Joué sur PS4.
Après trois nuits blanches sur le jeu, je pense avoir bien creusé la question. C'est une TUERIE sans nom. Le Red Dead Redemption des RPG heroic-fantasy... Et ce alors que je n'avais aimé ni le 1 (découvert trop tard), ni le 2 (qui se traîne des tares abusées sur console). Là que nenni, optimisation de fou furieux. Comme l'ont déjà dit certains tests, dans le détail le jeu n'a rien de bluffant techniquement parlant. Mais par contre chaque détail est tellement pensé, réfléchi, que leur somme fait l'effet d'une petite baffe à l'écran.
Le tutoriel est basique et ne dure pas trois ans, ça j'aime. On est vite lâchés dans la pampa... Et quand le combo orage + vent + nuit arrive, t'as juste plus envie de lâcher le jeu. Immersion totale. D'ailleurs visuellement parlant je préfère les zones rurales aux villes. Ces dernières sont un peu plus figées, moins vivantes. Mais belles quand même hein, attention...
L'autre aspect qui en fait un jeu à part c'est évidemment son univers. De l'heroic fantasy oui, mais genre triple AAA. Je veux dire par là que le jeu ne tourne pas QUE autour d'un enjeu de merde du genre "oh mon dieu le démon primordial a ouvert un portail et menace notre monde, je dois passer 100 heures à essayer de le refermer". Non, ici l'aventure est avant tout humaine... Même sans rien piper à l'histoire, aux factions, etc, j'accroche un max. Les quêtes sont longues, se télescopent toujours pour le meilleur, chaque nouveau personnage est plus intéressant que le précédent, etc... D'habitude le problème des quêtes dans les RPG, ce sont ces putains d'allers-retours pour des enjeux qui ne t'intéressent pas, juste prétextes à caler des séquences de baston. Là chaque enjeu, chaque baston t'implique à 100%.
L'autre point que j'adore, c'est le bestiaire sorti tout droit d'une mythologie extrêmement proche de nous autres européens français. J'aime l'idée d'affronter des griffons, mais j'aime encore plus traquer des sorcières ou des fantômes lubriques, qui ont chacun un passé et une raison d'être. C'est pas là pour faire joli ou verser juste dans le grand spectacle. Et puis c'est toujours glauque putain (surtout dès que ça touche aux enfants).... Revisiter les contes genre Hansel et Gretel à la mode hyper mature, c'est grandiose. Certaines quêtes vont me rester gravées en mémoire pendant longtemps (#couvin, #LesDamesDeLaForet).
Niveau gameplay, rien de futile (à part peut-être le jeu de cartes dont je n'ai absolument rien à foutre). Que des mécanismes qui ont déjà fait leurs preuves dans d'autres jeu. La partie "détective" est géniale, car on ne sait jamais sur quelle nouvelle folie on va déboucher. Rien n'est prévisible, et ça c'est cool. On évite le 1 dialogue / 1 combat.
Pour l'instant, les dialogues à choix multiples ne me semblent pas avoir de réelle incidence sur le long-terme. En tous cas rien de vraiment significatif. Faut voir par la suite.
Les combats, je surkiffe. Ces démembrements à la volée, l'agilité du sorceleur, les pouvoirs, tout est cool... A part peut-être le système de lock pas forcément intuitif, ou encore ces cons d'ennemis qui te prennent en traître. Mais bon j'ai l'habitude avec Dark Souls et Bloodborne, donc ça m'a pas dérangé.
L'alchimie, perso je m'en branle. Sur The Witcher 2 c'était un mécanisme de gameplay obligatoire, mais là on peut s'en passer et se spécialiser un peu dans ce qu'on veut. Perso je fais tout à l'épée.
En conclusion : meilleur open-world next-gen et pourtant je suis un inconditionnel de GTA V et Unity.
HEART OF STONEPremier vrai DLC du jeu, avec une durée de vie de plus de 15 heures. Tout ça pour moins de 10 euros, un vrai bonheur. Un DLC qui tombe à point nommé pour me rappeler que malgré mes escapades sur Bloodborne et MGS V, le champion de l'année est toujours The Witcher 3. Replonger dans cet univers après plusieurs mois fait un bien fou. Le jeu s'est entre-temps doté de patchs qui le rendent plus joli et plus fluide dans les zones chargées en effets (les marais sous une pluie battante). C'est toujours une claque, et définitivement l'open-world le plus beau et vivant qui existe. Et pourtant, encore une fois, l'aspect visuel du titre se fait voler la vedette par l'écriture et les personnages...
L'occasion de croiser un mec qui s'avère être un des plus gros fils de pute de l'histoire du JV. Une sorte de génie de la lampe malsain et manipulateur (pour ceux qui ont vu The Wishmaster, c'est ça mais en réussi). Un mec qui paie pas de mine, qui tape gentiment sur les nerfs au début, puis qui finit par révéler sa vraie nature. A côté de lui, même la chasse sauvage fait pâle figure. Plus le DLC avançait, plus je me demandais comment Geralt pourrait se débarrasser d'un truc pareil... Mais là encore, les scénaristes ont tapé un grand coup. La fin du DLC est vraiment fine, subtile, parfaitement cohérente. Rien ne s'y est passé comme je l'avais imaginé, et c'est tant mieux.
Jamais manichéens, les personnages restent plus que jamais dans la zone grise. J'ai eu de l'empathie pour chacun d'entre eux, et beaucoup de rebondissements m'ont fait douter du sort que je devais leur réserver au final. Mais le plus intéressant c'est que sur fond d'histoire tragique, la surface est plus que jamais hilarante. Je me suis tapé des fous rires comme un con, tout seul. Les dialogues sont géniaux, les mecs à qui tu t'adresses sont souvent de gros connards vulgaires. Par exemple, pendant une bonne partie du DLC, Geralt se fait posséder (volontairement) par le fantôme d'un bon gros relou à l'ancienne... La mission consiste à faire passer du bon temps au fantôme, qui va ainsi se servir du corps et des pouvoirs du sorceleur pour faire des trucs pas bien fins. Et ça tombe bien, Geralt est justement invité à un mariage par une de ses anciennes connaissances, une rouquine plus ou moins bonnasse. Bref, pendant quelques heures, j'ai eu l'impression de jouer à un mix du Professeur foldingue et de Fous d'Irene, le fantôme queutard disant tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Sale mais jouissif, avec du sexe à la clé (fonce Deud).
Le reste des missions du DLC se renouvelle bien (surtout avec ce casse façon Ocean's Eleven - ou plutôt GTA V), jusqu'à un dernier tiers assez surprenant. Faut pas s'attendre à progresser des masses (j'ai du prendre deux niveaux en tout et pour tout, et je ne suis pas tombé sur du nouvel équipement du feu de dieu), ce qui prime ici c'est l'histoire avant tout, avec un nombre de cinématiques à faire pâlir MGS 2 (en plus intéressantes hein). On a aussi droit à une nouvelle zone de jeu, mais pas assez dépaysante. C'est dommage, parce que l'histoire commence fort avec des personnages venus d'une contrée lointaine, décrite comme le Dorne de Game Of Thrones. Le moyen-orient quoi...
Loin d'être anecdotique, ce DLC prolonge l'aventure de fort belle manière et ouvre des pistes vraiment bandantes pour le prochain (et dernier ?).