Forum de FilmDeCulte

Quel sujet connais-tu très bien, l’application des OQTF ou le quotidien des clandestins qui travaillent pour Uber Eats ?


Moi c’est quand tu dis que Pio Marmaï est « répugnant » après avoir dit que Pierre Niney est « hideux ». Enfin c’est malhonnête, mais c’est cohérent.

et alors que j'aurais pu légitimement m'attendre à être congratulé pour la cohérence en question, je sens poindre un reproche dans cette remarque.

(blague à part c'est comme nicolas duvauchelle, les excès d'alcool et de drogue qui se voient sur les corps et les visages ça me fait un truc terrible, c'est phobique chez moi, ça participe à pourquoi je n'en prends pas, c'est comme ça )

Note que je ne t’encourage pas à prendre de la drogue

et je t'en suis tout à fait reconnaissant <3

(je suis sûr que pierre niney a une hygiène de vie absolument irréprochable, par ailleurs !)

À quoi bon du coup ?

bah dans un kill fuck marry je kill pio et je marry pierre, ça n'est quand même pas rien.

C’est effectivement un bon parti.

lol, je connaissais pas ce jeu.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

C’est plutôt dans l’ordre fuck/marry/kill, celui de Fingers est nécro.

(c'était une ref pointue à cette chanson écrite par sia : https://www.youtube.com/watch?v=jVpXh4uq04k)

Tu m’as eu.

J'avais commencé à prendre des notes pour mon avis avant de lire vos messages et j'ai trouvé trop de trucs que j'avais formulé exactement de la même façon, donc je vais devoir faire chauffer le dico des synonymes.

Le sujet est vraiment la caricature la plus absolue que les pires franges de Twitter pourraient imaginer en mode "Ouin ouin le cinéma français ça ne parle que des migrants". C'est en effet chimiquement pur puisqu'il n'y a même pas le boomer joué par Thierry Lhermitte si cher à Fingers. Et formellement, c'est à fond dans l'académisme du moment: la captation vive dans le sacro-saint 4/3.

Et pourtant c'est très bien fait. Hyper prenant, immédiat, pas showy. C'est PREMIUM RUSH si PREMIUM RUSH était en 4/3 et se passait dans le Xeme. Même l'inévitable "accident auquel on ne s'attend pas" (mais auquel on s'attend quand même) arrive sans qu'on s'y attende.

Et on apprend plein de trucs sur les coulisses de ces services infâmes que personne de gauche ou de normalement constitué ne devrait jamais employer, c'est juste pour les branleurs qui ont la flemme de descendre en bas de chez eux. C'est immédiat, bien renseigné... J'ignorais ce dispositif du selfie obligatoire. On est avec Souleymane et en même temps on est aussi un peu la petite graphiste qui refuse son repas qui arrive froid et dans un emballage déchiqueté parce que de qui se moque-t-on ? C'est plein de scènes bien observées, justes, avec un super casting (le vieux...), profusion de moments "Dourountzis" et c'est cool.

Concernant Souleymane en lui-même, j'adore le titre à double sens: l'histoire qu'on suit et celle qu'il raconte. Pour ce qui est de la superbe scène finale, on se croirait dans GREEN CARD, j'étais à fond. Bon, j'ai pensé exactement pareil que Fingers haha: on n'a pas vraiment peur pour lui car même si par malheur il écope d'une OQTF on sait qu'elle ne sera jamais appliquée
En tous cas on sait qu'il a menti et pourtant on est avec lui, et en même temps on se met un peu à la place de Nina Meurisse qui voit des mecs comme ça passer tout le temps et dont c'est le job de pas laisser passer tout et n'importe quoi. C'est finement mené.

Et pour ma part j'ai l'impression que cette fin dédouane un peu Souleymane: oui il a menti, mais oui il a vraiment souffert. Donc au final tout va bien, il méritait bien d'être notre héros. Un poil trop gentillet. Mais c'est une belle scène.

En tous cas en sortant du Max Linder d'une part tu te retrouves immédiatement sur les décors du film et c'est génial, mais surtout tu vois immédiatement des livreurs et, sans faire le mec gnan-gnan ou qui sort de l’œuf, tu ne peux que les regarder autrement et te demander "Et lui, c'est quoi son histoire ?"

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Drôle de façon de commencer que de se mettre dans la tête de ces fachos



Ah tiens ta façon de le dire me fait un peu mieux comprendre le point de vue de ceux qui trouvent la scène tendancieuse. C'est vrai que j'aurais préféré qu'il n'ait pas spécialement une histoire extraordinaire, que derrière le mensonge il y ait juste le vécu d'un homme en fond de cale d'une Afrique déshéritée par l'organisation de l'économie mondiale, ça aurait largement suffi et la portée aurait été plus universelle. De là à ce qu'ils flinguent tout le film...



Oui, bien vu.

Le récit ménage une espèce de suspense lié à la quête du protagoniste, mais l'essentiel est dans la description minutieuse du quotidien de cet homme. La caméra lui colle aux basques (rappelant le style des Dardenne de la grande époque) et c'est franchement scotchant, et totalement haletant de bout en bout - superbe travail sur le son, la lumière de nuit, le montage... De plus, le scénario a l'intelligence de ne pas être une accumulation accablante de malheurs et d'obstacles. Il y a aussi des moments - très beaux - de respiration, d'accalmie avant la prochaine tempête. Et le film culmine dans cette mémorable scène de fin, là où le titre prend son double sens, là où le film touche à l'universel. Un des grands films de cette année, et un film tout à fait essentiel sur le sujet. Très fort.

5/6

Et je ne serais pas étonné qu'il rafle le César du Meilleur film au nez et à la barbe des mastodontes Emila Perez et Monte-Cristo/

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Neutre car trop théorique, à la Dardenne des années 90. Le personnage et le réalisateur partagent le même problème : crédibiliser un récit, à la fois fictif et légitime, pour un spectateur. La compassion n'est pas absente, mais traitée plutôt comme une fonction à déclencher, elle est avant tout un rapport au réel, la désignation d'une personne dans l'espace de la ville, qu'elle déborde ; plutôt qu'une exigence morale nécessaire au partage, à la réciprocité et à la vie commune. Singulièrement le contenu du mensonge de Souleymane réside dans une suite de lieux, d'espaces à décrire - l'exil et l'aliénation sont des récits "saturés" de dates piégés par leur propre force, leur autonomie - et la fonctionnaire de l'office des étrangers laisse au contraire entendre que la vérité relève d'un besoin et d'un manque - d'une sensibilité et donc d'une culture, avec la menace du rejet qui éclate fatalement quand la faiblesse de l'autre devient visible

Le film oppose aussi le politique (finalement ici la fiction de la fiction, le contenu du "mensonge" de Souleymane, qui pense que l'adhésion à un parti réel l'aiderait à devenir réfugié plutôt qu'immigré, et qui doit simuler finalement une conviction plutôt qu'une identité) et le social voire le culturel, qui sont des appartenances de fait, spontanées, englobantes, qui n'ont pas besoin d'être prouvées (plus que dans le fait de mentir, l'ambiguïté de Souleymane réside dans le caractère superflu et fastidieux de son récit, il manque de discernement face à l'état alors qu'il maîtrise l'économie de la survie, ce qui peut lui être reproché, il n'a ni idéal ni projet, coincé par le scénario dans un système de légitimités africaines). D'où une perpétuelle oscillation du propos entre une veine édifiante et "progressiste" et un cynisme plus "réactionnaire" et contemporaine (l'insistance sur les vannes qui renvoient à une xénophobie inter-africaine, et individualisent par contraste la solidarité, qui est rare et gratuite comme la grâce, l'étranger cesse d'être une valeur, mais reste un sujet dont la souffrance et la précarité sont reconnues, la compassion et la justice fonctionnent aussi comme une transaction, un pari de plus, comme les combines qui piègent le personnage, toujours endetté alors qu'il est le seul à agir).
En même temps belle scène finale, très écrite et scénarisée mais à la Depardon. Je n'ai pas détesté, mais trouve Petit Frère de Seraille plus ouvert (le fait que les personnages ne soient que partiellement vertueux était un enjeu autonome, distinct du propos politique, ici à la.rigueur l'intégration devient le privilège offert à un impossible juste, et le personnage est presque coupable d'être déçu ou du moins de douter de ses chances)