Film Freak a écrit:
Je me souviens d'un message qu'Arnotte avait posté il y a plusieurs années déjà concernant le BIFFF et notamment les "traditions" de son public. Pour résumer, les spectateurs paraissent traiter chaque séance comme s'ils étaient au Rocky Horror Picture Show. Par exemple, si un personnage laisse une porte ouverte derrière lui, comme cela peut souvent être le cas dans un film d'horreur, le public hurle "La pooooorte!". Que le film le veuille ou non, la séance devient participative.
J'avoue que ces conditions n'étaient pas pour m'attirer en tant que spectateur.
N'étant pas un assidu du BIFFF je n'y avais même pas pensé...
Film Freak a écrit:
Les lumières s'éteignent et les premières images apparaissent à l'écran.
Une voiture qui descend une route de forêt enneigée et s'approche d'un croisement. La salle hurle "à gaaaauuuuche!".
Un loup apparaît à l'écran. "Aaaaouuuuuh!". Plusieurs fois.
Je me suis dit "putain ils réagissent à chaque plan, à chaque détail, ça va être insupportable.".
Pareil, je me suis dit "bordel non ça va pas être possible..."
Film Freak a écrit:
Un personnage étrange apparaît et s'avance sur un balcon. La vue donne sur l'Atomium éclairé de nuit. "Les booouuules!".
Mais là je comprends et mon instinct se retrouve confirmé : c'est le petit segment de présentation du festival qui précède chaque séance.
Alors qu'il se termine, les connoisseurs hurlent "1...2...3..." et chais plus quoi pour conclure.
Idem, gros soulagement quand tu te rends compte que c'est le "rituel" de chaque séance..
Film Freak a écrit:
Commencent alors la séance à proprement parler et...si c'est bien moins fréquent, les invectives lancées à l'écran demeurent (au rythme d'une ou deux par film d'une douzaine de minutes dont el famoso "La poorte!" mais aussi un "miaou" quand un chat apparaît à l'écran). On m'avait pourtant juré que les spectateurs savaient s'adapter au film projeté et ne le faisaient pas quand l'ambiance ne s'y prêtait pas mais que nenni, les 6 courts avant le mien étaient tous lourds/sérieux et peu importe l'atmosphère du moment, il y avait toujours au moins un gars pour y aller de sa participation.
Peut-être était-ce une manière pour eux de passer le temps en manifestant leur ennui, de montrer leur désapprobation du film.
D'expérience (si petite soit-elle), il me semble que c'est sont les films les plus nanardesques (ou gore) qui sont les plus chahutés. Quand le film est "bon", les gens se taisent plus.. Ce qui est logique en fait, si t'es dans le film, tu penses moins à faire le con.
Film Freak a écrit:
Je suis toujours relativement admiratif du public qui fait la démarche de venir voir une séance de courts métrages. C'est moins attrayant que des longs, des avant-premières, des films hypés, c'est pas la masterclass de John McTiernan... J'ai appris après de la bouche d'un spectateur américain que ce dimanche était une journée "enfants" et que les salles principales diffusaient des films déstinés au plus jeune public, ce qui explique peut-être pourquoi certains festivaliers ont préféré la compétition européenne des courts.
Idem, on peut dire que les spectateurs (moins d'une centaine il me semble) étaient des vrais motivés.
Film Freak a écrit:
En tout cas, je ne peux que leur en être reconnaissants malgré tout. Et je ne serai jamais assez reconnaissant envers les organisateurs d'avoir placé mon court en septième position, après six films pesants, avec entre autres des histoires de femme battue, nazis qui déshabillent des juifs et autres déportés de guerre et métaphore de la vieillesse, de la maladie et de la mort. Il s'est passé la même chose qu'à la projection des Baloches, qui passait en dernier après trois courts sur la prostitution, la drogue, l'inceste et la délinquance. Uberlinks était le dernier court avant l'entracte et m'a paru sonner comme une catharsis pour le public, détonnant complètement avec ce qui avait précédé, dans le ton et le rythme notamment, et provoquant par conséquent ce que je n'attendais pas après la projection du mois de juillet : des rires.
Peut-être que ce public rigolard était après tout l'auditoire parfait pour mon film. En tout cas, j'étais refait.
Oui maintenant ça me paraît évident que la position du film (en dernier avant l'extracte) était voulue.
Après 6 films sombres et tous plus ou moins ratés (purée quel ennui sur certains),
Uberlinks a litérallement réveillé la salle. Ne fut-ce que par sa forme: un rythme de fou, un style incisif, et puis.. des dialogues quoi, des répliques, du montage! Et s'il y eu des rires, ce n'est pas seulement par contraste: c'est parce que c'était drôle, c'étaient des rires francs et sincères.
Film Freak a écrit:
Et alors qu'il y a justement un plan dans mon film où un personnage laisse une porte ouverte de manière ostentatoire, les spectateurs étaient tellement absorbés que, malgré la comédie, personne n'a hurlé "La porte!". *mic drop*
CQFD!
Film Freak a écrit:
Le public applaudissait après chaque film mais les applaudissements à l'issue du mien m'ont paru plus immédiats et sincères (la fin est conçue pour ça, il faut dire). Il est possible que je projette mais plusieurs personnes m'ont dit penser la même chose. Il n'y a pas de prix du public donc l'applaudimètre ne se traduit en rien mais c'était déjà une récompense en soi.
Mais grave! Je peux te le confirmer avec fermeté: les SEULS VRAIS applaudissements étaient pour le tien. Après chaque court, un clapclapclap de politesse, 3 secondes max. Après Uberlinks, des vrais applaudissements, je dirais d'au moins 10 secondes, et c'est pas rien.
Film Freak a écrit:
Maintenant, j'exige la critique d'Arnotte.
Haha. ALors alors..
Indépendamment du contraste provoqué par les films précédents, le film a un rythme d'enfer qui effraie de premier abord: "merde je vais être largué, je vais pas comprendre merde je vais être gêné". Ca fonce dans le rythme, mais en plus, ça mélange non stop les "temporalités", et il y a littéralement une réplique par plan. C'est déconcertant (ça pourra gêner certains? je sais pas) mais voilà: on s'y fait vite, parce que les dialogues sont bons, parce que c'est
catchy.
Straight to the point: en quelques instant on pige les enjeux et on se prend au jeu. On enchaîne vite avec les moments (vraiment) drôles, avec tout le passage que je ne vais pas spoiler ici même pas en hide. Et puis surprise, on repasse à un truc plus "sombre", ou plutôt plus sérieux, genre pourquoi faire des gags si ce qu'on raconte n'est pas marrant. Et pour finir, la "pirouette finale", pas un twist mais une vraie surprise, une conclusion inattendue, qui est à la fois casse-gueule, osée, mais qui s'en sort superbement bien, je trouve, et puis ça donne du coeur à un pitch qui aurait pu s'enfermer dans son concept. Avec cette parfaite dernière réplique meta pour conclure. Bref, ça marche et j'ai marché.
Si je
dois faire une critique, c'est justement ce côté ultra speedé qui n'offre aucun moment de répit, un minimum de variété/relief dans la narration n'aurait pas été de refus. Mais c'est du cinéma
stimulant et ça c'est cool. Et c'est supercool de faire du "fantastique" sans en faire vraiment, peut-être que ça s'appelle le talent, je sais pas
Que dire encore:
- vu le rythme du film, pas le temps de s'attarder sur les décors, et l'image est assez nickel pour passer "inaperçue": jamais le film ne fait "cheap", jamais on se dit "putain ça a rien coûté". Bravo pour ça aussi.
- C'est impaccablement filmé/mis en scène.
- les comédiens sont tous super. Houbani est très bien casté.
- je veux le revoir
Bref, bravo Bob, tu peux être fier!
Longue vie au film et puisse-t-il t'ouvrir des portes et des horizons.