Forum de FilmDeCulte

Une mère conseille à son fils, Sumo enchaînant les victoires, de se coucher au prochain combat pour ne pas lasser le public.


Je crée moins ce topic pour le film (un court-métrage de 18 minutes) que pour son édition... Quelques mots quand même : il s'agit d'une comédie, œuvre posthume de Makino (surnommé "le père du cinéma japonais", je découvre ça). J'avais un œil franchement plus historique/intéressé qu'appréciateur (j'explique ci-dessous pourquoi), et le fossé est tel pour une première confrontation, qu'il est dur de se forger un avis... Mais c'est plutôt bien me semble-t-il : le potache n'empêche pas au film d'être fin à sa façon (la manière dont tout le groupe réagit à chaque annonce dans la scène de nuit, par exemple). Le combat final (le seul passage vraiment diurne d'ailleurs) laisse un peu trop part à l'aléatoire pour que le moment fonctionne. Pour le reste...

L'édition donc. Il s'agit d'une série de DVD, "Talking Silents", qui sur le papier est un projet miracle : ressortir les classiques du muet japonais avec un commentaire de benshi intégré. Deux commentaires en fait (pour justement donner à sentir l'influence et les changements selon qui s'y colle), musicien inclus : bref, comme si on y était. Ma précédente expérience de muet japonais m'avait effectivement laissé un peu circonspect sur l'intérêt de regarder ces films seuls, sans son. À la vision de ce court avec benshi (qui fait la narration donc, mais aussi des dialogues inventés, des commentaires sur l'action, des bruitages...), il semble absolument évident que ce cinéma en a non seulement besoin, mais aussi qu'il s'est esthétiquement construit en fonction de cette voix-off. Que l'image, en quelque sorte, s'en pense comme le complément. Au point que je me demande ce que donnerait certains muets européens avec une voix de bonimenteur : voir si c'est une illusion de ma part (= la voix, une fois présente, semblerait nécessaire) ou vraiment une particularité dans la façon de (ne pas tout) narrer par la mise en scène nipppone des premiers temps.

Mais ces éditions, si géniales dans l'idée, si soignées malgré l'état des pellicules (de nombreux bonus, interviews des benshis notamment), ont un énorme défaut : elles n'ont pas corrigé la cadence des films. On regarde donc en 24 i/s un film tourné en 16 i/s, c'est à dire grave accéléré (c'est ma semaine, décidément...), et la voix de la benshi court du coup à toute vitesse pour rattraper le temps qui file, non sans une pointe d'hystérie dont on se demande si elle fait partie du trip. C'est quand même dramatique de fournir autant d'efforts, d'appeler les spécialistes en renfort, et de tout gâcher par une erreur aussi grossière.

Toutes les éditions (il y a dix DVD) ne sont peut-être pas concernées : les 5 premières ont des indications de framerate sur le site de l'éditeur (https://www.digital-meme.com/en/our_pro ... index.html). Mais c'est quand même dommage, je me faisais une joie de partir à la découverte de ce patrimoine jusque là "inaccessible", parce qu'amputé de sa part sonore. Et au final, en l'état, c'est autant saccager les films de les regarder ainsi en vitesse rapide, voix de benshi ou pas.

Superbe film. Et j'adore la dernière réplique:

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Du muet en 1.77 ? Jeune naïf.

Flûte.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Hahaha je me dis depuis l'autre jour qu'il y a une blague à faire. Bien joué.

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