film dossier de l'écran aoc.
jeune fille française se rend, en 2013, en syrie, pour rejoindre daesh. elle se retrouve dans une madafa, maison pour femmes qui est en fait une sorte de maison close / site de rencontre, où les djihadistes mâles viennent choisir leur 'femme'.
la démarche est parfaitement assumée par la réalisatrice, qui explique que le film est né d'entretiens avec des femmes djihadistes et des spécialistes, que la question du documentaire s'est posée, que finalement non c'était plus parlant en fiction, et que l'obsession était que tout soit conforme à la réalité.
on se plonge donc dans cette dinguerie absolue. la plongée est tout à fait intéressante. déjà, ça n'est plus d'actualité, et du coup c'est intéressant de documenter cette parenthèse daesh, à la fois massive et brève, totalement folle, finie mais qui n'en finit plus et ne finira pas avant un moment de se métastaser. il y a moult détails et anecdotes zinzins et puissantes, il y a le personnage de la madame claude locale qui est une méchante d'anthologie, et puis il y a ce huis-clos qui filme très efficacement tout ça comme une secte, puis comme un couvent religieux, puis comme un qg terroriste, avec toutes les dynamiques humaines qui peuvent en sortir.
et puis, fiction oblige, il y a donc un personnage principal et son parcours. et c'est là que j'ai eu un peu plus de mal. déjà, la réalisatrice est allemande, ses grands-parents étaient nazis, et elle dit que son intéret pour daesh vient sûrement en partie de là : comment et pourquoi des gens rejoignent une organisation maléfique ? et ensuite, il y a cette approche sur les femmes de daesh qui a été abondamment commenté et analysé, qui était dans un premier temps de leur accorder un privilège féminin, de les considérer comme des victimes, vaguement inconsciente, prises dans quelque chose qui les dépassait. ça a été le traitement judiciaire pendant longtemps, un homme revenant de daesh prenait 10 ans et une femme prenait 2 ans avec sursis et un suivi social. puis ils se sont rendus compte que c'était une folie, que les meufs étaient bien souvent aussi tarées que les mecs, que les femmes étant dotées d'un cerveau souvent fonctionnel elles savaient parfaitement dans quoi elles s’engageaient, et désormais entre celles restées sur place et celles rentrées et activement complices ou autrices d'attentat tout le monde en est conscient et elles sont aussi durement traitées que leurs doux époux.
il se trouve que ce n'est pas du tout l'angle choisi. ici, il s'agit d'une fille paumée, lesbienne refoulée, qui s'engage toute festive dans une maison qui ressemble à une colonie de vacances, avant de découvrir qu'en fait elles sont sévères wesh. que tout ça corresponde à ce qu'elles ont raconté en revenant en france pour se dédouaner je n'en doute pas, mais vraiment à ce stade on sait que ce sont des conneries. d'autant que la fille est blanche, et les françaises de culture catholique converties ça existe et y en a qui sont parties et c'était parmi les plus tarées du lot.
donc j'y ai vu un angle qui sous couvert d'humanisme et de compréhension rate un pan entier de la réalité. ce qui est d'autant plus idiot que, outre des problématiques personnelles pour la réalisatrice et un refus politique d'envisager que des gens ne partagent pas les valeurs de nos sociétés, ce choix de la présenter comme une victime d'elle-même et des circonstances me semble aussi issu d'une volonté malavisée de créer de l'empathie pour le personnage, en considérant manifestement qu'on ne peut pas juste hate-watcher un personnage. alors que si si, hate-watcher des gens de daesh ça ne me pose aucun problème personnel, ce qui n'empêche par ailleurs pas d'expliquer comment et pourquoi des gens font des trucs qui nous paraissent insensés.
mais au final l'énorme four (30k) n'est pas mérité, c'est un document intéressant et bien fait sur un sujet fou.