Intéressantes quadruples expositions à la Piscine de Roubaix (jusqu'au 7 janvier)
L'exposition phare, chronologique sur Chagall, qui permet de mieux resituer l'artiste dans l'histoire. Cela me parle beaucoup après avoir lu Docteur Jivago de Pasternak, les deux univers sont assez parents, la fausse joie et la vraie inquiétude politique des peintures de Chagall répondent au scepticisme, mélange de cynisme et d'impuissance, du personnage du Docteur. Les oeuvres un peu marginale (sculptures ou bien celles, plus formalistes, dialogant avec Malévitch) des années 70 ne sont pas les moins intéressantes. On retrouve aussi l'influence de Chagall dans les films de Serebrennikov (la juxtaposition dynamique des espaces, le sacré qui appartient à la fois à la ville et à un espace intérieur individuel, différent et rival de celui du domicile - il n'y a apparemment jamais d'intérieur dans son oeuvre).Par exemple dans la maison fragile qui devient un lit nuptial au bas de Libération
https://www.centrepompidou.fr/fr/ressou ... re/c9j5ro9Il y a aussi une expo, en préface de Chagall, consacrée à George Arditi, le père de l'acteur Pierre, peintre inégal, mais parfois très intéressant, qui rappelle De Chirico, Hélion voire Balthus mais avec plus d'inquiétude et une plus grande ouverture vers le social ou les autres courants artistiques (abstrait) là aussi et avec un goût de la provocation (ou obsession) érotique moins marqué que ce dernier.
Et deux expos plus marginales mais intéressantes. L'une sur l'oeuvre de peinture, photos et de collage de Claude Simon (qui a bien fait de devenir écrivain, mais elle révèle en creux l'influence des femmes sur son oeuvre, avec une dimension tragique - sa première femme, alsacienne, s'est suicidée pendant la guerre, alors qu'il était prisonnier de guerre. L'autre sur des céramique réhaussées par des illustrations IA (dans le style d'ex voto suplicien à la fois
camp et religieux) de Fanny Bouyagui.
C'est peut-être du chauvinisme mais j'aime beaucoup ce musée, au public assez populaire et familial, l'organisation de ses espaces et le travail de curation et d'accrochage précis, sur des expos souvent riches, qui évite le racolage et le simplisme.