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Salama fï khaïr en VO.



Salama, comptable dans un grand magasin, est chargé de déposer la recette du jour à la banque. Mais une série de contretemps l'empêche de mener à bien sa mission. Au milieu de sa course, il croise la route d'un prince...


C'est pas mal. Le terreau de base est pas enthousiasmant : quelque part entre la farce lourdingue et la satire, obsédé par le spectacle de son personnage si-antipathique-mais-attachant (regarde, Salama quémande d'autres jours de congés, regarde, Salama se fâche tout rouge avec son voisin...). Il y a de l'énergie, incontestablement, mais ça ne suffit pas à faire un film digne de ce nom. Ce bourbier est néanmoins parfois traversé par de vraies idées de comédie (le passage vélos, entre autres), et lorsque le film, à son premier tiers, élit enfin résidence dans les décors et la forme de la comédie sophistiquée, il retombe assez bien sur ses pattes.

C'est moins le switch prince/concierge qui donne de la personnalité au film (même si le scénariste sait en tirer les situations idéales), mais plutôt la façon dont l'énergie bouillonnante du personnage, issue des quartiers pauvres et peut-être, aussi, révélatrice d'une certaine personnalité du cinéma égyptien, part constamment en vrille au milieu du contexte tenu et élégant de la comédie de grand hôtel - c'est à dire le modèle américain importé. Les scènes vraiment drôles viennent de là, à l'hospice par exemple (un personnage qui devient taré à propos de ses petites préoccupations quand la noblesse alentours s'en fout), et il ressort de cette tension une certaine résonance sociale qui court sous l'ombre de la morale assenée, discrète mais justement plutôt intéressante par cet air de ne pas y toucher.

Après, c'est dur de juger réellement de l'achèvement de cette comédie, tant il est dur d'en apprécier la rigueur rythmique : la copie présentée à la cinémathèque est en effet particulièrement "sportive". Entre les sous-titres dix secondes trop tôt sur toute la première bobine (*concept*), les coupes à foison et les décrochages... C'est pas pour leur jeter la pierre, je doute qu'ils aient pu avoir mieux vu l'âge du film, mais en l'état ça rend la vision assez épuisante.


Voilà, c'est pas super, mais c'est pas torché non plus et y a plusieurs bonnes idées, ça mérite le coup d’œil curieux si on ferme les yeux sur les premières séquences ronflantes.