurer j'imagine, mais voilà, ça donne une raison de plus pour le découvrir.