Forum de FilmDeCulte

Je complète la lecture entamée il y a des années de La Cinéphilie d'Antoine de Baecque (c'est passionnant) et j'avais oublié qu'en fait la "politique des auteurs" des cahiers, les hithcocko-hawksiens des années 50, passaient pour la frange bien à droite à l'époque, s'élevant contre les films "à sujet" et sociaux défendus par des Georges Sadoul. Cette idée que la forme, et singulièrement la mise en scène, est le juge-arbitre de tout un film, ça ne me paraît pas en soi de droite (tout dépend de la forme), mais en l'occurrence ça a été un prétexte à l'époque pour se désengager du monde (temporairement, avant l'entrée en politique dans les années 60). Marrant qu'aujourd'hui on ait plutôt retenu de cette politique des auteurs une idée progressiste de défense du grand cinéma.

Je crois que c'est assez compliqué car d'une part les MacMahonien pouvaient valoriser le cinéma soviétique pour son formalisme, aussi un peu pour le plaisir prendre Sadoul en sandwich.

D'autre part le PCF était particulièrement rigide et peu attractif même à gauche, le privilège de la forme sur les intentions trop visibles est aussi défendu par Aragon (grosse crise au moment de la réception de son roman les Communistes par le parti), et fait problème pour des intellectuels de gauche comme Sartre mais aussi George Perec (lecteur de Lukács) , tous repèrent bien les limite des oeuvres démonstratives et édifiantes (étrangement moins Barthes à cette époque brechtien et d'ailleurs critique sur les films de Chabrol en en mettant en avant les implications politiques).

Et voilà messieurs dames pourquoi on ne se contente pas de mettre les images, impossible de savoir à quoi Azuma faisait référence plusieurs années après, or en relisant le topic, ça m'intrigue... Quelqu'un a une idée de l'identité de ce bouquin?

Impossible là, je vois pas comment on peut trouver. Un bouquin genre 100 films à voir avant de mourir ?

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CroqAnimement votre

Moi j'ai envie de lire GOLDEN EIGHTIES, le livre écrit par FingersCrossed:

GOLDEN EIGHTIES
La guerre entre Louis de Funès et Marguerite Duras n'aura pas lieu
Panorama de la production des films français (1980-1989)

Un livre de FingersCrossed
Préface de Nathalie Coste Cerdan
14,6 cm x 20,46 cm | 760 pages

Producteur de films, Nicolas Brevière s’est plongé dans la décennie 1980, période foisonnante, passionnante, emblématique de l’évolution de l’industrie et du patrimoine artistique du cinéma français. Une période riche en bouleversements, dont les effets se font encore sentir de nos jours.

Si produire un film, c’est aussi l’aventure d’un homme ou d’une femme qui décide de matérialiser les rêves d’un autre dans un contexte économique et juridique étonnamment fluctuant et incertain, tout en s’inscrivant dans un univers culturel, une « mouvance » faite de convergences et de contradictions, comment produisait-on alors le cinéma français ? Quels risques prenait-on ? Pourquoi cela marchait (ou ne marchait pas) ? Qui et comment a-t-on produit des œuvres aussi indispensables que Mon oncle d’Amérique d’Alain Resnais (1980), L’Homme blessé de Patrice Chéreau (1983), Les Nuits de la pleine lune (1984) d’Éric Rohmer ou Sans toit ni loi d’Agnès Varda (1985) ?

49€ par contre...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ah tiens je connais Nicolas Brevière, je savais pas qu'il avait écrit un livre. Ça a l'air bien en effet.

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CroqAnimement votre

Je me demande si c'est pas le Lourcelles.

Bon si vous avez des idées de beau livre de cinéma pour Noël...

Michael Bay, la fin de l'innocence.

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Dans les sorties, il paraît que le livre de Claude Lelouch est extraordinaire. 69€, par contre...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Ouais mais Claude Lelouch, ça m'intéresse moyen.

Bay c'est mieux en effet.

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Pour offrir ou pour recevoir ?

Le livre sur Kiarostami de Frodon.

Et pour lire vous recommandez quoi ?

Le livre est sorti dans la langue de Molière avec une couverture affreuse.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

L’amie américaine dont il est question ici, c’est Helen Scott.

Sans la connaître vraiment, tous les cinéphiles savent au moins à quoi elle ressemble puisqu’on la voit sur l’une des photos publiées dans le Hitchcock/Truffaut : la femme forte assise entre les deux réalisateurs, assurant la traduction entre l’un et l’autre.

Sa voix nous est également familière depuis la diffusion des entretiens des deux cinéastes sur France Culture.

L’image, le son, manquait plus que le récit de sa vie, ce que le livre de Toubiana entreprend de retracer.

Déjà, les origines du personnage ne sont pas à chercher dans son nom aux consonnances si british : Scott. Car il ne s’agit pas du sien mais de celui de son mari. Malgré la brièveté du mariage, elle portera ce patronyme toute sa vie sans doute pour masquer la consonnance étrangère de son propre nom : Reswick. HS est en effet la fille d’un émigré russe, aventurier touche à tout, témoin de la révolution bolchévique, qui a fait vivre sa famille aux Etats-Unis ainsi qu’en France (d’où la parfaite maîtrise de notre langue par Helen et son goût pour la culture française).

Cette histoire paternelle n’est sans doute pas pour rien dans son attachement à la cause communiste, le livre lui prêtant même le statut probable d’espionne au service de l’Union soviétique, avant qu’elle ne soit blacklistée, au moment du maccarthysme. C’est dommage que le livre soit finalement peu riche sur cet épisode très romanesque de sa vie mais les témoignages manquent (son dossier au FBI aurait été détruit selon Toubiana). Coïncidence : en même temps que je lisais le livre, j’ai vu le film (pas terrible) de Warren Beatty « Reds » sur la vie de ce journaliste américain John Reed qui a participé aux événement de 1917 et à l’émergence du parti communiste américain. Le film est entrecoupé d’interviews de contemporains de Reed : Scott se vantait de les connaître tous.

La seconde vie d’Helen commence avec la rencontre de Truffaut en 1960 venu aux USA pour promouvoir son premier film. C’est le début d’une relation qui ressemble un peu à un film du cinéaste, en moins tragique, qu’on pourrait appeler l’histoire d’Helen S. Un coup de foudre unilatéral, Scott réussissant quand même à gagner au fil du temps l’amitié indéfectible de son french director chéri, à défaut de son amour.

Contrairement à la première, cette période est largement documentée, du fait notamment de l’énorme correspondance entre Helen et François. C’est une plongée au cœur d’une période mythique du cinéma où l’on croise Godard, Resnais, Rossellini, JP. Rassam, C. Berri, Polanski etc.

HS nage dans ce milieu cosmopolite comme un poisson dans l’eau, gagnant l’affection et la confiance des uns et des autres autant par son professionnalisme que par son esprit : elle avait beaucoup d’humour surtout envers elle-même.

On sent qu’elle en a quand même un peu bavé, souffrant de sa situation professionnelle toujours précaire (elle rêvait semble t-il d’être l’assistante attitrée de Truffaut, ce qui n’est jamais advenu), comme de ses déboires sentimentaux - plutôt l’absence de ses déboires : son poids la complexait beaucoup.

Je mentirais si je disais que le bouquin nous révèle beaucoup d’anecdotes cinématographiques inédites, pas mal de choses ont déjà été évoquées ailleurs. Il a au moins le mérite de nous faire connaitre davantage une figure attachante du cinéma des années 60/70, sorte de go-between entre les artistes, ce que la photo du Hichbook évoquée plus haut traduisait parfaitement bien.

PS : le livre aurait mérité une meilleure relecture avant publication, on aurait évité ça par exemple : « cette dernière fut la première femme à être élue dans l’Ohio, à la fois républicaine et isolationniste en 1940, avant de changer de position à la suite de l’attaque américaine de Pearl Harbour du 7 octobre 1941 ».