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MessagePosté: 20 Sep 2022, 23:02 
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Je ne regrette rien de ma jeunesse 1946

1933. L'Université de Kyoto incarne un noyau de résistance à l'idéologie impérialiste et militariste qui se met en place. Fille d'un professeur socialisant, Yuki gravite dans un cercle d'étudiants anti-fascistes et hésite amoureusement entre Noge et Ikotawa. Le premier est ténébreux, radical et malmène Yuki à cause de ses allures de jeune fille de bonne famille. Ikotawa est plus lisse et conformiste, au point de laisser voir un certain opportunisme politique mais aussi amoureux. Noge est arrêté après une manifestation et disparaît.

1938. Ikotawa est un commissaire politique, qui courtise toujours en vain Yuki, et surveille de façon feutrée, sous une apparence de protecteur, le père de celle-ci, chassé de l'Université et devenu un juriste dont la permanence, gratuite, est accessible a tous. Noge est libéré. Il est devenu un intellectuel orthodoxe, proche du régime, qui dirige une sorte de think-tank spécialisé dans la question mandchoue. Marqué par la prison malgré sa réhabilitation, il arbore désormais une attitude éteinte et amorphe envers Yuki...




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Ce n'est vraiment pas un scénario typique chez Kurosawa, et on peut deviner qu'il s'agit d'un de ses films les plus personnels, de façon d'autant plus troublante qu'il s'agit d' un portrait de femme.
Contexte hyper-intéressant : comment le régime d'Hiro-Hito a réprimé les communistes et les socialistes dans les années 30, en particulier à l'Université, et comment ceux-ci ont cru pendant un certain temps pouvoir se maintenir dans une semi-clandestinité, et transiger avec le régime (pendant la campagne en Mandchourie), avant d'être liquidé une seconde fois (au moment de la guerre avec les USA).
Bifurque vers un mélo sirkien hyper-féministe, puis vers un film néo réaliste agrarien (montrer la misère des campagnes au moment où le régime s'enfonce dans la guerre impériale). Cela ne s'emboîte toujours pas de manière harmonieuse, le film pâtit d'une toute fin édifiante, en rupture avec le propos global, à la fois lyrique et pessimiste. Le propos politique est toutefois très dense et articulé, et le personnage central très beau, écervelée bourgeoise qui devient un christ Pasolini, juste et mal-pensante.
La mise en scène est étonnante ; elle mêle classicisme à la Ford avec une modernité visionnaire, qui a 30 ans d'avance (freeze, répetition , fondus sur de longues durée et caméra à l'épaule, et le cadrage sur les visages ainsi que certaines idées de montage sont magnifiques). Des moments sont dignes de Paisa et Vaudou. Tant par la forme que par le contenu, Kurosawa annonce la trilogie historique de Hou Hsiao Hsen, a Brighter Summer Day d'Edward Yang, voire aussi 1900 de Bertolucci. L'énergie formelle et la sensibilité communiste libertaire du film (les pages Wikipedia anglophone et francophone parlent d'un mariage entre Yuki et Noge alors qu'il est clair qu'elle devient sa maîtresse) annoncent aussi Oshima. Quelque-chose fait aussi fortement penser à Hamaguichi (morcellement du film en trois partie au sein d' une unité de point de vue politique et moral qui s'impose aussi aux personnages, et décentrage de la ville vers un passé paysan, perçu a la fois comme juste et honteux, comme un secret transmis d'un personnage à l'autre).

L'histoire, et en particulier le personnage féminin, rappellent étonnement Aurélien d'Aragon, et Bérénice, publié quasiment la même année que le film.

Je vais essayer d'y revenir. Film peu vu (sans doute est-ce lié au fait qu' il montre un Kurosawa nettement philo-communiste, critique de façon directe envers le Japon nationaliste et Impérial, et de façon plus indirecte de la présence americaine après la défaite) mais extrêmement riche, qui résonne profondément avec l'actualité.

Les dialogues, malgré le caractère parfois édifiant du récit, sont aussi très bons et vifs
particulièrement dans les deux passages où Yuki explique a Ikatawa qu'il peut aller se faire voir
. Il faut aussi saluer la prestation de l'actrice, Tetsuko Hara, plus connue pour ses films avec Ozu. Le film passe brutalement d'une atmosphère tchékovienne à un film social rural âpre et austère (la partie formellement la plus marquante) et elle parvient a défendre et faire exister le personnage (finalement c'est le portrait de qu'on appelait une établie, figure rare au cinéma).


5.5/6

Les deux sources historiques du film :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Incident_de_Takigawa
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Hotsumi_Ozaki

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MessagePosté: 21 Sep 2022, 10:48 
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Le terme de purge de la gauche n'est peut-être pas approprié à propos du Japon impérial. L'article sur Ozaki mentionne qu'il s'agit d'un cas unique. Le film laisse néanmoins voir un mélange assez subtil entre répression et tentative officielles de récupération. Le personnage de Noge fait ainsi penser à un Gramsci dont on ne pourrait pas déterminer s'il finit par se plier au régime et à l'intégrer ou bien à l'infiltrer. Enfin, et c'est malheureusement aujourd'hui encore le cas, la mobilisation militaire était aussi un moyen de casser l'adhésion aux oppositions politiques ainsi que leur possibilité de s'organiser, sans compter la liquidation au combat de jeunes qui représentent une force de contestation potentielle.

Certaines scènes sont inexplicables sans une connaissance plus forte de cette période au Japon, ainsi la cadavre du militaire au début qui renferme l'idylle de l'excursion dans les collines. On peut penser à une purge interne à des milices d'extrême droite qui finit par contaminer l'ensemble du spectre politique.

Le point fort du film est de montrer que d'un point de vue psychologique, la discipline morale et la peur du scandale accentuent cette ambiguïté et cette impuissance politique. PLan magnifique sur le collègue du professeur lorsqu'il prononce le mot "défaite" à la fois choqué par l'aveu et libéré et de l'idée et de sa solitude, malheureusement ce passage est annulé par le sourire du même homme dans le plan final - mais Kurosawa ne cache pas que la réhabilitation post mortem de Noge par les démocrates ressemble à celle mensongère qu'il a enduré de son vivant, par les fascistes. D'abord l'impuissance et la faiblesse, puis en leur sein la conversion politique : on va ainsi vers le peuple en en étant séparé. et le martyre suicidaire de l'héroïne prouve son identité politiqiee., le masochisme est le débouché d'un idéal de justice sociale qui se sait défait, ne peut plus rien valoriser du présent. Elle se laisse séduire par l'idéal communiste après sa défaite, d'où une très forte érotisation de son corps dans les scènes paysanne : ce qui reste quand le discours est épuisé, et la justice politique comprise sans être reconnue.
Il y aussi une scène où Yuki ordonne à Itokawa de se prosterner à ses pieds avant de l'humilier en lui demandant d'arrêter son cirque : sa prise de conscience sociale est parallèle à celle, plus immédiate, de l'insuffisance du fétichisme sexuel, du caractère insatisfaisant d'une transgression sexuelle récente. Beaucoup de plans de pieds aussi dans la scène de promenade et de pavanne amoureuse du début, opposés à la répression de la manifestation filmée de haut, à la grue....




Le film empreinte beaucoup à l'esthétique soviétique (beaucoup de gros plans sur l'actrice sont en fair des effets Koulechov, Kurosawa en joue avec un étonnant passage à base de photos plutôt que de pellicule), mais de manière très fine Kurosawa laisse comprendre que cet hieratisme esthétique et l'insistance sur le travail collectif sont plutôt la contrepartie d'un désespoir devant le manque d'audience sociale (les paysans et enfants vecteurs immediats de la propagande. L' esthétique de la valorisation du stakhanovisme est utilisée ici pour montrer deux femmes absolument seules, sans être rattachées à aucune structure, avec en fait une certaine cruauté)
On dirait, méchamment, que les communistes ne touchaient alors que ceux qui les surveillaient.
Autre point fort : le collaborateur puis fonctionnaire de police fasciste est issu du groupe étudiants de gauche, et sa trahison est surdéterminée par une rivalité amoureuse. Comme chez Aragon dans Aurélien, Kurosawa est conscient qu'une idée trop viriliste et viscéralement personnelle de l'engagement politique se retour facilement en son contraire (c'est la mollesse d'Aurélien qui l'empêche de tomber dans le fascisme comme son modèle réel Drieu : il est trop épuisé pour le ressentiment, qui est aussi un acte, Noge semble dans le même cas). C'est la femme qu'il convoite mais en même temps craint qui assume cet engagement complètement, comme par nature dégagée du virilisme ; mais cet engagement est comme chez Aragon une sexualité de substitution pour elle, en même temps qu'un renoncement à la parole. Elle est intègre mais coincée entre la parole et la mémoire, placée au delà du nom (les scènes fortes avec le père de Noge, prostré sans qu'on sache si c'est pas honte lu fièreté) mais pour cette raison la seule à voir l'espace qui permet d'aller vers l'autre.

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MessagePosté: 13 Juil 2023, 17:07 
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La une samouraï

Visiblement, le film s'est fait démonter à sa sortie-même au Japon parce que Kurosawa avait choisi de prendre comme protagoniste une femme : "Pour moi, elle représentait le nouveau Japon... si ça avait été un homme les critiques qui ont été si violents à son égard n'auraient rien trouvé à redire voire auraient trouvé qu'elle agissait pour le mieux." Kurosawa avait entièrement réécrit le film après qu'un autre réal avait lancé un projet similaire.

J'ai complètement adhéré à son idée d'évoquer le contexte de l'entrée en guerre puis la vie en clandestinité via le regard d'une femme amoureuse. La description de la vie dans une époque merdique où tout le monde s'épie et se menace à demi-mots notamment, par le biais du triangle amoureux avec l'enfoiré à moustache qui se trouve toutes les justifications possibles à son état de rouage d'une machine qui est en train de tout niquer.

C'est ce côté vraiment anodin du fascisme rampant qui s'insinue dans le quotidien qui est vraiment bien retranscrit, jusqu'à l'arrestation et l'interrogatoire / la mort de Noge. Et tout aussi saisissante : sa transformation progressive et physique qui va la voir devenir une paysanne à l'ancienne reprendre le boulot tandis que l'homme de la maison reste sur son cul à bouder.

Vieux-Gontrand a écrit:
La mise en scène est étonnante ; elle mêle classicisme à la Ford avec une modernité visionnaire, qui a 30 ans d'avance (freeze, répetition , fondus sur de longues durée et caméra à l'épaule, et le cadrage sur les visages ainsi que certaines idées de montage sont magnifiques).


Tout le travail sur le passage du temps est bien balaise, oui : avec des ellipses brutales par moments, et d'autres instants étirés et gardés comme précieux (évidemment le moment du début quand ils sont sur la colline) : ça va de pair avec la description du désir et de son maintien qui est la base du film.
J'adore la séquence où on se trouve dans le hall de l'immeuble où travaille Noge et qu'on la voit dehors passer et repasser devant la porte d'entrée au gré des saisons sans savoir si elle doit entrer.

Vieux-Gontrand a écrit:
Le film emprunte beaucoup à l'esthétique soviétique (beaucoup de gros plans sur l'actrice sont en fair des effets Koulechov, Kurosawa en joue avec un étonnant passage à base de photos plutôt que de pellicule), mais de manière très fine Kurosawa laisse comprendre que cet hieratisme esthétique et l'insistance sur le travail collectif sont plutôt la contrepartie d'un désespoir devant le manque d'audience sociale (les paysans et enfants vecteurs immediats de la propagande. L' esthétique de la valorisation du stakhanovisme est utilisée ici pour montrer deux femmes absolument seules, sans être rattachées à aucune structure, avec en fait une certaine cruauté)

(...)

Le point fort du film est de montrer que d'un point de vue psychologique, la discipline morale et la peur du scandale accentuent cette ambiguïté et cette impuissance politique. PLan magnifique sur le collègue du professeur lorsqu'il prononce le mot "défaite" à la fois choqué par l'aveu et libéré et de l'idée et de sa solitude, malheureusement ce passage est annulé par le sourire du même homme dans le plan final - mais Kurosawa ne cache pas que la réhabilitation post mortem de Noge par les démocrates ressemble à celle mensongère qu'il a enduré de son vivant, par les fascistes. D'abord l'impuissance et la faiblesse, puis en leur sein la conversion politique : on va ainsi vers le peuple en en étant séparé. et le martyre suicidaire de l'héroïne prouve son identité politiqiee., le masochisme est le débouché d'un idéal de justice sociale qui se sait défait, ne peut plus rien valoriser du présent.


D'instinct, je dirais que Kurosawa vomit le principe d'embrigadement et d'engouement de masse : il y a une opposition totale entre ces paysans fielleux et délateurs et son héroïne qui doit désormais bosser seule et qui se discipline pour arriver (en vain) à rendre les rizières de sa belle-famille prospères. On dirait effectivement qu'il pointe du doigt la lâcheté même du peuple, son côté suiveur. D'où le final où des quidams similaires à ceux qui se sont foutus d'elle lui donnent désormais la place de choix dans leur calèche. Dans Les sept samouraïs, pareil : les paysans que protègent les samouraïs sont pas montrés comme de fragiles innocents. C'est juste le boulot du samouraï de les aider : il serre les dents et il fait le job.

Il avait déjà réalisé le film de propagande le moins convaincant du monde (Le plus dignement) sur des ouvrières pendant la guerre où j'avais trouvé que la morale en lieu et place du "on va les piler" qui était explicité, était plutôt "va falloir se serrer les coudes et serrer les dents en attendant qu'on se ramasse."

Vieux-Gontrand a écrit:
Elle se laisse séduire par l'idéal communiste après sa défaite, d'où une très forte érotisation de son corps dans les scènes paysanne : ce qui reste quand le discours est épuisé, et la justice politique comprise sans être reconnue.
Il y aussi une scène où Yuki ordonne à Itokawa de se prosterner à ses pieds avant de l'humilier en lui demandant d'arrêter son cirque : sa prise de conscience sociale est parallèle à celle, plus immédiate, de l'insuffisance du fétichisme sexuel, du caractère insatisfaisant d'une transgression sexuelle récente. Beaucoup de plans de pieds aussi dans la scène de promenade et de pavanne amoureuse du début, opposés à la répression de la manifestation filmée de haut, à la grue....


On dirait effectivement que ses idéaux sont uniquement issus de son désir pour Noge et que l'implication de Noge dans ce réseau d'espionnage dont on ne verra jamais rien est juste un détail : ce qu'elle aime chez lui c'est cette manière de sacrifier sa vie pour une cause, et le fait de vivre dans une clandestinité qui peut leur péter à la gueule à tout instants (ce qui va finir par arriver) c'est ce qui entretient la flamme entre eux. Et ce désir s'incarne ensuite, après sa mort, en mutation en über-cultivatrice dans les rizières.


Vieux-Gontrand a écrit:
la sensibilité communiste libertaire du film (les pages Wikipedia anglophone et francophone parlent d'un mariage entre Yuki et Noge alors qu'il est clair qu'elle devient sa maîtresse)


Mais oui, tout à fait, je crois que c'est même explicite dans un dialogue.

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Dernière édition par JulienLepers le 16 Juil 2023, 11:41, édité 1 fois.

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MessagePosté: 13 Juil 2023, 17:24 
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Récemment j'ai lu les "Souvenirs de la Maison des morts" de Dostoïevski (qui est vraiment remarquable politiquement et psychologiquement ) et il est frappant de voir comment Kurosawa pour qui cet écrivain était important en fait ici, du moins dans la seconde partie, une sorte de transposition féminine, même si techniquement ce n'est pas ici un camp de prisonnier mais plutôt une déportation auto-imposée. Le sens du récit est aussi doublement inversé car chez Dostoïevski c'est un adieu au socialisme au profit d'un populisme mystique alors que la femme fait plutôt un chemin inverse - de plus chez Dostoïevski le spectacle musical et théâtrale est dans l'enfermement lui-même, dont il forme un élément ambigu, alors qu'il est ici un passé quasiment perdu avec la vie bourgeoise -même si le film renoue in extremis à la fois et en même temps avec la paix et la bourgeoisie- qui se confond de manière ambigüe (la répression du régime se superpose quelque peu aux luttes de pouvoir au sein des "communistes", ce que le happy end laisse commodément dans l'ombre) avec la réparation morale des personnes purgées elles-même, mais beaucoup de situations se répondent, d'autant que Tetsuko Hara c'est aussi l'actrice de l'Idiot tourné un peu après- où elle est d'ailleurs extraordinaire.

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MessagePosté: 13 Juil 2023, 17:40 
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Je me permets de te retourner la question, qui après tout est celle de la legitimité de chacun, avant d'y répondre...

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MessagePosté: 14 Juil 2023, 08:01 
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Sinon sur ce que JulienLepers appelle la représentation du
suivisme du peuple (des paysans en fait - même s'il y a bien sûr un lien avec une aliénation préalable - Dodedkaden d'ailleurs passera à la couleur pour montrer l'aliénation séparée de l'idéologie ou postérieure à celle-ci dans le cas des vétérans) il y a un film peu vu d'Oshima qui prolonge celui-ci, en le tordant vers la comédie noire - jouant sur la distance à la fois géographique et morale que sait trouver le fanatisme sur les évènements quand cela l'arrange, qui joue sur le fait que le personnage de Yuki est remplacé par un prisonnier de guerre noir, passif et muet, mais qui divise d'autant plus la communauté : Le Piège. Avec là comme chez Kurosawa la conscience d'une difficulté à distinguer lumpenproletariat et paysans pauvres qui les éloigne du communisme orthodoxe (Marx a bien perçu qu'on pouvait faire un aller retour entre les deux conditions et que la condition paysanne était externe à la notion de salaire).

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MessagePosté: 16 Juil 2023, 11:30 
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JulienLepers a écrit:
Visiblement, le film s'est fait démonter à sa sortie-même au Japon parce que Kurosawa avait choisi de prendre comme protagoniste une femme : "Pour moi, elle représentait le nouveau Japon... si ça avait été un homme les critiques qui ont été si violents à son égard n'auraient rien trouvé à redire voire auraient trouvé qu'elle agissait pour le mieux."
Ouin ouin il a fait un "Et si…"

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Akira Kurosawa = Elizabeth Banks.

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