Forum de FilmDeCulte

Un jeune lycéen surdoué, invité par la jeune fille qu'il convoite à venir quelques jours avec elle à Nagano, sa ville natale, y découvre tout un clan familial tenu par une vieille dame aux ancêtres glorieux. Au même moment, un virus attaque le réseau "Oz", plate-forme d'échanges planétaire, déclenchant diverses catastrophes à travers le monde...


Un super petit film, qui confirme que La traversée du temps n'était pas qu'un joli accident.

Dans le ton, c'est pas bien surprenant : on retrouve le même été japonais radieux avec les mêmes ados en fleur, la même campagne-du-passé et le même grand nuage blanc mental en arrière-plan. Mais c'est une formule toujours aussi agréable, que le film dépasse d'ailleurs très rapidement.

Ça ne tient pas tant au monde numérique (à l'imagerie bien sympa, cela dit, et qui permet au réal de bien s'amuser) qu'à l'idée d'en faire le prolongement naturel et légitime du manoir médiéval et rural, façon territoire épique ; cette vision d'internet et de sa génération, loin de tout délire techno-phobique, fait du bien. Le film est super vivant, le réal sait parfaitement tirer une grosse énergie de son groupe, tenant le tout par un personnage de grand-mère très charismatique.

Après, face à la démesure joyeuse de ce grand bazar, chacun aura sa propre limite sur quelques points rapidement irritants, notamment un "jeu d'acteur" à base de visages perlés de sueur et de poses figées en "haaa ?" "hee ?" "oooaah..." et autres pleurs stridents ; j'ai aussi un peu du mal avec le dessin un peu lâche et incertain, surtout quand ça mène certains personnages secondaires à soudain se deformer façon cartoon, y a des moments on se croirait dans Pompoko... Le tout atteignant son apogée sur un plan final complètement , style craquage total à la sauce "ce film s'auto-détruira dans 5 secondes".

Après, on peut aussi accepter le bordel comme il se présente, franchement c'est tellement généreux que ça donne pas envie de faire la fine bouche.

4,5/6

J'ai trouvé ce film paradoxal: assez réac et manichéen sur bien des points (tout le côté clan, on essaye de nous revendre typiquement un retour à de vieilles valeurs en mode kawai:, le personnage de la grand mère en particulier m'a insupporté, le tout associé à cette représentation simpliste que prend finalement la menace quand elle s'amplifie), mais avec quelques expérimentations et fulgurances niveau forme qu'on peut difficilement balayer d'un revers de main.

Il n'empêche que j'ai trouvé que ça ne fonctionnait pas: ça s'enfonce dans une série de rebondissements répétitifs et pénibles qui virent au remplissage, le postulat n'est bon qu'à s'appuyer sur des peurs assez primaires (la bombe atomique ressort du placard). Le film oppose une famille unie bien que chaotique dans son expression au désordre d' une extension indéfinie faussement lisse, ça me pose un certain problème comme postulat surtout que le film s'y arrête.

Les clichés du scénario et des situations shonen ne sont pas terribles non plus, tellement elles sont caricaturales... Le réal est plus à l'aise avec une certaine douceur, vu dans la traversée du temps, qu'avec cette hystérie. Même si là encore c'était déjà usé sur bien des points (les clichés du shojo dans son précédent). On est très loin de Kon, Oshii ou de la série "Lain"...

Ah et au fait, SPOILERS ci-dessous (et ci-dessus...)




Pas compris ce bout-là (extension ?)



Pour le reste, si je suis d'accord sur le fait que ça fonce tête baissée dans les clichés (mais bon La traversée du temps se baignait aussi bien dedans), mais ca me gêne pas plus que ça dans le sens où j'ai pas l'impression que le film prétende révolutionner le genre.

Après, le côté réac... Franchement je vois pas, la mélancolie et la fascination d'un âge d'or idéalisé on en retrouve jusque chez Takahata. On a le droit de mettre en valeur une cellule familiale positivement sans pour autant être réac ! J'ai trouvé plutôt joli, au contraire, de tracer un trait d'union entre la vieille issue du clan et le réseau international électronique (le petit jeu sur les symboles/avatar du clan, tout discret, est très bien vu), et c'est pas non plus dans une logique de récupération style évangéliste high-tech ("ramenons notre jeunesse dans le droit chemin" ou un truc du genre). Ça me semble bizarre de voir le film sous cet angle-là, comme s'il fallait forcément se méfier de la communion qu'il met en scène.

Quant à la bombe atomique, elle me semble parfaitement à sa place, comme les rebondissements absurdes : c'est pas pour aller caresser les peurs primaires, c'est juste le point goldwin d'un film qui part de plus en plus dans la démesure totale (on vient de foutre un navire dans la mare du jardin, quand même), et entre le mec qui réfléchit tellement qu'il saigne du nez et les glaçons maousse qu'on dispose autour de la grand-mère, ca me semble être le truc le plus mesuré de l'histoire...

Bref, je crie pas à la grande œuvre, elle a des défauts et des maladresses, et je préfère évidemment aussi Kon et Oshii. Mais là j'ai vraiment l'impression que c'est chercher des noises à un petit film sans prétention qui se caractérise en premier lieu par son aspect festif (et qui a de plus la qualité de ne pas être une abyme dépressive comme pas mal des chefs d'œuvres de l'animation japonaise).

*en relisant je me rend compte que ça sonne un brin énervé, c'est pas le cas hein, y a pas de souci*

Hé t'as le droit de t' énerver Non c'est juste que j'ai trouvé ça souvent abrutissant pour rien et d'un propos limite derrière ses apparences bien gentilles. Je fais peut-être de l'enculage de mouches mais je tiens à évoquer ces points.

Elle est pas top ma phrase effectivement: disons que c'est une famille bordélique mais qui tiens sur une union et une cohésion forte. Le réseau social à côté donne le sentiment de quelque chose d'illimité, fluide voir lisse mais qui au contraire part complètement en vrille. Je trouve ça très schématique et simpliste dans le propos, et que cette opposition neutralise toute investigation sur ces nouvelles technologies, pour rejouer plus simplement la question de l'ouverture à l'extérieur et du développement contre le respect des traditions et de la structure (d'ailleurs le "méchant" est une sorte de bête fils prodigue, faussement salle gosse).

J'adore Takahata et le film est à mon sens franchement à des kilomètres des qualités de mise en scène d' Omohide Poroporo et surtout de Pompoko qui justement réussi tout ce qui échoue là, ce mélange de nostalgie et d'anarchie, de paradis perdu mélancolique et cette liberté frénétique.

Je trouve que Summer Wars se repose au contraire en arrière plan sur des valeurs et des figures bien appuyées et traditionnelles qui feraient sans doute plus tiquer si elles étaient liées disons à des classiques figures judéo-chrétiennes Hollywoodiennes (ou encore pour prendre un exemple la célébration du mariage et des concensus rejoué indéfiniment dans un Sex and the City 2 par exemple)... C'est très habile parce que le film s'habille comme un divertissement sans conséquence, un spectacle geek frénétique donc on n'y verrait que du feu. La critique branché peut même y voir tout un délire dans cette nouvelle technologie à l'esthétisme qui sort d'un clip de Gorillaz!

Mmm... Je vois ce que tu veux dire, mais je suis un peu surpris. L'idée est surtout pas de t'opposer un truc du genre "c'est un divertissement, donc on s'en tape", c'est juste que je l'ai pas du tout ressenti ça devant le film, ca m'a pas effleuré l'esprit...

Me souviens surtout d'une dynamique qui va dans l'autre sens en fait, où les restes du passé (le clan, les guerres) sont utilisés comme une imagerie qui donne du coffre et de la noblesse à la guerre virtuelle qui a lieu. Un peu comme si une gueguerre entre enfants prenait les atours d'un gros périple mythologique... Du coup ça me paraît surtout bienveillant comme apport, et le coup de la grand-mère qui téléphone partout, je l'ai pris comme un coup de pouce des anciens à la nouvelle génération (c'est quand même qu'une série d'encouragements, cette scène !), et pas comme la restauration d'un système idéal - d'ailleurs, on montre un peu la grand-mère de loin, comme soudain heureuse de pouvoir être à nouveau active, mais on appuie aussi assez clairement l'anachronisme du truc (il y a un côté "c'est bien pour elle")... Il y a une transmission de valeurs, évidemment, pour lequel le réal à une tendresse évidente et ces valeurs on peut les juger réac, mais ca se fait en douceur, comme une proposition, c'est pas un fist !

De manière générale, ca me semble simplement parler d'une possibilité de tisser un lien entre les générations, comme pas mal de films japonais actuels.

La petite pique US un peu chauvine, oui, c'est clair, mais bon ca reste de l'ordre du détail pas méchant.

Mais je suis surtout étonné que tu aies reçu les rapports famille / réseau comme cela. Moi ca m'avait justement frappé de voir combien c'était entremêlé, notamment en passant par les avatars (où il y a alors un mélange constant entre ceux de la famille et ceux des inconnus alentours), ou encore en montrant le monde extérieur venir aider la cellule familiale à la fin... Le film se termine pas sur la fermeture du réseau, bien au contraire : j'ai plus l'impression qu'on veut donner à voir (de manière même un peu niaise parfois) le réseau comme une grosse famille, les deux jouant comme un effet de miroir, l'ancienne aidant la nouvelle... Bref, j'ai vraiment pas senti de regard juge là-dessus.

Après, j'ai peut-être vu le film en mode Binounours, c'est pas exclu !


Quant au chef-d'œuvre de Takahata, on est d'accord, en termes de mise en scène c'est pas comparable une seconde, je parlais juste du fait d'être tourné vers un passé un brin idéalisé.

Moi je suis d'accord avec Tom (le Bisounours) et je lui mets un 4.5 à tendance 5.

Je l'ai trouvé moins abouti mais plus généreux, plus grandiloquent, plus fou que la traversée du temps.

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I am the constant. You were always a variable.

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Oui voilà, la premier reste quand même bien mieux tenu, mais ca débord pas autant comme ça.