Film Freak Returns a écrit:
On peut réfléchir devant un film, l'interpréter, l'intellectualiser, mais seulement que cela a lieu d'être. Se masturber mentalement sur un simple gag (improvisé) dans un film de divertissement, c'est déplacé.
L'interprétation permet de donner tout sens souhaité à n'importe quelle scène.
On sort que c'est de la branlette et on ne sort aucun argument pour deux raisons (enfin en tout cas pour moi, y a deux raisons) : je trouve ça d'une telle stupidité que je ne considère pas qu'il y ait à argumenter sur cette question...mais si cela te paraît être une excuse échappatoire facile, alors voici ma deuxième raison : il est impossible de réfuter votre interprétation.
Ce n'est pas un aveu d'échec mais tout simplement le coeur du problème de l'interprétation. Tu me demandes d'apporter une preuve. Vous en avez apporté une, vous?
Non. Vous avez beau prétendre ne faire qu'exposer les faits qui sont objectivement dans la scène mais en réalité vous ne faites qu'imposer votre point de vue sur un scène "innocente" en faisant appel à "l'arrogance des Etats-Unis" et autres balivernes de la sorte.
Qu'est-ce que tu veux (peux) répondre à ça?
Certes, libre à vous de le penser. Ca ne fait aucunement avancer un débat stérile dès le départ dans la mesure où il est impossible de réfuter l'interprétation, vu que par définition, il s'agit justement "d'interpréter" un détail, un élément, en lui donnant un sens qui n'est absolument pas explicite à l'écran.
Ma preuve? Le bon sens. Le bon bout de ma raison.
Penser ça de ce gag, de cette scène, ça semble insensé. Je le conçois, mais c'est grave, je trouve ça grave. Voilà tout. Et pitié, épargne-nous les méprisantes remarques du style "des mecs qui font de la critique". C'est juste pauvre. On peut faire de la critique et justement ne pas se prêter à ce genre de pratiques estudiantines visant à disséquer le moindre détail anecdotique d'un film en allant y chercher des intentions qui n'y sont pas.
J'ai deux ans de ciné au lycée, plusieurs années de fac en ciné aussi, et une certaine culture ciné derrière moi, j'en parle, j'écris dessus, j'essaie d'en faire depuis maintenant un petit moment et NON, jamais ce genre d'idées (concernant cette scène) ne m'était venu à l'esprit. J'implique pas là que j'ai raison et que vous avez tort, que je suis le plus intelligent et vous des incultes mais juste qu'il est inutile d'invoquer ce genre de background ou de fonction ("des mecs qui font de la critique" nan mais sérieux) dans ce débat.
Et comme je disais à Jack Griffin, vous parlez de responsabilité, bah justement, réfléchissez-y deux secondes à cette notion de responsabilité avant d'accuser un film/une scène/un réalisateur d'immoralité ou autres blâmes quand vos arguments s'appuient sur VOS interprétations (forcément subjectives, par définition) personnelles.
Tout d'abord merci d'avoir pris le temps de développer un peu ton point de vu.
Je comprend maintenant un peu mieux ta position. Il faut se mettre un peu à ma place aussi, mais n'essuyer que de l'arrogance et du dédain parcequ'on interpréte un film et qu'on se réclame de Daney à de quoi suprendre, surtout sur un forum où un parle de cinéma. Je déteste cette expression "branlette intellectuelle", on l'utilise à tort et à travers pour blamer quelqu'un qui réfléchi. Elle est vraiment emblèmatique du mépris pour les intellectuels, du mépris pour le réflexion. Au final elle ne signifie rien si ce n'est l'ignorance et l'incompréhension, qui pour moi sont des signes de paresse.
Je ne suis pas d'accord avec toi, je pense qu'une interprétation n'est pas purement subjective dans le sens où elle part de fait concret. On ne peut pas faire dire n'importe quoi a un film et du coup lui donner un sens qu'il n'a pas. Comment, d'ailleurs, définir un sens explicite ou non à l'ecran ? Je pense que le cinéma est bourré de sens implicites, c'est ce qui fait sa force et sa richesse thématique. Est-ce que la réflexion sur l'enfance dans
Citizen Kane est si explicite que ça ? Je ne crois pas. Il faut la chercher, la découvrir, l'en extraire. Ensuite je pense qu'une interprétation peut-être réfutable dans le sens où elle a un degrés de pertinence vis à vis du sujet qui la concerne (sinon, tout les films de Bunuel seraient horribles). Et pour moi, ce degrés de pertinence se situe dans la distance qu'installe la mise en scène.
Pour le cas d'
Indiana Jones qui nous concerne, je trouve que l'interprétation de Jack Griffin tient parfaitement la route, mais je pense que plusieurs choses atténuent son propos. Lui prétend que ce n'est pas grave dans le sens où c'est une simple maladresse. Moi, au contraire, je trouve que ce genre de maladresse démontre un manque de responsabilité. Mais je ne m'insurge pas non plus car dans mon souvenir, il n'y a pas de glorification du geste de Jones, du style ralenti, musique pompeuse, mise en valeur dans le cadre etc... De plus, la grande spécificité d'
Indiana Jones, c'est de nous présenter un héros trés humain. Il s'en prend plein la gueule, souffre, fait même des erreures, il est vulnérable. Il n'est pas iconique dans le sens "James Bond" du terme. Bref, ce que je veux dire c'est qu'il y a une distance qu'instore Spielberg, qui permet de ne pas stygamtiser ce que fait son héros. Distance absente du film de Burton, pour des raisons que j'ai déjà exposées. Distance, par contre, présente dans tous les films de Tsui Hark, cetainement un des cinéastes les plus moraux et les moins douteux qui soit.
En résumé, bien que l'interprétation de Griffin tienne la route, elle est amoindri par sa pertinence vis à vis du film. Ce n'est pas tant l'intention du cinéaste qui joue mais sa responsabilité sur son sujet. Quand à ma "responsabilité" à moi, et bien j'assume totalement ma position et le rapport que j'entretiens avec le cinéma.
En fait, ce qui te gène dans tout ça, ce n'est pas tant l'interprétation en soit, mais le fait qu'il s'agisse d'un gag, dans un pur film de divertissement. Pour moi ce n'est pas ça qui atténuerait le préjudice, ça l'agraverait même, car il s'agit de films qui prétendent à une certaine innocence, mais qui inconsciement divulguent des idées dangereuses à un public plus large et plus influençable. Bergson (encore une référence théorique, désolé) disait que le rire était quelque chose de trés sérieux, qu'il sert à "remettre sur le droit chemin". En gros, il n'y a jamais rien d'innocent dans le rire, et je suis tout à fait d'accord avec lui.
Aprés chacun choisi son camps, Daney où Rouletabille, la passion ou la raison...