Forum de FilmDeCulte

J'avais lu le scénario et je n'avais pas été conquis. Friand de politique-fiction, j'étais néanmoins curieux de voir le résultat final, en dépit de bandes-annonces peu ragoûtantes. Prêt pour le pire, j'ai quand même réussi à être déçu.

Le positif, on va l'évacuer tout de suite: Dujardin. Par son sens de l'imitation, son timing comique et son charisme, il fournit les meilleurs moments du film et on a toujours envie de le regarder. Parfois, une de ses vannes ou intonations fait mouche mais c'est bien chiche (bon, au MK2 Bastille côté Beaumarchais ça rigolait beaucoup je dois avouer...). Niveau imitation il est marrant, mais on aurait aimé au moins qu'ils lui fassent les vaguelettes dans les cheveux du vrai Sarko. Là ils se sont pas foulés.

Mais celui qui s'est pas du tout foulé, c'est Gadebois. A aucun moment on ne croit à Hollande, ni dans l'imitation, ni dans la vie intérieure, ni dans l'écriture. C'est catastrophique.

En résulte un film qui est creux sur le plan politique, et qui ne fouille même pas l'intimité de ses persos tant ils sont caricaturés voir même déformés pour Hollande.

Le pitch était pourtant excitant sur le papier. Mais il est exploité de la plus ennuyeuse des manières. On aurait pu s'attendre à un regard vif et satirique qui exploiterait pleinement le potentiel du "What if… ?" La vie politique ces dernières années nous a habitue à des surprises et ça aurait pu être mordant d'utiliser le pouvoir du cinéma pour échafauder un nouveau scénario politique improbable. Au lieu de ça, le scénario opte pour un récit villageois pépère et intimiste, presque entièrement sis à Saint-Bonnet en Corrèze, entre la maison de François, la mairie et l’auberge. On nous parle de campagne présidentielle, de sondages, de financements, mais tout se passe dans trois décors. Après, c'est bien évidemment a feature, not a bug, mais ça fait tellement petit bras.

Plus encore que l’absence d’ampleur visuelle du film, c’est sa totale absence de vision d’ensemble qui fait mal. Les questions politiques sont survolées et on préfère rester sur l’intimité (fictive et caricaturale) des deux ex-présidents. C’est dommage car la question centrale est forte : peut-on faire mieux que Macron alors que, en alliant Sarkozy à Hollande, on refait justement ce qu’a fait Macron (le "en même temps") ? Idem avec la question de l’union nationale, le "front républicain" ultime, qui est centrale au projet mais n’est pas vraiment traitée. Tout est au contraire joué en mode mineur, en mode ratatiné, mesquin, sans souffle. Je comprends bien sûr le parti-pris de montrer les "petites vies" de ces gens somme toute normaux, mais c’est trop voir les choses par le petit bout de la lorgnette, et c’est frustrant au vu des possibilités politiques et humaines du syno.

Ensuite, et c'est le pire, le film est dénué du moindre drive narratif. Il y a pourtant un objectif: monter en un temps record une campagne présidentielle d’un genre nouveau. Mais là encore le film choisit de temporiser. Nicolas va gentiment à Saint-Bonnet, il prend son temps, fait du tennis, du vélo, on boit un verre, on discute… Il y a tout un segment où, si les personnages n’étaient pas des ex-présidents, le récit n’aurait absolument aucun intérêt. C’est terrible. Une fois arrivé au mitan du film, lorsque Hollande accepte la proposition de Sarkozy, on pense alors que le film va décoller, qu’on va quitter la Corrèze et rentrer dans un vrai récit électoral palpitant. Que nenni ! On reste à Saint-Bonnet, et on continue à manger, boire, et discuter.

Enfin, la satire du film est quand même sacrément facile et ringarde. Nicolas Sarkozy promène son chien et ramasse ses crottes, François Hollande joue du saxophone, pfiou… Ça va pas chercher très loin. Et puis si certains gags sont plus visuels et créatifs (comme lorsque Sarkozy est littéralement inaudible au débat de l’entre-deux tours), le plus souvent le film hésite entre plusieurs registres, faisant se conjuguer un peu de voix-off, un peu de regards caméras à la Frank Underwood (qui était d'ailleurs cité texto dans le scénario…).

Bref. Zéro pertinence politique, creux, ennuyeux, un ratage sur toute la ligne.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Marrant c'est Gadebois qui se démerdait bien dans le dernier Anne Fontaine. D'ailleurs, tu as vu Police? Là c'est du même niveau catastrophique ou un peu mieux?

Pas vu tiens, faudrait que je le rattrape. #maso

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Je suis pas du tout allergique à Fontaine mais c'est le pire que j'ai vu d'elle. La première partie est moyenne mais tient la route. Après ça laisse place à un message tout à fait louable sur le sauvetage d'un expulsé politique, mais délivré de manière simplette et c'est un festival de bêtises, de bons sentiments et d'incohérences. Surtout que ça devient un huis-clos chiant dans une voiture de police.

Présidents je me tâtais. Le fait qu'il y ait zéro pertinence politique je m'en balec, si au moins tu as une caricature rigolote à la Sempé, ça me suffit. Mais ton texte fait effectivement craindre le pire dans la droite lignée de Police.

Fais-moi fissa le texte pour FDC.

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Anne Fontaine.

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There is no such thing in life as normal

Bizarre, cette haine qu'il y a contre elle (et que je découvre).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Elle a fait quelques films sympathiques (Nettoyage à sec, Perfect mothers), après quand elle se loupe c’est pas à moitié.

J'ai entendu une blague à la radio où il n'arrive pas à prononcer Europe Écologie Les Verts. C'était vraiment pitoyable.

Vraiment une réalisatrice insaisissable qui a aussi bien œuvré dans le thriller psycho (Entre ses mains), la grosse comédie vulgos (Mon pire cauchemar)... Mais j'ai rien vu d'elle qui m'ait franchement plu.

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CroqAnimement votre

J'avais bien aimé Augustin, roi du kung-fu

Ce gag de la bande-annonce est tellement lamentable, tellement interdit depuis 40 ans...

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Moi non plus, même si j'ai bien aimé certains de ses films, ou que j'ai pu sourire à Mon pire cauchemar. Mais je suis surpris par la haine de certains, comme si elle n'était responsable que de gros navets. Si ce n'était la prétention de certains de ses films, il n'y a pas grand chose de haïssable.

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Ah je n'avais pas vu la BA. Ce gag est incompréhensible. Il y a un truc à saisir sur le déni de l'écologie par Sarkozy ?

La ba laisse penser à une fantaisie futile à la Habemus Papam.
L'intérêt pour la fiction politique de QGJ m'a remis en mémoire la mini-série de Michel Muller qui était excellente, le film était moins bon.