pas grand-chose à voir mais je tombe sur cette espèce de gloubi-boulga occidental journalistique où les phrases et les paragraphes ne sont pas connectés logiquement entre eux (signe de complexité?) et où la journaliste fait preuve de confusion mentale avec un point de vue qui se veut féministe :
https://www.courrierinternational.com/a ... espectableCitation:
Jouissant de plus de liberté et de pouvoir que dans le reste du monde arabe et musulman, les femmes de Mauritanie en imposent à leurs époux.
D’ailleurs, c’est l’islam qui nous guide en ce sens.” Biha El-Azza Heidoud, première femme caméraman mauritanienne, a inversé ma question : je lui demandais si les femmes mauritaniennes se sentaient respectées par les hommes. Un malentendu qui semble conforter l’idée répandue que les femmes maures porteraient la culotte sous leurs melahfas, ces voiles légers multicolores, aux antipodes des voiles noirs opaques, chargés de soumission, qui assombrissent d’autres républiques islamiques.
Avec son chant lancinant et dépouillé, sa musique mariant instruments traditionnels et guitares électriques, Malouma, la blueswoman mauritanienne issue d’une lignée de griots, incarne une liberté de ton rebelle, qui lui a valu dix ans de mise à l’index sous le régime autoritaire précédent. “Notre islam, ce n’est pas l’islam dont on parle à la télévision. Nous dirigeons, malgré le voile”, explique cette mère de quatre enfants, devenue sénatrice après avoir fait campagne avec l’opposition aux dernières élections.
Déjà au XIVe siècle, le géographe maghrébin Ibn Battuta, observant que “les hommes ne sont nullement jaloux de leurs épouses”, est interloqué de ce qu’il voit dans la région orientale de l’actuelle Mauritanie. Cinq siècles plus tard, l’explorateur René Caillié s’étonne de ce que les femmes maures “servent rarement” leurs époux, sur lesquels à ses yeux “elles conservent plus d’empire” que les Françaises.
“Les femmes maures sont très difficiles. Si elles ne sont pas assez gâtées à leur goût, elles divorcent pour un rien, en tout cas dans les milieux matériellement aisés, où les filles sont éduquées. Auparavant, le mariage, c’était l’alliance entre deux tribus ; et, si la femme s’en allait, toute la tribu de l’homme était déshonorée. Alors, tu faisais tout pour gâter ta femme, afin d’éviter qu’elle ne te quitte. Les anciennes transmettent à leurs filles que la femme doit avoir une position dominante”, m’explique Niang Mamadou. En charge des relations extérieures et de la coopération du syndicat indépendant CGTM, il souligne la différence avec les ethnies négro-africaines du sud du pays. “Dans mon ethnie, la femme doit être soumise, seule la mort peut la séparer de son mari et elle doit accepter la polygamie.”
A l’opposé de l’image du couple fusionnel à l’occidentale, dans la vie quotidienne traditionnelle maure, les époux ne se retrouvaient que pour la nuit. Ce qui n’empêchait nullement la femme d’être libre de sortir du foyer à sa guise et même d’y recevoir des invités masculins. Apportée en dot par la femme, la tente, la khayma, était l’unité sociale première, placée sous sa seule responsabilité et son entière propriété. “Chez les Maures, en l’absence de l’épouse, qui visitait régulièrement ses parents, la tente était abattue ou inoccupée, le mari se réfugiait dans une tente voisine ou sous un arbre. Il eût été honteux, ridicule, à vrai dire impensable qu’il occupe l’espace féminin hors de cette présence tutélaire”, explique l’ethnologue Pierre Bonte. Cette tradition tient à un mélange de réminiscences de l’ancien matriarcat berbère et d’héritage de la dynastie berbère des Almoravides, où la femme était la maîtresse du foyer. Comme dans le reste du monde arabe, la femme, par ses charmes, est toutefois source de danger pour l’ordre social patriarcal, mais plutôt que de la voiler et de la cloîtrer, la société maure conjure ce danger “en assignant à la femme le statut d’objet inaccessible et parfait”, socle d’une culture du désir masculin inassouvi plutôt que de domination.
“Il y a une superposition de deux systèmes. Traditionnellement, dans l’espace nomade, les femmes sont très présentes sur le plan individuel et familial. Mais, au niveau de l’espace public, cela reste une société patriarcale liée à l’islam ; ainsi, les assemblées communautaires dans les mosquées ne comprennent pas de femmes. Elles sont présentes dans tous les secteurs de production, comme le commerce, la pêche ou l’industrie, mais pas dans les cercles de décision. Les nouveaux quotas vont sans doute leur donner le goût de se battre pour plus d’espace public”, espère Hindou Bint Ainina, rédactrice en chef du Calame, un journal indépendant. La Constitution de 2005 réserve aux femmes un quota minimal de 20 % dans les différentes assemblées et, depuis février 2007, elles bénéficient aussi d’un quota minimal de 20 % dans l’administration. Lors des élections de 2006 et 2007, pour la première fois libres et démocratiques, elles ont remporté 30 % des sièges locaux et 21 % des sièges législatifs. La Mauritanie se distingue aussi par un taux record de scolarisation des filles : autour de 70 % à l’école primaire. Le taux des filles dans l’enseignement secondaire est aussi en augmentation, mais reste freiné par les mariages précoces et le manque d’accessibilité des collèges en zone rurale. A l’inverse de l’éducation, les indicateurs de santé sont alarmants. La mortalité maternelle reste très élevée. Interdite, l’excision subsiste clandestinement, touchant quelque 70 % des Mauritaniennes.
A la tombée du jour, quand le sable du stade de Nouakchott tiédit, les baskets de courageuses dodues dépassent des melahfas. “J’ai des problèmes de diabète et d’hypertension, je veux maigrir, même si mon mari n’est pas ravi”, m’explique, le souffle encore court de son exercice, Yahfada, employée de banque. Au sein de l’élite urbanisée, les régimes ont fait leur apparition, au rebours de l’idée qu’il faut être bien potelée pour porter noblement son melahfa. La lutte pour survivre à la rudesse du désert avait en effet conduit à l’adulation de l’obésité et au gavage des fillettes. Odette du Puigaudeau, aventurière du désert venue se perdre en 1933 sur ces terres alors interdites, raconte, horrifiée, comment, alors qu’elle était l’hôte de la tribu de l’émir Ould-Deïd, elle fut “éveillée en pleine nuit par l’ordre répété : ‘Charbi !’ (tu bois !), entrecoupé des pleurs et supplications d’une enfant, un homme agenouillé à ses pieds lui serrant les orteils entre deux bâtons à chameaux”. Avec son “torse bourrelé de graisse”, la peau distendue “fendillée de minces gerçures roses”, Toutou, “de la taille d’une enfant de 10 ans, pesait bien 80 kilos”. Grâce à ce supplice par lequel “les fillettes paient la gloire d’être des animaux de luxe, Toutou valait plus de 50 chameaux”, qu’offrirait pour l’épouser “quelque vieux chef riche”. Cette accumulation de kilos réduisait la femme à l’inactivité, de quoi faire la fierté des maris capables d’y suppléer par une domesticité nombreuse. Sur le plan sexuel, cette passivité s’inscrivait aussi dans le code culturel voulant que la femme n’affiche que dédain et désinvolture face à son mari. A l’origine signe extérieur de richesse des familles aisées, le gavage est peu à peu aussi devenu un calcul économique, mieux valant marier les filles inactives au plus vite. Pour contrer les chants d’amour traditionnels magnifiant les rondeurs, le ministère de la Santé a même commandité des chansons romantiques célébrant la minceur et ostracisant l’obésité. Heureusement en régression, le gavage touche aujourd’hui moins d’une Mauritanienne de moins de 19 ans sur dix, contre un tiers de celles de 40 ans et plus. Selon la journaliste Hindou Bint Ainina, “même dans les campagnes, le gavage n’est plus imposé. Si c’est toujours pratiqué, c’est un choix.”
Touchant près de 40 % des femmes (deux fois plus de Maures que de Négro-Africaines), le divorce est un sujet très sensible. “La tradition, c’est que plus tu as eu de maris, plus tu es respectable. Pas comme au Maroc, où c’est perçu comme une tare sociale, ou au Mali, où il est difficile pour une divorcée de trouver un emploi”, explique Mahjouba Mint Salek, syndicaliste et vétérane du combat pour l’égalité. “J’ai été mariée trois fois. Les nouvelles épouses de mes ex-maris sont gentilles avec moi et mes enfants ; c’est comme un grand clan où tout le monde me respecte. Auparavant, la jalousie était terrible, car le foyer était le seul faire-valoir des femmes. Maintenant, elles commencent à avoir d’autres sources d’épanouissement. J’ai quatre enfants de trois pères différents – trop peu, au goût de mes parents.”
Chez les Négro-Mauritaniens en revanche, la polygamie, symbole de virilité et de richesse, reste très répandue. A défaut de l’interdire, le nouveau Code de la famille la décourage, la conditionnant à l’acceptation de la première épouse. Chez les Maures, la monogamie règne de fait, comme une exigence des femmes en dépit de la tolérance de l’islam à son égard.