Forum de FilmDeCulte

Liane, 19 ans, téméraire et incandescente, vit avec sa mère et sa petite sœur sous le soleil poussiéreux de Fréjus. Obsédée par la beauté et le besoin de devenir quelqu’un, elle voit en la télé-réalité la possibilité d’être aimée.

Après les films séance de minuit en compète (THE SUBSTANCE), voici les films Semaine de la Critique en compète. D'ailleurs marrant le parallèle avec le Coralie Fargeat car ici aussi une femme se fait du mal pour rentrer dans ce qu'elle pense être des canons de beauté.

Je vois que ce premier film semble être l'adaptation d'un court-métrage de la même réalisatrice et sincèrement je ne suis pas étonné. Il y a un enjeu (Liane va-t-elle être prise dans l'émission de téléréalité) mais il n'y a littéralement aucun obstacle. Je veux pas faire mon vieux Blake Snyder mais le perso a tellement RIEN A FAIRE que ça génère une chronique parfois quelque peu ennuyeuse. Globalement elle attend que le téléphone sonne et s'autodétruit pendant ce temps.

Stylistiquement c'est du pur académisme premier film du moment, avec le fameux 4/3 (et l'obligatoire titre à la fin). Mais c'est bien car c'est bien joué. Franchement beau travail de captation/direction, les nanas sont épatantes.

Mais quel monde horrible quand même. On est vraiment dans la raclure de raclure du fond du fond, c'est vraiment le monde qui me crispe le plus au monde, entre la vulgarité à tous crins, les enfants sur les écrans, les téléphones portables partout tout le temps, le deux-roues sans casque, la musique fort dans les lieux publics, du cauchemar pur. Et forcément voir Agathe Riedinger, dont dès le nom tu sais qu'elle a fait Sciences-Po (bon je me suis trompé, c'était les Arts-déco), regarder tout ce petit monde en entomologiste, ça met un peu mal à l'aise au début.

Mais comme je disais c'est bien joué et Riedinger réussit son pari de nous rendre Liane de plus en plus sympathique, on réussit à voir le monde à travers sa petite vision vrillée et déformée. Et deux choses m'ont étonné:
Sinon d'un point de vue sociologique j'aimerais que Jérôme Fourquet vienne sur le Forum m'expliquer un peu ces nombreux appels à Dieu dans le film, que ce soit dans la bouche des persos ou des commentaires sur Insta. On savait que chez les jeunes de culture musulmane ça y allait à bloc (les "wallah" et autres "sur le Coran") mais ici on a Dieu moult fois convoqué. C'est traité dans le film à un moment (Liane en parle) mais j'ai quand même l'impression, dites-moi si je me trompe, que ça va au-delà de juste ce personnage-là, que ça se retrouve dans d'autres commentaires de jeunes filles, une sorte d'aspiration inattendue au "là-haut".

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Deux choses

La première en spoiler



La seconde est plus dans le casting. La jeune fille qui joue l'héroine ne lui ressemble absolument pas. Pour moi c'est le truc le plus étonnant/réussi du film.

A vrai dire t'as sans doute raison.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

comme disait dewey dans l'épisode de malcolm que j'ai regardé ce matin au petit déjeuner : "j'ai essayé de faire preuve d'une grande compréhension, mais il y a des limites.".

70% des films sont en 2.35, 25% en 1.85, 5% en 4/3.
pourquoi cet acharnement ?
il y a 4 millions de premiers films par en 4/3, de films arts et essai pas en 4/3.
et une bonne moitié des films en 4/3 sont esthétiquement supérieurs aux autres, ça fait juste de trop beaux cadres, point.
le 2.35 a considérablement plus gagné de parts de marché depuis 10 ans que le 4/3. cet acharnement 4/3ophobe est absolument insensé. on avait le choix entre 2 formats, on a désormais le choix entre 3, tant mieux ?!?!?!

Certes, mais tu sais aussi que le 4/3 permet de maîtriser / composer son cadre plus facilement, et de rendre plus graphique / symétrique / démonstratif aux yeux du spectateur le résultat formel. D'où la pose que certains dénoncent. Y a un côté arty quoiqu'il advienne de tes intentions, parce que c'est le format le plus rare justement.

Perso j'ai fait un court en 4/3, deux autres en 2.35, puis un long en 1.85 et le dernier en 2.35. Je te rejoins sur le plaisir de varier les formats en fonction du sujet (et du budget, parce qu'il faut pouvoir maîtriser son cadre et donc tes arrière-plans).

_________________
I think we're gonna need a helmet.

Je ne sais pas s'il existe des stats sur l'éventuelle résurgence de ce format mais j'ai l'impression de le voir bien plus souvent qu'avant. Et qu'il réapparaisse "pile au même moment" où les écrans 4/3 ont totalement disparu ne peut m'empêcher de soupçonner un degré de pose.

Nonobstant les qualités picturales intrinsèques au format, le fait de composer un cadre avec des bandes noires bien voyantes quel que soit l'écran ne me semble pas innocent, ça veut se faire remarquer. J'ai l'intuition que si les écrans 4/3 existaient encore, le format n'aurait pas le même attrait pour les jeunes cinéastes souvent arty qui l'emploient.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

écoute si ça se sont les points négatifs je crois que nous devons tous être collectivement très courageux et nous en accommoder...



oui c'est évident qu'il y a une résurgence, qui a d'abord été à la marge et arrive peu à peu dans des trucs plus mainstreams.
pour le reste, ça a disparu pour des raisons techniques et industrielles sans aucune dimension artistique, et ça réapparait pour des raisons artistiques sans logique technique ni industrielle. donc tant qu'à faire je préfère les raisons de son retour à celles de sa disparition.

Bon argument.

_________________

Alors à défaut de Jérôme Fourquet j'ai demandé à une 26 ans qui bosse dans la com' et donc scrute les réactions à ses publications et m'a confirmé que les appels à Dieu étaient légion.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ca m'a même pas traversé l'esprit.

Bon premier film dominé par une actrice principale impressionnante. Sans jugement la réalisatrice pose un regard plein d'empathie sur une jeunesse assoifée de célébrité et d'argent pour combler un évident vide émotionnel. La première partie est vraiment bien mais la seconde s'égare un peu, se fait plus flottante (l'hsitoire d'amour n'était peut-être pas nécessaire même si j'aime beaucoup Idir Azougli). Très belle idée finale à laquelle je ne m'attendais pas qui vient teinter de tristesse et d'angoisse du vide l'accès à son plus profond désir. A mettre en parallèle avec Une vraie jeune fille de Rebecca Zlotowski (qui me semblait un peu plus réussi).

_________________
CroqAnimement votre