Lectures de juillet/août.
Adoré, malgré une traduction assez médiocre. Le personnage me touche beaucoup, grosse identification, d'où un intérêt toujours égal pour ce qui lui arrive, ses points de vue sur le monde qui l'entoure, etc. Des moments magnifiques avec la petite soeur, un humour qui fait mouche, et un ton constamment et étrangement mélancolique font de ce roman un de mes préférés sur l'adolescence.
6/6
Autobiographie d'un vieux centenaire noir texan qui a appris à lire à 98 ans (ça ferait un bon sujet de film indépendant américain, ça). Donc ça se lit très vite, et les 2 premiers tiers sont même vraiment bons, ceux sur la jeunesse du monsieur. Ensuite ça s'enlise, la construction devient insupportable, tous les dialogues sonnent faux, son histoire devient chiante... Dommage.
3/6
J'adore Kundera, notamment ses romans courts en forme de variations sur un thème précis (comme le livre du rire et de l'oubli). Réflexion sur l'exil, la place de l'émigré dans ses deux pays, mais aussi sur l'histoire et le temps, le livre aurait pu être assez hermétique, symbolico-chiant. Mais Kundera parvient en quelques 200 pages à créer des personnages et des situations qui vivent par eux-mêmes et qui nous touchent, certainement aussi parce qu'il doit raconter un peu son histoire (tout a un rapport avec la Tchéquie communiste). Kundera est selon moi un des plus grands romanciers à savoir analyser le monde et les sentiments humains avec une telle finesse et une telle intelligence.
5/6
Un roman "classique" de K. Dick, mais qui pose encore la question de la frontière, ici entre la normalité et l'anomalie, la folie et la raison. Où, bien sûr mais c'est plutôt bien amené, on se rend compte que cette frontière est franchement floue. En suivant l'itinéraire d'une sorte d'autiste qui va loger chez sa soeur et son mari, parfaits symboles d'une amérique totalement névrosée derrière une façade prospère, K. Dick attaque avec un cynisme assez réjouissant ce vernis et cette folie ordinaire qui habitent le rêve américain et la vie "provinciale". Le dernier chapitre est merdique, par contre.
4/6
Je me suis décidé à le relire, et j'ai bien fait. Mann ne cache pas qu'il a voulu entre autres donner une expérience du temps à travers ce livre, et c'est vrai qu'on se sent doucement enveloppés par une sorte de léthargie béate pendant la lecture et qu'on perd tous ses repères... Le livre est bourré de moments inoubliables (la tempête de neige ou même la toute fin, parmi d'autres dizaines d'exemples), la narration est bigrement intelligente et les disgressions du narrateur créent une étrangeté qui sient parfaitement à l'histoire, la psychologie des personnages est incroyable de richesse. Et si on peut y voir tout plein de symboles, c'est plus ce Hans Castorp qui me touche, son histoire avec son cousin ou avec celle qu'il convoite, ces gens qui meurent sans laisser de trace, cette routine rassurante et effrayant, l'absurdité et le dérisoire de nos comportements... Ca fait 1000 pages mais ça se lit vraiment très bien, notamment grâce à cette temporalité absolument unique créée par Mann.
6/6
Pas mal déçu, assez inégal, j'adhère pas trop au côté boursouflé du livre, à cette volonté qui m'énerve aussi chez certains surréalistes de toujours vouloir trouver des "chocs visuels", des images incroyable, ça me gave un peu, même si c'est parfois très beau ou impressionnant. C'est le genre de roman / poésie ou j'arrive à piocher ça et là des phrases qui me plaisent mais c'est tout.
2/6
3 Bukowski, le Journal d'un vieux dégueulasse est un de mes bouquins préférés, les deux autres sont en deça mais on retrouve le style et l'esprit de Bukowski, et si on aime c'est toujours jouissif. Derrière le cul, la bière et les boulots minables, se trouve un immense écrivain, au style brillant, incisif, rythmé, drôle, et complètement désabusé aussi, qui cache sa solitude, sa misère et son dégout du monde derrière un humour ravageur.
Je suis pas un gros fan de Kerouac, mais celui-ci est assez intéressant par le trip Thoreau du début et la distance prise avec les beatniks et les petits fans de pacotille. Et les descriptions de delirium tremens sont très fortes. Et ce truc absolument terrible où il se rend compte qu'il ne peut pas vivre seul dans la nature, même avec tout sa volonté, malgré l'osmose qu'il ressent pendant quelques temps, que même si sa vie le dégoutte, qu'il ne veut plus boire et faire des soirées à la con avec ses amis, il le fait quand même... C'est terrifiant mais assez vrai.
4/6
Un monument d'horreur, d'hétérogénéité, d'empilations de mots et d'histoire, le livre d'un fou, comme si on visitait l'enfer et qu'on regardait ça d'un oeil mort. Viscéral, dur, ça s'appréhende pas facilement. Rappelle Lautréamont ou Sade par la description de tortures jouissives. Plus de la poésie qu'un roman (il y a une sorte d'histoire avec l'Interzone, des débuts de récits, mais chaque chapitre pourrait se lire séparément).
Sans doute mon ouvrage poétique préféré. En plus de la densité du propos, de la révolte et de la haine qui suintent de chaque syllabe, c'est une poésie géniale, comme un immense morceau de musique qui emporterait tout sur son passage et le lecteur avec.
6/6
A mon goût beaucoup moins bon que Fictions (qui est un des mes livres préférés faut dire), car plus traditionnel : Borgès s'attache plus aux personnages, à l'histoire, sans pour autant renier sa singularité, à savoir ce mélange d'érudition, de fausses pistes, de théologie, de symétrie, d'intrigues labyrinthiques dans un monde labyrinthique, etc. Sauf que là, puisque les nouvelles s'affichent comme plus narratives, tout ce qui est symbolique et théorique passe moins bien, comme un cheveu pouf dans une soupe, on sent trop que le thème est plaqué à la nouvelle. Dommage.
4/6
J'en suis qu'à la moitié, mais puisque c'est avant tout du style (j'ai pas dû comprendre la moitié de l'histoire, de où que ça se passe, de qui ils parlent, c'est qui qui parle là, mais merde lui je l'ai déjà vu mais pourquoi déjà)... C'est incroyablement dense et léger, intello mais drôle et pas prétentieux, donc ça se lit très bien. Mais je sens que Joyce se force à mélanger tous les genres et tous les styles, à tous les utiliser pour que fond et forme se complètement le mieux possible, ça fait un peu trop laboratoire de tout ce qu'on peut faire en littérature... Ca donne un ensemble excitant mais parfois un peu lourd. Pour l'instant.