Cosmo a écrit:
Pas vraiment d'accord. Surestimé par qui ? Le grand public qui ne connaît que lui et qui trouve ses films relativement accessibles ? Kurosawa est simplement un très grand cinéaste qui a eu la chance d'être le seul de son pays connu en occident pendant cinquante ans. C'est triste pour les autres et dommage pour le cinéphile (ma découverte de Ozu, un soir sur arte, a été magique). Mais à partir du moment où les autres ont débarqué en France, il a été tout de suite clair qu'ils existaient aussi.
En fait l'opposition Mizo/Kurosawa date des années 50, et s'inscrivait dans le cadre des guéguerres cinéphiliques que se livraient
les Cahiers et
Positif (qui n'ont d'ailleurs idéologiquement pas changé d'un pouce aujourd'hui...). Mais depuis la renommé mondiale de Kurosawa a largement dépassé celle de Mizo, sans doute pour le caractère plus accessible de ses films.
Citation:
Tous ceux qui connaissent les autres cinéastes cités admettent sans problème qu'il y a, chez chacun, du très bon et du moins bon et qu'à ce jeu Kurosawa n'est pas toujours le meilleur. Mais j'ai un peu l'impression que dès qu'on parle de lui, il y a une levée de boucliers pour ramener l'ordre.
Je ne sais pas si c'est si systématique que ça et s'il y a tant de monde que ça pour se plaindre du statut de Kurosawa par rapport aux autres. Moi je n'ai pas appréhendé ce top en me disant que j'allais casser de l'Akira, je ne lui ai d'ailleurs mis que des bonnes notes, en lui concédant même quelques chef-d'oeuvres. Comme l'a montré Bub, c'est venu comme ça dans le fil de la conversation...
Citation:
Maintenant, pour prendre les deux que je connais à peu près : ma préférence irait sans doute à Ozu, mais Ozu, Kagemusha, il ne le fait pas. Pour moi, les deux sont tellement différents... Comment les comparer ? Comment établir une hiérarchie ?
Moi j'ai tendance à penser que le génie se reconnait quand on nous en dit ou montre énormément avec le moins de moyen possible (je parle pas de moyens financiers, mais de moyens artistiques), d'où mon exemple de l'épluchage de pomme. Alors que, par contraste, Kurosawa a besoin de beaucoup de choses (souvent de nombreux morts) pour arriver à ses fins. Pour moi c'est clair que non seulement Ozu peut faire
Kagemusha (il a d'ailleurs réalisé des chambaras et des jidai-geki au début de sa carrière), mais il l'aurait fait plus fort, plus puissant, avec moins de déballage spectaculaire. C'aurait été différent, certes, mais mieux.
Après, un autre critère, mais qui m'est peut-être plus personnel, plus en rapport avec mes convictions, c'est la conscience sociale des films qui les ancrent dans notre réalité, et qui ne trouve pas toujours une juste résonnance dans les féodalités viriloïdes de Kurosawa.
Citation:
Ce que je trouve triste, c'est qu'on les compare uniquement parce qu'ils sont du même pays et sensiblement de la même époque. Mon exemple de Welles/Kubrick était finalement assez mauvais. Comparer Ozu à Kurosawa (encore une fois, je mets les autres de côté vu que je les connais mal), ce serait comme comparer Spielberg à... je sais pas, Van Sant par exemple, sous prétexte qu'ils sont du même pays. Est-ce vraiment pertinent ?
Là l'idée c'était pas tellement de le comparer à un réalisateur en particulier, mais de signaler que dans l'habituel panthéon des grands cinéastes japonais, je le trouvais carrément inférieur aux trois autres. Un peu comme si on constituait une liste des meilleurs cinéastes français, du genre : Renoir, Tati, Bresson et Carné : je contesterais carrément la place de Carné.
Sinon comparer Van Sant à Spielberg, pourquoi pas, si on veut analyser le paysage cinématographique américain actuel... Mais bon, c'est un autre débat...