Forum de FilmDeCulte

aka 笑匠 ("Rire")



Deux vieux comédiens de vaudeville qui se sont séparé il y a de nombreuses années à cause d'une femme sont réunis pour se produire dans un spectacle de charité pour enfants malades.

Je ne sais pas trop pas quel bout prendre ce film.
Il est évident qu'il s'agit d'un film particulier dans le parcours du cinéaste, ne serait-ce que par sa position (c'est son dernier film avant Le Syndicat du crime et la carrière qu'on lui connaît) ou son genre (il s'agit d'une comédie dramatique où l'humour gestuel est réduit au minimum et même l'humour de situation est quasi-absent).

Il y a aussi une potentielle dimension méta, le film s'ouvrant sur une séries de vignettes muettes en N&B illustrant le passé du duo comique dans plusieurs sketches qui rappellent forcément les précédentes comédies de Woo, et la caractérisation du protagoniste comme quelqu'un qui ne veut plus rien à voir avec son binôme de jadis pourrait laisser croire qu'il s'agit d'une manière pour le metteur en scène de symboliser sa situation présente. Mais le personnage n'est pas un acteur qui a délaissé la comédie pour le drame donc l'analogie ne fonctionne pas vraiment à l'échelle 1:1.
Néanmoins, le film se termine quand même (spoiler mais vous vous en foutez) par la mort du binôme en question donc peut-être est-ce bien Woo qui enterre son passé comique.

De retour à l'écriture, Woo met plus que jamais en avant la thématique de l'amitié (c'est carrément dans le titre), déjà émergente dans les histoires de partenariats vengeurs opportunistes mais non moins honorables de ses films de baston et magnifiée à outrance dans ses futurs polars d'action tragiques. Au vu de la nature mélodramatique de la conclusion de ce film-ci, il me semble qu'il était nécessaire pour l'auteur de passer par ce registre plus sérieux hors action afin de réussir à incarner la tragédie de ses films suivants au-delà des archétypes fonctionnels de ses premiers films.

Pour autant, le film en soi n'est malheureusement pas très réussi.
L'abandon du slapstick et des blagues potaches est salutaire mais le film n'a pas grand chose à proposer pour rendre la rancune entre les deux vieux bougons attachante ou amusante. C'est un peu le genre de postulat, avec les facéties et les quiproquos attendus, qu'un épisode de sitcom des années 90 minait et réglait en 22 minutes. Mais ici ça dure 1h31 et y a une sous-intrigue semblablement oubliée en cours de route de fille dont on ignorait l'existence. Je ne sais pas si Ennemis comme avant (The Sunshine Boys de Herbert Ross, d'après une pièce de Neil Simon et que le Woo semble plagioremaker) s'en sort mieux.

Et voilà! Fini les conneries!

Next : THE HEROIC BLOODSHED BEGINS.

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