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MessagePosté: 29 Mai 2013, 23:09 
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La police cherche à coincer le caïd de la pègre parisienne Pépé le Moko, réfugié dans la Casbah d'Alger avec sa bande. Il y est intouchable. Mais il ne peut en sortir sans se faire arrêter...


Bon alors à la question "est-ce que c'est aussi rance que ça en a l'air ?", oui, évidemment, un mix habituel de paternalisme-mysoginie-argot-bon-peuple, tout y est. Mais le film n'est pas vraiment le reflet de son titre, qui semble sorti tout droit des sept cercles de l'enfer.

Au-delà du talent de Duvivier, qui est clairement pas un manchot (discret, efficace, narratif), il y a un concept excellent : celui du décor labyrinthique de la Casbah, autant pour son infinité de possibles que pour son caractère de prison à ciel ouvert. Et il faut bien reconnaître que c'est en épousant le regard colonial, c'est à dire celui de l'exotisme fantasmant le pays, que le film parvient à nous entraîner dans sa course. Le premier quart-d'heure, qui se faufile de maison en maison au rythme d'une descente de police, est ainsi aussi enthousiasmant que prometteur, et explique sans mal ce qui a pu motiver les multiples remakes. Gabin, quoiqu'on en pense (il est aussi, à sa façon l'incarnation de ce qui rend le cinéma français de cette époque insupportable), a indubitablement assez de charisme, de pesanteur, pour assumer le rôle de point central à tout ce bordel, pivot solide autour duquel tous les mouvements vont pouvoir s'agencer.

Ce qui est plus déroutant, par la suite, c'est de voir le film refuser le cadeau qu'est ce décor. Le labyrinthe persiste en partie via les personnages, dont la dramaturgie (le triangle amoureux, les indics) est très bien menée, mais le décor est comme nié. Car tout ce qui motive le héros tient à l'envie du retour au source, à la nostalgie parisienne et au flonflon (gros coup dans les côtes durant la séquence chantée), à une envie de retourner dans ses chaussons. C'est un peu dur d'adhérer à ça, et même si l'entrelacs de persos arrive à rendre la Casbah étouffante, je peine personnellement à voir hors de ce décor fantasmé un horizon désirable.

Enfin c'est quand même une bonne surprise, c'est très bien mené, prenant, bien foutu. Comme quoi ça coûte rien d'aller de temps en temps explorer les territoires de l'Histoire du ciné qui vous font horreur...


DVD Studio Canal assez impeccable, vous pouvez y aller.


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 08:45 
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Pas vu depuis le collège quand Delon présentait le film du mercredi après-midi sur feu La Cinquième, je retiens quelques ambiances qui m'avaient marqué et le final surtout. En tout cas je préférai ça à Casablanca. Il y a un remake avec Charles Boyer.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Casbah_%28film,_1938%29


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 08:51 
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Y a un bonus pas mal sur le DVD studio Canal qui fait la comparaison avec le remake sur quelques scènes (remake qui, malgré l'ultra fidélité à l'original, jusque dans le découpage, paraît bien pâlot en comparaison).

J'avais pas fait gaffe, mais c'est vrai que ça rappelle beaucoup Casablanca. Qui a l'avantage incommensurable de ne pas parler l'argot parisien.


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 09:22 
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Tom a écrit:
J'avais pas fait gaffe, mais c'est vrai que ça rappelle beaucoup Casablanca. Qui a l'avantage incommensurable de ne pas parler l'argot parisien.


Je vois pas en quoi c'est un avantage.

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MessagePosté: 30 Mai 2013, 09:24 
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C'est personnel, ça me hérisse.
Mais ce n'est peut-être pas que personnel. Il y a dans cette reproduction et fétichisation de l'argot quelque chose comme une idéalisation automatique du "bon peuple" dans son ensemble, par son bout le plus clichesque, que je trouve démago et limitée.


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 09:28 
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En même temps les tons et pauses de Bogart, n'est-ce pas un côté fétiche tout aussi "bon peuple" pour les US ?


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 09:31 
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Je pense que c'était lié surtout à une réalité, disparue aujourd'hui.


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 09:33 
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Mr Chow a écrit:
En même temps les tons et pauses de Bogart, n'est-ce pas un côté fétiche tout aussi "bon peuple" pour les US ?

Ça me semble plus flegmatique/racé non ? C'est pas comme si on se tapait le film entier avec l'accent du Texas.

Après je pense que l'écriture qui va avec, ces velléités poétiques de la bonne vie ("tu sens comme le métro"...) m'emmerdent tout autant. C'est un pack.

Jack Griffin a écrit:
Je pense que c'était lié surtout à une réalité, disparue aujourd'hui.

Oui, certainement. Ça va avec une époque que j'adore pas forcément. C'est un giga-pack.


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 09:44 
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Ca doit faire au moins dix ans que le DVD traine dans mon étagère...

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MessagePosté: 30 Mai 2013, 09:46 
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Bah je ne sais pas, Robinson et Bogart dans Key Largo par exemple, avec Bacall au milieu, je trouve ça aussi propre d'un phrasé qui parait totalement d'un autre monde aujourd'hui. Dans Casablanca tu as des origines diverses dans le même film (Bergman, Claude Rains, le jazz..) ça crée sans doute quelque chose de plus varié, mais pas mal de films noirs US ont ce langage de la rue aussi.


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 10:31 
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edit: je répondais à Tom, mais lentement...

Ouais, c'est personnel quoi.
Non seulement l'argot des voleurs était une réalité, mais il n'est pas mort.
Même les terribles cailleras qui sont tellement un danger pour la France perpétuent cette tradition, avec l'usage de mots tels que "daron" etc...

Je ne sais pas dans le cas spécifique du Moko, mais habituellement je trouve que ce genre de coloration du language peut faire la différence entre un film honnête et un film qui témoigne d'un milieu, d'une époque en plus des péripéties et tout le toutim. Me viennent à l'esprit l'esquive,les tontons flingueurs, la haine, mais il y a sûrement des exemples moins caricaturaux.

Quand le language est inventé ou reconstruit, ça peut même donner des ambiances inoubliables : Miller's crossing, Orange Mécanique, Gandahar (dans lequel les mutants ont un passé tellement dégueulasse qu'ils parlent au passé-futur: "j'étais-serai content")

Et pour continuer à être totalement hors-sujet, le mythe Bogart prend un coup dans l'aile quand on sait que son côté flegmatique doit beaucoup au whisky. Et si je me souviens bien le language est assez pauvre dans Casablanca non? (malgré d'évidentes qualités par ailleurs)

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MessagePosté: 30 Mai 2013, 11:00 
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Il y a sûrement des choses que je ne capte pas dans les films US, et qui me rendent plus indulgent (je parlais des accents américains, mais à moins d'y aller à la truelle, je suis en fait bien incapable de les reconnaître). Et il y a sans doute ce réflexe qui pousse à être plus sévère envers son propre pays, j'imagine.

Il y a juste un mix, quelque chose d'assez désagréable, dans la façon dont cet accent popu célébré (quand bien même il correspond à la réalité : toute la poésie que veut tisser le film en découle) rencontre une certaine façon de penser le monde (un certain rapport aux femmes, par exemple, qu'on traite comme des gamines). D'où l'impression d'un ensemble rance, oui, quand le commun des films hollywoodiens de l'époque m'apparaît bizarrement moins problématique (alors que politiquement, a priori, je serais plutôt du côté des déçus du front populaire...)

De manière générale, c'est ce qui m'emmerde dans le cinéma classique français. Tout les films liés au réalisme poétique tracent une ligne qui me motive plus : qui fantasme le monde, qui entretient une atmosphère fantastique, qui essaie d'imprimer quelque chose chez le spectateur. Mais cette complaisance popu m'irrite, et j'en reviens à des cinéastes plus froids, plus distants (Renoir, Clouzot, Grémillon...) que j'aime pourtant pas toujours, mais qui ne me posent pas ce genre de désagréments.


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 11:13 
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Schtroumpf sodomite
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Moi je trouve que c'est surtout une question de jeu. L'accent popu parisien peut servir au comédien pour cacher un jeu plutôt faible (Gabin par exemple, quand il est en roue libre), mais aussi devenir hilarant et euphorisant avec d'excellent comédiens bien dirigés (Julien Carette chez Renoir par exemple). Tout dépend de comment l'acteur se positionne par rapport à ça.

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MessagePosté: 30 Mai 2013, 17:23 
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Tetsuo a écrit:
Julien Carette

J'aurais du mal à abonder dans ton sens, le jeu de Carette pour moi c'est plus ou moins l'incarnation de Satan sur terre (même si je reconnais que chez Renoir il est plus tolérable).


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MessagePosté: 30 Mai 2013, 17:29 
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Putain mais PEPE LE MOKO quoi.

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