Forum de FilmDeCulte

Godard, il y a des films de lui que j'adore et d'autres qui me passent carrément au-dessus. Je comprends qu'on déteste ou qu'on aime. Mais là si on y rajoute le passage sur Picasso au passage "boomer", c'est du troll ou de l'inconscience.

Hormis pour ses tous premiers films, qui possédaient une vivacité et une innovation incontestables, aimer le cinéma de Godard suppose quand même un effort intellectuel, une sorte d’engagement de l’esprit pour bien appréhender la démarche. J’ai vénéré Godard jeune, à l’époque où je construisais ma cinéphilie et où j’avais conscience de son importance dans l’histoire du cinéma (y compris en tant que critique). Mais débarrassée de cette dimension, la vision de ses films peut s’avérer une expérience pénible (ressentie récemment devant Pierrot le fou que j’avais adoré il y a bien longtemps).

Pareil que toi. Si on découvre ses films des années 60 à l’adolescence, cela ne va pas sans une forme d’exaltation qui est bien de cet âge. Alors, on fait le bond de dix ans plus tard qui sépare les années 60 de son retour au cinéma classique des années 80, on y retrouve les mêmes qualités visuelles, une forme de gravité nouvelle qu’on apprécie, aussi une tendance plus marquée au kitsch et à l’emphase, notamment dans les choix musicaux. J’aimerais bien en découvrir de nouveau sur le principe en revoir certains mais sans grand enthousiasme. Apprécié revoir Le Mépris qui est presque un film d’ambiance à faire défiler en faisant autre chose, la cuisine, une soirée entre amis, avec son thème diffusé de manière ininterrompue et ses couleurs, son côté Marie-Claire Maison, son monologue inaugural trop connu.

J'apprends que Godard a réalisé une pub pour Nike

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CroqAnimement votre

Et un clip de France Gall (plus connu) !

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Pour ma part, impression d'avoir été plus intéressé par ses films postérieurs aux années 68 (Soigne ta Droite, le roi Lear, Tout va Bien, puis un film comme les autres, puis Notre Musique et Eloge de l'Amour). Ceux-ci nouent un rapport intense au présent qui passe même par la technique, le grain de l'image. Il y a aussi dans ces films un rapport spécial aux acteurs, et une forme intermédiaire entre documentaire et narration qui n'appartient qu'à lui (plus visuel et moins littéraire que Marker, malgré les citations, plus post moderne aussi finalement, mais de façon esthétiquement maîtrisée mais politquement subie).

Il y aussi une cohérence politique, la Chinoise marque peut-être uje distance sur le gauchisme autant qu' en anticipant son développement, tandis que Diziga Vertov filme un engagement intense où ce doute n'est pas effacé. Il est irréductible mais n'est pas pour autant la seule vérité politique de l'epoque. Et tout son cinéma surmonte aussi l'ambiguïté politique du Petit Soldat, qui est malgré tout un point de départ, à diluer parce qu'elle restz justement active.

Ses films antérieurs s'inscrivent peut-être dans une certaine mythologie française des années 60 devenues avec le temps patrimoniale et consensuelle (La Chinoise, Week-End ou Bande à Part c'est la culture de mes parents, moins Sauve qui peut la vie ou Eloge de l'Amour qui ne peuvent pas être revendiqués par une seule génération).

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Il en fait pour Schick (mousses à raser) pour Closed (Jeans) et d'autres encore

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Tiens , comme je ne retrouvais pas mon coffret Histoire(s) du cinéma hier je me suis rabattu sur Sans soleil de Marker. Certaines transformations de l'image précèdent je crois des expérimentations que fera Godard plus tard avec la vidéo (pareil avec le fond de l'air est rouge dans mon souvenir). Dès lors, je trouve Marker très visuel justement avec cette réflexion dans Sans Soleil où il dit en gros que les images passées et radicalement modifiées par le filtre du numérique "mentent" moins que l'illusion photographique. Mais effectivement il y a un côté plus """"""classique"""""

Beaucoup de Godard jusque dans les années 80 ont une "belle" photo. Il a dans les années 80 Caroline Champetier, Nuytten ou Coutard en chef op'

Oui c'est vrai Level 5 annonce et influence les Godard suivants (l'acteur, que Godard n'a jamais abandonne, revient chez Marker), et sort un peu du cinéma avec le grain des productions multimédia de l'époque tout en tournant sur un évènement précis et fondateur (Okinawa), traité à la fois comme un spectre pour l'image et une obligation morale pour la mémoire. Le Tombeau de Medvedkine dialogue aussi avec les Histoires de Cinéma, et tous deux ont ailleurs participé au Groupe Medvedkine, localisé pas loin de la Suisse. Je pensais plutôt au Joli Mai, dont la forme de film-enquête est plus classique (et qui répond lui-même au Petit Soldat, la lucidité de Marker qui comprend que Le Pen est parti pour durer longtemps, en partie parce qu'il permet de reporter les hontes de la guerre d'Algérie et que son électorat en jouit).

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Erving Goffman

Les articles ou interventions médiatiques sur son antisémitisme supposé commencent à faire boule de neige.

Zzzzzz
Y avait déjà eu un débat là-dessus pour son Oscar d'Honneur de 2010..
(on parlait pas de cancel culture encore à l'époque, c'est interessant d'ailleurs à ce sujet le glissement politique autour de l'antisémtisme).

Je trouve pas le sujet très intéressant en effet, sauf de voir la façon dont la cabale se réorganise facilement, ici plutôt de la part d'une audience très droitière.

Oui voilà, les anti-cancel culture qui l'applique quand ça les arrange mais enfin l'hypocrisie politique c'est pas une nouveauté.

On appelait cela l'opprobre publique (le vocabulaire désignant les idées et les processus moraux n'était pas encore dérivé du nom que l'on donne aux touches d'un clavier) mais c'est plus ou moins la même chose

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

J'ai plutôt vu l'évocation de ces polémiques dans des journaux de gauche, comme ici dans libé :