Forum de FilmDeCulte

aka まあだだよ



Les élèves d'un vieux professeur organisent chaque année un repas en son honneur. Il lui demandent alors : « Mādakai » (« Êtes-vous prêt à nous quitter ? »), et le professeur répond : « Mādadayo ! » (« Pas encore ! »).

Une fois de plus après Rhapsodie en août, le cinéaste explore la question de l'héritage, non plus familial cette fois mais peut-être plus autobiographique encore, avec cette figure d'un professeur que ses élèves devenus adultes continuent de célébrer et surtout d'aider, éternellement reconnaissants de ce qu'il a pu leur apporter. Au-delà de cette thématique, c'est aussi un étonnant aperçu d'une société où tous les membres d'une promo sont restés suffisamment proches et redevables pour honorer un homme continuellement année après année, allant jusqu'à payer pour lui donner le logement de ses rêves (après qu'un raid aérien a détruit sa maison) ou à se démener pour retrouver son chat perdu. Je ne sais pas si c'est une réalité japonaise ou si c'est uniquement un fantasme de Kurosawa, le vœu pieux d'un vieillard composant une ode à l'entraide, de l'acte le plus insignifiant au plus gros.

Dans un premier temps, les vignettes sont tour à tour amusantes et touchantes, qu'il s'agisse d'une fausse entrée par effraction ou d'un passage de saisons dans une bicoque, d'autant plus que le portrait du retraité ému et modeste a quelque chose de mignon, mais assez vite les segments s'étirent et les enjeux s'amoindrissent (le chat, bon, I get the point, mais ça prend vraiment beaucoup de place) même si je trouve la mise en scène de Kurosawa toujours habile dans ses compositions à multiples personnages, épousant ici une approche parfois théâtrale dans ses plans de face au décor, presque toujours sans contre-champ.

Je crois que, de manière générale, j'accroche peu aux films de l'auteur qui ne s'inscrivent pas dans un genre mais davantage dans le réel (c'est assez proche de Vivre qui ne me parle pas des masses).

And we're done!

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Je suis pas spécialiste du Japon mais tu as le même genre de rapport étudiant/prof dans Nos années douces d'Hiromi Kawakami (un roman).
Et plus récemment au cinéma le segment central des Contes du Hasard d'Hamaguchi montre les intenses prestige et capital symboliques du prof universitaire sur l'étudiant. Même si les deux oeuvres montrent plutôt l'envers du décor (solitude vis-à-vis de ce qui n'est que de la déférence et de l'étiquette pour le roman, prise offerte pour l'abus de pouvoir voire l'abus sexuel ou en tout cas les jeux de séduction risqués, en sens inverse de la situation attendue, pour Hamaguchi).

Et chez Kurosawa , beaucoup plus tôt on retrouve cela dans Je ne regrette rien de ma Jeunesse où le prestige et cérémoniel envers le vieux prof atténuent (un petit peu) l'impact de la répression fasciste et du militarisme d'état, bref installent un fragile contre-pouvoir, je ne sais pas dans quelle mesure c'est fidèle à la réalité historique mais c'est intéressant.
Après chez nous les rapports entre Directeur de thése et étudiants sont parfois compliqués et féodaux également, ne fût-ce qu'en ce qui concerne la gestion des budgets quand le financement des thèses est par projets plutôt que par bourse (et le rituel de fidélité à la japonaise peut être en fait une transaction pour permettre de s'en émanciper).