Forum de FilmDeCulte

Julien Dechaumes est le maire socialiste de Saint-Juire, un petit village de Vendée. Visant les prochaines élections législatives, il réussit à obtenir une subvention du Ministère de la Culture pour doter son village d’une médiathèque. Mais un arbre, un instituteur remonté, la presse, une enfant, et surtout le hasard, vont mettre à mal son projet...


Rohmer est toujours aussi délicieusement incongru, suivant son bonhomme de chemin en semblant se foutre de tout, en l’occurrence de ce que pourrait ressentir le spectateur devant un film aussi raide (c'est particulièrement frappant dans les dialogues au téléphone ou entre enfants ; ou, par essence, dans tout dialogue entre Dombasles et Greggory). C'est par ailleurs assez étrange à voir aujourd'hui cette fable politique du début des années 90, qui se lance beaucoup en projections ou supputations sur ce que sera le monde dans 20 ans.

Pour le reste, je ne saurais pas trop quoi en dire (c'est ma semaine...), j'ai l'impression que ça reviendrait à commenter le cinéma de Rohmer dans son ensemble. Même si j'évite comme un champ de mine ses drames bourgeois "normaux" pour me concentrer sur ses projets les plus particuliers, et qu'il faudra bien un jour s'y confronter, la paradoxale fraicheur de ces films me frappe assez pour que je ne sois pas capable de vraiment aller trifouiller sur les choix qui, ici ou là dans le film, viendraient mettre à mal l'ensemble. Me sens un peu incapable à la critique, tout compte fait (et peut-être du coup pas encore assez clairvoyant sur ce qui fait la grandeur, ou pas, de ce cinéaste). Entretiens avec les paysans du coin, chansons finale, tout semble se fondre dans l'aspect déjà saugrenu qui caractérise ce style, à la base.

Rohmer finit par d'avantage s'incarner pour moi dans une filmo, comme un long style dont les films seraient de simples déclinaisons, que comme une tentative coup sur coup, œuvre par œuvre, que l'on pourrait approcher à l'unité.

Heu, il n'y a pas beaucoup de "drames bourgeois" chez Rohmer

Les contes moraux, les contes de saison, c'est pas le cas ? Je pensais.
Disons plutôt : les films qui n'ont pas un concept aussi marqué et particulier que celui-ci, L'anglaise et le duc, ou Perceval.

Ce qui me gêne c'est pas "bourgeois" (c'est ultra bourgeois Rohmer) mais "drame". J'aurais du mal à parler de "drame" mais sans savoir vraiment par quoi le remplacer.

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CroqAnimement votre

Tu as quelques gros bourgeois dans quelques Contes Moraux, mais dire que les héros de Conte d'été ou d'Hiver sont des bourgeois, ou ceux des Comédies et Proverbes globalement, c'est raccourci. On y parle le rohmérien après c'est autre chose
Puis le côté "drame" ça sied mal déjà même quand ce sont des bourgeois qui se demandent pendant tout le film s'ils vont commettre un adultère.

Oui voilà pour moi la bourgeoisie de Rohmer n'est pas nécessairement dans le niveau social des personnages mais plus dans leurs attitudes et préoccupations et bien sûr dans le verbe de Rohmer.

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CroqAnimement votre

Et bien du coup Tom y a déjà gouté : décomplexion !

Tout à fait. Dans les faits, chez les personnages, je ne saurais pas trop dire.


Disons que là il y a toujours une altérité, par rapport à la base de ce cinéma, pour que je trouve la rencontre passionnante. Pas sûr, dans le cas contraire, de ne pas trouver les personnages insupportable (j'ai pu en voir quelques uns : Le genou de Claire, Pauline à la plage, La collectionneuse, La carrière de Suzanne... Tous, vu y a très longtemps en cours, m'ont moins plu que les trois cités plus haut)

Pauline à la plage, je peux comprendre. Mais La collectionneuse et La carrière de Suzanne, c'est à revoir.

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N'écoutez pas Film Freak

Plus aucun souvenir, sinon le début, et la vague image de deux branleurs qui s'emmerdent dans une maison.

C'est quand même ça Rohmer... Pour moi c'est nettement plus proche du relan aristocratique que de la bourgeoisie. Et j'ose espérer que vous n'associez pas le verbe chez Rohmer à la bourgeoisie, sinon on est mal... *Ceux qui parlent bien c'est les bourgeois, ceux qui parlent mal c'est les prolos*

Voilà que je parle de Rohmer maintenant. Où va le monde ?

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Continue comme ça et bientôt tu vas voter à droite...

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N'écoutez pas Film Freak

Rohmer a pas l'air d'accord avec toi vu qu'il y consacre une séquence entière, où entre deux discussions savantes au verbe racé au château, une journaliste vient interroger (et laisser improviser, visiblement) les paysans du coin. Si c'est pas la différence de langue qu'il met ici en spectacle, je me demande bien ce que c'est...

T'as un peu la même chose dans Conte d'été par exemple avec l'interview du vieux marin par Amanda langlet qui joue une étudiante en ethno, et t'as aucun mépris ou idée qu'un des langages est supérieur à l'autre. Faut que je revois la scène avec le paysan quand même, parce que vue "L"arbre..." il y a longtemps. Le truc c'est que ces interviews sont vraiment prises de personnages réels au milieu de personnages de fictions qu'il fait parler. Dans Conte d'été toujours, tu as visiblement des acteurs amateurs qui jouent la famille de Gwenaëlle Simon, et leur dialogue dans scène de repas, ou à chanter "une fille de Corsaire" dans le bateau, ça fait très documentaire par rapport aux scènes précédentes très écrites.

Ah oui, je pense pas du tout pour le coup. Mais il en fait le constat. La langue est tellement posée devant, tout le temps, même chez les enfants, que tu ne peux pas ne pas remarquer ce glissement soudain.

Dans Le Maire ça semble aussi être de vraies interviews, effectivement. Y a ce clash assez soudain entre la scène très écrites et ces interviews prises seules où la "vraie" actrice intervient à peine. Mais la rencontre marche plutôt bien, ce grand écart "sur-écrit" et "captation documentaire brute", les deux se retrouvant dans le fait de titiller les extrêmes, dans le refus d'entretenir une impression de naturel. On en retient surtout la langue, une fois encore.