Forum de FilmDeCulte

aka L'Homme au bras d'or



Bien decidé à ne plus se droguer, Frankie Machine voudrait devenir musicien de jazz. Mais Zosch, son épouse, préfère qu'il gagne sa vie comme croupier dans le tripot de Schwiefka. Bientôt, les dettes s'accumulent et Frankie, qui se drogue de nouveau, est accusé du meurtre d'un dealer.

Si le film a inévitablement perdu de son côté pionnier aujourd'hui que les histoires de toxicomanie sont légion, l'exercice parvient tout de même à tirer son épingle du jeu grâce à deux atouts du scénario. En premier lieu, il y a cette idée de traiter de l'addiction de façon quasi-chorale, en ne se limitant pas à la simple drogue mais en établissant un portrait pathétique, dans le sens original du terme, de personnages qui sont, plus ou moins ouvertement, accro les uns aux autres. Il y a évidemment Zosch, qui affiche sans détour son besoin de Frankie, allant jusqu'à mentir sur sa maladie pour s'assurer sa fidélité à ses côtés, mais en un sens, tout le monde veut Frankie à ses côtés : Schwiefka veut son croupier, Louie veut son client et Molly, qui a su se passer de lui, ne l'a réussi qu'avec sa drogue de substitution personnifiée en nouvel amant vivant à ses crochets. La peinture de cette petite communauté donne vie à un traité sur la dépendance, dans ses mauvais côtés comme ses meilleurs, évitant les pièges attendus L'autre atout, c'est d'infuser ce drame des apparats du genre. Il ne s'agit pas d'un film policier ni vraiment d'un film de gangsters, ni d'un film noir, mais les ombres projetées de ces différents mondes planent sur le récit afin de l'animer d'une aura noire salutaire.
La mise en scène de Preminger, résolument moderne, suit dans ces pas, multipliant les oners en s'attachant toujours à ses personnages, collant au plus près d'eux, bougeant avec eux, s'approchant jusqu'au gros plan, gardant un dynamisme nerveux exacerbé par la BO jazzy volontairement hors sujet. Le mec ose tellement de trucs speeds et s'approche tellement qu'on voit régulièrement l'ombre du cameraman ou un bout de décor qu'on écarte pour laisser passer la caméra.

Après, le film n'évite pas les longueurs dans son dernier tiers et il y a quand même toute une partie de l'intrigue qui s'inscrit dans le sous-genre "protagoniste architecte de son propre malheur qui s'enfonce en faisant que des mauvais choix" que je DETESTE mais ça va, c'est pas tout le film et j'ai tout de même plus d'empathie pour Frankie que pour Adam Sandler dans cette merde d'Uncut Gems.

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J'avais essayé de lire le livre ( de Nelson Algren), mais en français, traduit par Vian en argot 50s c'est simplement illisible.
Bref le film me fait envie, j'aime bien Preminger en général.