Forum de FilmDeCulte

La rencontre entre John, un jeune homme coincé et June, une femme dynamique et intrépide.

Film tourné à l'iPhone par Besson aux States peu après le confinement si j'ai bien compris. Souvent on se demande ce que feraient les grands cinéastes avec peu de moyens (cf. le fameux clip à l'iPhone réalisé par Spielberg et totalement dénué d'intérêt). Bon ici certes c'est à l'iPhone mais y a quand même des moyens donc la démonstration ne fonctionne pas.

A vrai dire c'est surtout intéressant en tant que témoignage du Besson pur et dur, le Besson qu'on n'imagine pas contraint par des objectifs chiffrés du box-office à tenir, bref l'expression la plus pure de qui il est créativement. Et à sa décharge, il fait pour le fun exactement ce qu'il fait dans ses "vrais" films. Donc le mec ne ment pas. Mais ce qu'il fait est d'une telle naïveté que ça en est confondant.

Au début on a sincèrement l'impression d'être devant un film réalisé par un lycéen: description speed de l'aliénation du monde moderne, entre gros plan sur le réveil, antidépresseurs dans l'armoire à pharmacie, montage cut d'une vie morne et ritualisée, affiche Los Angeles dans l'appart du héros ALORS QU'IL HABITE A LOS ANGELES, plan du Hollywood sign suivi juste après d'un plan sur des SDFs (L.A. terre de contrastes), plan sur des flics blancs qui poursuivent un jeune homme noir... Tout ceci est suivi de la description la plus cookie cutter et trope-land de la vie de bureau.

... jusqu'à l'arrivée dans la vie de John de June, manic pixie dream girl au énième degré, cliché usé jusqu'à la corde que Besson va juste s'approprier sans vergogne ni même se poser de questions. En fait c'est une sorte de ANGEL-A bis, mâtiné de la fantaisie de Leelou, avec une pluie d'aphorismes précuits sur la vie.

Alors nous spectateur on se dit très vite qu'on a grillé le truc:
Au final je ne retiens qu'un ou deux plans amusants, pour le reste c'est le néant absolu, un des pires films que j'ai vu depuis longtemps.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'ai tenu 30 minutes.

On connait le budget ?

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I think we're gonna need a helmet.

c'était... très spécial.

qui-gon a dit beaucoup de choses.
ça commence avec cette vibe de film amateur d'option ciné en terminale. c'est un peu génant, un peu mignon, un peu mauvais, totalement incongru.
il y a la jolie mini-scène de rencontre. une vraie petite ide mignonne, un vrai joli petit moment.
puis ça vire à l'auto-plagiat d'angel-a, avec des scènes qui sont vraiment des recyclages des scènes coupées (ou rescapées de la v1 d'angel-a........).
et bien sûr cette vibe de thelma & louise de la fin, parce que toutes les inspirations / plagiats de luc c'est systématiquement les films faits entre 1985 et 1993, assez curieux.
puis il y a les tropes de luc. sa passion épuisante et navrante pour les mannequins, vraiment ces petites meufs de 22 ans toutes vides et formatées, horrible. cette naïveté désarmante. cette vision des femmes comme créatures vides et pétillantes qui ont tout compris à ne pas se poser de quesrions et vont sauver les hommes qui s'en posent trop. cette passion pour les situations où on menace avec un flingue. l'intervention regulière des policiers (avec le truc du "show me your id" qui me semble une traduction du contrôle d'identité à la française sauf que ça n'existe pas vraiment comme ça aux usa je crois ? et d'une manière générale on retrouve de dogman cette volonté de situer son film aux usa sauf que c'est vraiment un usa hyper cliché de quelqu'un qui n'y habite manifestement pas. et l'assaut final du swat, obv, ce n'est pas un scénario de luc besson sans assaut final du swat. il y a aussi plein de petits plans recyclés de sa filmo, c'est mignon.
il y a aussi ce truc très bizarre parce que pas maitrisé du tout de l'impossibilité complète d'etre en empathie avec cette fille ? qui semble surtout en décompensation psychique lourde et en phase maniaque ? donc dur de voir un coup de foudre existentiel du mec avec cette fille qui a principalement l'air de ne pas avoir pris ses médocs ? puis les couples criminels c'est sympa mais c'est dur parce que dans les faits, avec ses excentricités, la meuf traumatise environ 40 personnes dans le film, un peu dur de trouver ça cool ou de compatir avec elle. si on ajoute le fait qu'effectivement sa soudaine passion pour ce mec est rigoureusement incompréhensible et absurde, le délire ne fonctionne vraiment pas. l'équilibre d'angel-a était beaucoup mieux trouvé.

après...

c'était mignon dès ce logo d'ouveture europa corp, autrefois énorme machin et désormais coquille vide mais qui continue quand même - avec son staff de 4 personnes au générique de fin. et puis ce n'est pas tant l'aspect de cinéaste sans moyen dont parle qgj qui m'a frappé mais cette énergie générale, ce projet minuscule mais même l'énergie visible à l'écran. il a 62 ans, un patrimoine personnel de 150 millions d'euros, il fait des films depuis 40 ans avec un budget moyen de 35 millions d'euros, et c'est quand même magique et génial et rare de quand même faire ce film avec une poignée de millions auto-financés, des acteurs inconnus, une équipe minuscule, des téléphones, et de l'envie et de la joie perceptibles.
alors le film en question est globalement.... pas très réussi, on va dire ça comme ça parce qu'il n'y a pas de finalité à être désagréable envers qui que ce soit.
mais alors qu'il s'est très manifestement perdu créativement pendant sa (grande et impressionnante) aventure entrepreneuriale, de voir ça aujourd'hui tu te dis que de nouveau il est là pour les movies, not the bling.
du coup tout du long entre deux "wtf" et "oh là là..." je me disais "c'est adorable quand même".

c'est marrant ce que tu dis, car j'ai aussi pensé ça devant Dogman. Il a réussi son coup, l'ami Luc.