Forum de FilmDeCulte

Le sujet était intéressant mais, au vu de la bande-annonce, je craignais un aspect un peu trop téléfilm.

Il n'en est rien. La mise en scène de Frears dans le film est très réussi. Les cadres, les gros plans sur ces visages, le rythme, où placer un long plan en hélico, etc...c'est tout très bien vu.

Je trouve par contre moins judicieux de monter des images d'archives de la Princesse un peu n'importe où, n'importe comment. Notamment dans la scène de l'accident où ça casse un peu l'effet.

D'ailleurs c'est de ça que manque un peu le film, je dirais. Quelque chose qui rende le tout un peu plus excitant, un peu plus bouillant. Après, c'est également lié au sujet. Finalement, ce n'est pas TANT un film politique que ça mais ça évoque plus la question de popularité, de rapport au peuple, tout en remettant en question la famille royale, etc.

En cela, tout ce qui tient à l'humour, jouant soit sur l'absurdité de la vie au palais soit sur les propos que tiennent la Reine et son mari, le Prince Philippe (connu pour ses gros sabots de bourrins, faut voir les citations sur Wikipédia, c'est énorme), est assez réussi. Même si ça aténue du coup un peu la gravité du film (qui n'en manque cependant pas vraiment).

Gros bon point pour les acteurs : Mirren, nominable à fond, parvient souvent à s'effacer derrière le rôle, le personnage, et l'authenticité de la performance (et par extension du film, qui acquiert ainsi une certaine véracité) n'en est que d'autant plus saisissante. Sheen aussi parvient, par sa connaissance parfaite des mimiques du Premier Ministre, à faire oublier qu'il ne ressemble pas des masses à Tony Blair.

4/6

_________________

The Queen prend le temps de rentrer dans le sujet mais se bonifie de minute en minute jusqu'à la fin. Frears parvient parfaitement à se glisser dans les coulisses d'une tempête sous un crâne, la particularité antithétique de cette grosse tempête étant de se passer, comme on l'entend dans le film, dans le silence et la dignité. Dans je ne sais plus quel interview, Frears parlait du fait qu'il n'avait rien de monarchiste, mais que pour aborder cette figure et cette histoire, il lui fallait aller vers le personnage avec générosité. C'est vraiment ça, le personnage de la reine est riche, n'est pas que le dindon de la farce du réalisateur, et Mirren, à la fois dans la performance et la justesse, avec un excellent timing comique, est exceptionnelle.

A l'image de Frears je trouve le film très intelligent et très malin.

5/6

_________________
Doll, it's a heartbreaking affair

Avec cette évocation de la semaine mouvementée qui a suivi la mort de Lady Di et le délire médiatique que cela a engendré (le peuple en deuil scandalisé par l'absence de réaction de la famille royale), Stephen Frears réussit une formidable comédie de moeurs, d'une intelligence d'autant plus remarquable qu'elle évite toute caricature. En apparence, The Queen semble un film très simple, très carré, mais il se révèle virtuose dans son écriture et sa richesse psychologique. Même l'opposition attendue entre archaïsme et modernisme ne tombe pas dans une dichotomie simpliste, le duel politique entre Tony Blair et Elisabeth II garde toute sa complexité grâce à des dialogues subtils et bien sûr la qualité de l'interprétation (en tête la géniale Helen Mirren et le savoureux Michael Sheen). Humaniste et cinglant, The Queen a l'étoffe des plus grandes comédies, de celles qui savent se moquer de ses personnages sans jamais chercher à les condamner.

5/6

Bon ben comme miguel, excellent film. Très prenant, inexplicablement, puisqu'il s'agit de gens plutôt monolythique, mais on se prend réellement au jeu, et Helen Mirren est au delà de tout ce qu'on peut en dire, elle arrive à t'émouvoir avec un vague mouvement de lèvre, un geste et elle t'impressionne comme la Reine doit être...La mise en scène la suit, la montre comme elle peut être, même si le film est un regard plus qu'un "documentaire". C'est aussi impressionnant de revoir ce qu'a été la mort de Diana, ça m'a fait bizarre, je me suis souvenu du moment où je l'ai appris, des réactions des gens, de Deauville cette année là, de son enterrement dont j'ai vu la rediffusion...

J'aime beaucoup aussi Michael Sheen, très convaincant en Tony Blair en pleine évolution.

4.5/6

ACHTUNG SPOILERS!

Globalement, je suis à peu près à 100% d'accord avec Freak. Quelque part, le film a les défauts de ses qualités : je salue les nuances du scénario, et en même temps je trouve qu'il manque, je reprends le terme, quelque chose de "bouillant". Ca tient p-ê au fait que, pour moi, Lady Di était absolument insignifiante et que j'ai toujours trouvé un peu ridicule cette déferlante de pleurs...

De même, j'ai beaucoup ri, tout en me demandant si je n'aurais pas préféré voir quelque chose de moins léger, moins "divertissant". Plus politique, sans doute. Quelque part, je préférais le côté brut de The Deal, qui ne s'aventurait pas sur les terres de la métaphore facile, genre le cerf (je trouve la séquence de son apparition très artificielle et la visite de sa dépouille mortelle quelque part embarrassante...).

Sinon, personne n'en parle, mais personnellement, impossible de ne penser à Marie-Antoinette. Les films se complètent et s'opposent. M-A tout comme la Reine d'Angleterre furent misent très tôt sur le trône, eurent à apprendre très vite, durent vivre hors du monde, perdant conscience du monde. M-A isolée à Versailles, la Reine isolée en Ecosse.

La différence tient aujourd'hui en l'existence des médias. Et je trouve que le mérite de Frears, c'est la grande pertinence avec laquelle il traite les rapports pouvoir-média. La puissance des apparences avant la force des idées. C'est là que je diverge de FFR : le montage des archives télévisées est très habile. Il rappelle qu'avant tout, ce sont les médias qui mènent le bal, qui recentrent sans cesse l'action. Sans eux, il n'y a pas de film, donc il est normal que le film soit envahi par eux (les unes de la presse de caniveau, aussi, sont d'une violence assez phénoménales, comparées à ce qu'on peut lire ici).

Par contre, j'ai un peu de mal à souscrire à la thèse d'un Blair moderniste érodant ses ambitions par fascination pour la Reine. Je ne nie pas que cette fascination monarchiste puisse exister. Mais je ne sais pas trop quoi en penser. Le dernier plan est bizarre, je trouve. Déjà, pour revenir à M-A, je trouve que c'en est l'antithèse : chez Coppola, on quitte le jardin vide, on fuit ; chez Frears, c'est une promenade bucolique, on investit le jardin. Ca c'est très pertinent. Par contre, c'est assez bizarre le coup de Blair proposant à la Reine de la moderniser, puis, sur une musique héroïque, parler de réformes du système scolaire. Je sais, c'est p-ê ironique, de l'understatement, c'est possible... En fait, je comprends pas bien le sens de toute la dernière séquence, depuis le retour de Blair à Buckingham un long moment après les faits. Je la trouve un peu redondante, un peu lourde. On fait le bilan, on redit ce qu'on a déjà montré. Et puis cette confidence entre la Reine et Blair, la proposition de Blair... Je sais pas. Vous la voyez comment, vous ?


disons, 3,5-4/6

_________________

*

Je crois que Blair et la reine ne se voit pas pendant tout le film...C'est peut être ça que tu trouves lourd mais je comprend cette séquence comme étant le miroir déformé d'une des première, lorsque Blair et sa femme rencontre pour la première fois la reine. Frears nous montre les changements irrémédiable dans le quotidien de la monarchie. Blair gagne en assurance, la reine ne fait plus trop gaffe au protocole et se permet un petit tour dans le jardin. Une sorte de révolution douce montrant l'impact de la semaine qu'on a suivi.



J'aime bien l'explication de la reine sur ça...Blair s'attache à la reine mais peut être que ça traduit inconsciemment le fait qu'il est, lui aussi, sur un siège éjectable.

oui, voilà, c'est aussi ce que j'ai pensé, mais du coup je trouve ça démonstratif et redondant. Ce côté on referme la boucle, c'est un peu attendu... Enfin, c'est pas grave, hein, mais c'est le genre de truc qui m'empêche de m'enthousiasmer outre mesure... Cet aspect démonstratif, qui a d'autres exemples dans le film (le cerf, notamment), n'est pas ce qu'il y a de plus subtil, je trouve.



oui, c'est assez juste, surtout vis-à-vis de l'actualité récente de Blair!

Sinon, j'en profite pour un ajout: les personnages secondaires sont globalement très bons, avec un coup de chapeau particulier à Chérie Blair, vraiment excellente.

_________________

*

Faut peut être apprécier les métaphores mais j'aime bien les détails du cerf et de la chasse...Je trouve ça bien vu d'autant plus que ces éléments, dans un autre film, auraient pu être utilisés pour ridiculiser la reine. Puis je trouve qu'émotionnellement, dans cette séquence, Frears réussit son pari...On est bien dans la tête de la reine.

La scène du cerf fait référence à ça :



Monarch of the Glen de Landseer (le peintre préféré de la Reine Victoria).

Film assez fort. Moi qui n'attends rien d'un mec comme Frears (cinéaste sympa, mais bon... pas extraordinaire, quoi), j'étais été globalement assez surpris, malgré quelques lourdeurs (le cerf)...

Un bon 5/6

_________________
Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Je vais pas répéter tout ce qui a été dit sur Mirren grandiose (qui risque de rafler presque tous les prix cette saison avant que Penelope ne lui vole l'Oscar). J'adore la scene ou elle prend son 4x4 et trace dans les collines, avec la bagnole qui tressaute sur le terrain accidenté, et elle qui reste stoïque, le chef raide comme un piquet, regardant droit devant elle, avant qu'elle ne soit bloquée dans la rivière et doive descendre pour demander de l'aide. Ca résume tout le film et c'est magistral, alors que ca n'a a priori aucun rapport avec l'intrigue. En revanche lorsqu'elle va voir la dépouille du cerf, je trouve ca à la fois lourd et atone, la scène n'etait pas nécessaire.

Et James Cromwell est génialissime aussi en Philip d'Edimbourg nazillon sclérosé.

5.5/6

_________________
Marie-couche-moi là.
je disais UIIIIII bien avant UGC, bande de Tipiaks !!

tu voulais dire avant que Penelope ne lui volve l'oscar peut-etre ?

_________________
Sim
[url=http://simsrest.blog.lemonde.fr]Ce sera surtout l'occasion de rencontrer le gratin cairote.
[/url]"Le fil politique est souvent source de frustration et d'incompréhension.
Le fil du slip aussi, cela dit." Chlochette

Au fond la vérité qui fera ptet la différence pour les votants c'est que P. va lui vulver l'Oscar

_________________
Marie-couche-moi là.
je disais UIIIIII bien avant UGC, bande de Tipiaks !!

Les +

- fiction mettant en scène un chef d'état actuel et un événement historique. Quasiment en temps réel à l'échelle de l'Histoire.
- présentation plausible (quoique certainement romancée) du lien de sympathie entre la Reine et Tony Blair, et de l'évolution de leur position.
- reconstitution soignée. Casting, décors, figuration..
- interprêtation

Les -

- il n'y a pas vraiment d'histoire, même pas une vague intrigue politique. La Reine d'Angleterre se demande si elle doit mettre un drapeau en berne, ou pas etc. Le film fait du quasi surplace sur ce genre d'atermoiements, dérisoires pour le spectateur.
- le film esquive l'aspect le plus intéressant de son pitch : la dérive du quatrième pouvoir, le fait que Lady Di était une icône de pacotille style Star Ac fabriquée par les tabloïds, mais que ceux ci étaient assez puissants pour faire de sa mort un séïsme médiatique planétaire pouvant géner le fonctionnement constitutionnel d'un grand pays.


Première fois, en un an et demi de présence ici, que je suis en désaccord avec tous les avis émis sur un topic.

_________________
Tennis de Table Bordeaux

ah je n'ai pas l'impression qu'il l'esquive, c'est même je trouve l'aspect le plus passionnant du film, son rapport à la presse, à l'influence des médias, mais, qu'effectivement, il y avait moyen d'aller plus loin. Il y a un aspect un peu consensuel, finalement, dans The Queen -- je veux dire, d'assez inoffensif, au final. C'aurait pu être plus acerbe. C'est vraiment ce qui me gêne, en fait, ce côté divertissement... On a l'impression qu'il avaient de sjouets de luxe, qu'ils ont fait quelque chose de bien avec, mais qu'ils pouvaient faire encore mieux, être plus audacieux, aller à l'inverse du sens du poil...

_________________

*