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MessagePosté: 29 Juin 2016, 16:10 
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Sir Flashball
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Una vita difficile en VO

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C'est la quintessence du film de gauche réussi : c'est à dire un message politique, certes, mais avant tout une histoire, celle d'un homme, superbement campé par Alberto Sordi, écartelé entre idéalisme et pragmatisme, et d'une femme, son amoureuse, l'élégante Lea Massari, dont les considérations plus matérielles entrent en conflit avec les idéaux de l'homme. Risi n'en fait pas des marionnettes porteuses de la cause qu'il défend, mais bien des êtres humains qui doivent vivre avec ce que cette cause implique.

C'est aussi un film politique rudement bien troussé, qui raconte l'Italie de l'après-guerre, les derniers sursauts de ses nobles qui se transforment ensuite en industriels corrompus, et le rapide embourgeoisement de l'enthousiasme que génère la fin de la guerre.

Et enfin, c'est surtout une comédie, qui, loin du cynisme du film social à l'italienne, préfère ici la lumière et les rires francs (par opposition à l'humour noir d'un Scola ou d'un Comencini), sans jamais pourtant être vide de sens : à ce titre, la scène du repas, où des activistes de gauche se retrouvent à la table de la vieille noblesse romaine le soir du référendum de l'instauration de la république, est absolument parfaite, une des plus belles qui soient.

Grand film.

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MessagePosté: 29 Juin 2016, 16:28 
Castorp a écrit:


Et enfin, c'est surtout une comédie, qui, loin du cynisme du film social à l'italienne


Je ne comprends pas très bien, cela me semble très réducteur, il est vrai qu'il ya certains réalisateurs de comédie sociales italiennes assez cyniques (Scola, mais il intervient dans un moment de crise du genre, et d'une certaine façon avant Germi chez les catholiques car son cynisme lui permet de mettre en scène des récits de vie sulpiciens, à la fois sdiques et moralement exemplaires) mais la mélancolie que l'on trouve chez Rosi, Comencini ou même "la Classe ouvrière s'en va au Paradis" d'Elio Petri n'est pas forcément du cynisme (ces réalisateurs ne filment pas leurs personnages pour les abandonner).


Dernière édition par Gontrand le 29 Juin 2016, 16:32, édité 1 fois.

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MessagePosté: 29 Juin 2016, 16:31 
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Sir Flashball
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Disons que pour ce que j'en ai vu jusqu'ici, il y a deux pans de la comédie italienne dans les années 60-70 :
- La comédie sociale légère à la Risi.
- La comédie sociale noire et outrancière à la Scola ou à la Comencini. Où l'on sent poindre un certain désenchantement (voire cynisme).

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MessagePosté: 29 Juin 2016, 16:35 
Ce n'est pas faux, mais les meilleurs films oscillent justement de façon ambigue entre ces deux points de vue, sans les concilier.
Ce n'est pas non plus spécifique au cinéma italien, mais je pense à une sorte de cinéma balzacien de gauche de l'époque qui essayer de livrer un tableau complet d'une société "nationale" (ce qui ne veut pas dire de façon nationaliste) de représenter de façon critique les classes sociales (et l'articulation entre ces classes et ce que l'on appelait alors "le sexe" plutôt que "le genre"), on retrouve cette hésitation entre compassion et abandon "cynique" des personnages chez Fassbinder (même s'il n'a pas fait de films légers) ou Lino Brocka (pour le coups très brechtien, dur envers ses personnages, mais où on sent malgré tout la présence d'un horizon politique d'émancipation accessible pour eux à la fin du film).


Dernière édition par Gontrand le 29 Juin 2016, 16:57, édité 4 fois.

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MessagePosté: 29 Juin 2016, 16:38 
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Sir Flashball
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Mais un Comencini n'abandonne jamais ses personnages (enfin, j'ai vu trois films de lui, donc je vais pas trop généraliser non plus), ce n'est pas dans ce sens-là que je parlais de cynisme. Mais tu sens quand même que dans sa veine la plus sociale, il a perdu toutes ses illusions. D'où des films franchement noirs, qui tournent parfois au rite sacrificiel (Le superbe Argent de la vieille en est un bon exemple).

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MessagePosté: 29 Juin 2016, 16:47 
Oui, malheureusement il est plus facile pour nous de se placer dans le contexte de "sacrifice rituel" (c'est un bon mot) de ces films que dans celui de films beaucoup plus généreux politiquement et ambitieux formellement comme "Partner" ou les films de Carmelo Bene.
Bene ou les premiers Bertolucci partaient de l'idée révolutionnaire que le théâtre et le cinéma permettaient depuis un point de vue extérieur une sorte d'holocauste des discours et politiques réels et de recommencer quelque chose de neuf ensuite, par l'esthétique, mais "l'Argent de la Vieille" ou les Scola partent au contraire de l'idée que l'ordre dominant peut très bien décider de se sacrifer tout seul et pourtant se maintenir, et donc que le formalisme est inutile, car il ne médiatiserait rien.
C'est vrai que même un film aussi singulier (et ambigu) que "l'Orestie africaine" de Pasolini compare la décolonisation de l'Afrique à un sacrifice rituel (venu d'ailleurs d'un mythe européen et pas africain), on n'en sort pas.


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